Depuis plusieurs années, des dizaines de diplomates américains sont victimes du mystérieux « syndrome de La Havane ».
Une enquête menée par plusieurs médias l’a finalement lié à l’unité de renseignement militaire russe 29155.
On vous explique ce qu’est ce service qui s’est déjà retrouvé au centre de plusieurs autres dossiers.
Suivez la couverture complète
Ex-espion russe empoisonné : une affaire aux saveurs de guerre froide
Une unité qui sème le trouble. Dans une enquête publiée ce lundi 1er avril, le média indépendant L’initiéen collaboration avec 60 minutes Et Le Spiegelrapporte que le mystérieux « Syndrome de La Havane » dont des dizaines de diplomates américains à travers le monde ont été victimes ces dernières années, serait lié à l’unité 29155 du renseignement militaire russe.
Si la Russie rejetait les révélations « sans fondement », ce ne serait pas la première fois que cette unité se retrouverait impliquée dans des affaires de déstabilisation en Europe et dans le monde. Nous allons vous l’expliquer.
Assassinat, sabotage et déstabilisation politique
L’unité 29155 est une unité spéciale, sous la responsabilité du GRU, le service de renseignement militaire russe, et qui est chargée des opérations extérieures. Selon Le mondeil aurait d’abord été conçu comme une unité de formation. « Cette institution a formé, pendant la guerre froide, les cadres de la guérilla communiste en Asie, en Afrique et en Amérique centrale »a rapporté le soir quotidiennement en 2019.
Selon L’initiél’unité a ensuite été réorganisée et agrandie en 2008, devenant « une équipe opérationnelle responsable de campagnes d’assassinats, de sabotages et de déstabilisation politique à travers le monde ». « Leur portée est mondiale pour la conduite d’opérations meurtrières et d’actes de sabotage »déclaré à L’initié un ancien haut responsable de la CIA, l’agence de renseignement américaine.
Elle aurait opéré sous le radar pendant au moins une décennie avant que les autorités occidentales ne découvrent son existence en 2018, à la suite d’enquêtes lancées après plusieurs affaires. Cette unité était jusqu’en 2019 dirigée par le général Andreï Averyanov, aujourd’hui puissant directeur adjoint du GRU et qui aurait joué un rôle dans la mort d’Evgueni Prigojine en août dernier, selon des responsables britanniques et ukrainiens.
Implication dans de nombreuses entreprises
L’implication de cette unité a été mise en lumière pour la première fois en 2018, lors de l’affaire Skripal, du nom de l’ancien espion russe Sergueï Skripal, qui a échappé avec sa fille à une tentative d’empoisonnement au Novitchok, alors qu’il se trouvait au Royaume-Uni. Les trois hommes impliqués dans cette affaire, le colonel Alexander Mishkin, le colonel Anatoliy Chepiga et le major-général Denis Sergeev, seraient tous membres de l’unité 29155.
Rétrospectivement, les hommes appartenant à cette unité sont accusés de deux tentatives d’empoisonnement en Bulgarie en 2015, visant Emilien Gabrev, un marchand d’armes dont l’entreprise vendait des munitions à la Géorgie et à l’Ukraine. De même, en 2021, Prague révèle que l’explosion d’un dépôt de munitions survenue en République tchèque en 2014, présentée d’abord comme un malheureux accident, a en fait été orchestrée par des membres de l’unité 29 155.
Ces agents seraient également à l’origine d’une opération de déstabilisation politique en Moldavie en 2016 et d’une tentative de coup d’État pro-serbe au Monténégro la même année. De même, des espions de l’unité 29155 ont été repérés par les autorités espagnoles lors des manifestations pour l’indépendance catalane de 2017. Plus récemment, « les membres de l’unité ont été déployés en tant qu’équipe avancée de sabotage et d’assassinat en Ukraine les jours précédant l’invasion du pays par la Russie, fin février 2022″souligne encore L’initié.
-
Lire aussi
Le « syndrome de La Havane » n’est pas lié à une puissance étrangère, selon le renseignement américain
Outre ces nombreuses tentatives de déstabilisation, l’enquête estime donc que l’unité 29155 serait à l’origine du « Syndrome de La Havane », qui aurait visé, dès 2016, des diplomates américains et canadiens en poste à Cuba, puis ailleurs dans le monde. Signaler ces « incidents de santé anormaux », selon la terminologie utilisée aux États-Unis, a à chaque fois donné lieu à de vastes spéculations sur son origine sans que le mystère soit encore véritablement résolu. Si des pays comme la Russie étaient déjà suspectés, estimaient les renseignements américains en mars 2023 « très improbable » si une puissance ou une arme étrangère est la cause du problème.