Tarifs du gaz : une nouvelle bombe sociale

Le 30 juin prochain sonnera le glas du tarif réglementé du gaz, d’une idée du service public de l’énergie et notamment du gaz inventée au sortir de la guerre par le ministre communiste Marcel Paul, père de la nationalisation du gaz. les industries. et électrique.
Gaz de France détiendrait, pendant plus de cinquante ans, le monopole public de production, de transport et de distribution, dans le but de maîtriser les prix du gaz, de rendre accessible l’énergie et, avec elle, les activités quotidiennes. à un prix raisonnable.
Le tarif, contrairement au prix, n’est pas construit en fonction de l’offre et de la demande ; celui-ci est construit et modulé par les pouvoirs publics, qui peuvent intervenir sur les coûts des différentes strates (approvisionnement, stockage, distribution) qui le composent. Ce faisant, l’État s’extirpe du caractère volatil et imprévisible des marchés financiers, où seuls les spéculateurs de tous bords sont maîtres des billets.
La fin de ce tarif réglementé du gaz pour 2,6 millions de foyers achève donc l’œuvre des libéraux, qui depuis vingt ans n’ont cessé de briser le monopole et de privatiser les entreprises publiques, GDF étant devenu GDF Suez avant de devenir Engie, pour livrer du gaz aux financiers. appétits et de laisser les utilisateurs se faire dévorer par des « acteurs alternatifs ». Ces derniers n’en demandaient pas tant et ont déjà commencé leurs campagnes publicitaires, souvent trompeuses, pour conquérir des clients et leur proposer « leurs offres compétitives » pour continuer à récolter des dividendes.
La fin du tarif réglementé du gaz est d’autant plus grave que cette mesure s’ajoute à la suppression du bouclier tarifaire sur le gaz, décidée par Bercy. Ce modèle nous a pourtant protégés des grands bouleversements contemporains (relance des économies mondiales post-Covid puis guerre en Ukraine). Surtout, le prix du gaz étant déterminant dans la fixation des prix sur le marché européen de l’énergie, les conséquences auraient eu des répercussions bien au-delà des utilisateurs de gaz, particuliers comme professionnels.
Le gouvernement veut nous rassurer, mais son analyse du contexte économique est erronée. Si les prix de l’essence restent stables aujourd’hui, les perspectives d’une nouvelle hausse cet hiver sont très fortes. La reprise de l’activité de l’industrie chinoise concurrencera l’Union européenne pour la livraison de GNL américain ou de gaz qatari.
La première des conséquences, et non des moindres, sera une hausse des prix avec des factures qui s’envoleront comme… le mythe d’une concurrence qui profite à tous. Un prix indicatif sera en effet fixé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE)… à titre consultatif et sans réel pouvoir de le fixer. Sans tarifs réglementés, chaque fournisseur pourra vous proposer son tarif libre et non réglementé.
C’est vraiment une bombe sociale qui s’annonce dans un contexte d’inflation déjà tendue, alors que 15 millions de nos concitoyens sont déjà en situation de précarité énergétique et que de petites entreprises envisagent de fermer.
Nous ne pouvons pas laisser faire cette trahison, d’autant plus qu’elle opère en dégradant tous les outils publics qui ont construit l’indépendance énergétique et rendu notre modèle social attractif et équitable.
La mobilisation des forces sociales et politiques de progrès pour reconstruire un service public fort au service du bien commun et de l’intérêt général, socialement juste et répondant aux enjeux environnementaux, nous oblige à nous battre.
Grb2