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Tavares au chevet des activités américaines de Stellantis cette semaine – 21/08/2024 à 13h15

Salon international de l'automobile de New York, Manhattan, New York

Salon international de l’automobile de New York, Manhattan, New York

par Nora Eckert, Giulio Piovaccari et Gilles Guillaume

Le directeur général de Stellantis, Carlos Tavares, sera à Detroit, dans le Michigan, cette semaine pour élaborer une stratégie visant à résoudre les difficultés du constructeur automobile en Amérique du Nord, a déclaré à Reuters une personne au courant des projets.

Selon la source, cette stratégie pourrait être finalisée d’ici la fin de la semaine, même si selon une autre source proche du dossier, l’objectif principal de Carlos Tavares est de réaliser un diagnostic de la situation à travers trois jours « d’immersion » avec les équipes locales.

Alors que le directeur général de Stellantis se rend habituellement en Amérique du Nord toutes les quatre à six semaines, ont indiqué deux sources, la visite prévue cette semaine, pendant ses vacances d’été, vise à envoyer un signal clair.

« Il veut faire comprendre qu’il assume personnellement les responsabilités », a déclaré l’une des sources. « Les opérations nord-américaines financent en grande partie le reste du groupe ».

Un porte-parole de Stellantis a refusé de commenter.

Carlos Tavares n’a pas caché sa déception fin juillet lors de la publication des résultats semestriels du constructeur né de la fusion entre PSA et FCA, imputable notamment à une augmentation des stocks, à des problèmes industriels et à un manque de « sophistication » dans son approche du marché nord-américain.

Cette déception a contribué à faire chuter les actions de Stellantis de près de 50 % par rapport à leurs sommets de mars.

Durant son séjour, Carlos Tavares tiendra des réunions pour poser des questions et répondre aux questions des principaux dirigeants de la région, visiter des concessionnaires et une usine, avant d’élaborer des mesures opérationnelles d’ici la fin de la semaine, a indiqué l’une des sources.

« NOUS ÉTIONS ARROGANTS »

Le bénéfice d’exploitation de Stellantis, l’un des constructeurs automobiles les plus rentables au monde, a chuté de 40% au premier semestre, en grande partie en raison de faibles performances en Amérique du Nord, sa principale source de revenus.

Entre le premier semestre 2019 et la même période cette année, les ventes des deux marques phares du groupe dans la région, Ram et Jeep, ont chuté d’au moins 33%, selon le cabinet d’études Cox Automotive.

Carlos Tavares s’est lui-même rendu responsable de la situation, estimant qu’il n’avait pas réagi assez rapidement lorsque les problèmes ont commencé à s’accumuler.

« Nous avons été arrogants », a-t-il déclaré, un peu plus d’un mois avant la publication des résultats semestriels, lors d’une journée investisseurs dans le Michigan. « Je parle de moi, de personne d’autre », a-t-il ajouté, promettant plus tard d’utiliser une partie de ses vacances d’été pour aborder ces questions.

L’une des plus grosses erreurs de Carlos Tavares en Amérique du Nord a été de monter en gamme sans relâche, au risque d’atteindre des prix que les clients n’étaient plus prêts à payer, et d’abandonner certaines niches à la concurrence, explique Philippe Houchois, analyste automobile chez Jefferies.

« Peut-être que Carlos Tavares a poussé trop loin cette rigidité sur les prix, il y a des trous dans la fourchette (…) et ils ont manqué de pragmatisme pour s’attaquer immédiatement à la dérive des actions et pour rendre les prix un peu tactiques pour éviter cela », a-t-il déclaré à Reuters.

Massimo Baggiani, fondateur de Niche Asset Management à Londres, a déclaré qu’il restait confiant dans la capacité de Carlos Tavares à redresser la barre car, selon lui, il reste « le meilleur leader du secteur ».

« Il est désormais crucial pour lui de maintenir une discipline financière. Il doit montrer qu’il peut redresser les ventes sans comprimer les marges, sans perdre d’argent ni brûler de la trésorerie », a-t-il ajouté.

UN CLIMAT TENSIF

Stellantis avait déjà annoncé début août 2.450 suppressions d’emplois dans son usine américaine de Warren, où s’achève la production du pick-up Ram 1500 Classic.

Carlos Tavares a également signalé des inefficacités spécifiques sur deux autres sites américains, mais n’a pas précisé lesquels.

Pour Philippe Houchois, la stratégie passée de Stellantis en Amérique du Nord lui a coûté 4 à 5 points de part de marché et quelque 900.000 unités en termes de volumes de production, par rapport à la situation d’avant la fusion PSA-FCA, rendant inévitables des ajustements futurs en termes de capacités.

La visite aux Etats-Unis du PDG du groupe franco-italo-américain intervient dans un contexte tendu.

Shawn Fain, président du syndicat United Auto Workers, a menacé d’appeler à la grève si le constructeur ne maintenait pas les investissements promis, dans un climat détérioré par les licenciements cette année de travailleurs temporaires dans certaines usines.

Par ailleurs, des investisseurs ont déposé une plainte la semaine dernière, accusant Stellantis d’avoir dissimulé plusieurs de ses faiblesses récentes, notamment l’augmentation des stocks de véhicules.

Le groupe a déclaré que la plainte était sans objet et qu’il se défendrait vigoureusement. Il a répondu à l’UAW que les engagements qu’il avait négociés avec lui avaient été respectés et qu’une grève ne pouvait légalement avoir lieu.

(Reportage de Nora Eckert à Detroit, Giulio Piovaccari à Milan et Gilles Guillaume à Paris, édité par Jean Terzian et Kate Entringer)

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