Il y a des élections où les victoires sont plus que des victoires. Où la force du symbole dépasse toute arithmétique. Pour la première fois, en deux cents ans d’histoire républicaine, le peuple mexicain vient d’avoir à sa tête une femme, Claudia Sheinbaum, féministe, de gauche, scientifique résolument engagée dans la lutte climatique.
Une nette défaite, infligée par près de 60 % des voix à une large coalition de droite et d’extrême droite dirigée par Xóchitl Gálvez. C’est d’ailleurs le premier des symboles. Dans un pays, deuxième économie d’Amérique latine, en proie à la violence du trafic de drogue et meurtri quotidiennement, selon l’ONU, par une dizaine de féminicides, deux femmes se disputaient la fonction suprême, dans la dernière ligne droite de l’une des campagnes les plus violentes de l’histoire du Mexique.
Héritière et garante de la ligne politique de son prédécesseur, Claudia Sheinbaum a suivi les traces d’Andrés Manuel López Obrador dont l’élection, en 2018, avait déjà marqué un tournant historique. Développement des infrastructures publiques, lutte contre l’extrême pauvreté, revalorisation des pensions de retraite, augmentation du salaire minimum, nationalisation des grandes entreprises énergétiques… Le mandat d’Amlo a conféré à son parti, Morena, une popularité solide, notamment auprès des classes populaires.
Claudia Sheinbaum a capitalisé sur ce constat. Et plus. En dépassant les attentes en termes de nombre de voix, en renforçant partout les positions de son parti, en offrant à son parti politique et à ses alliés une majorité parlementaire et la victoire dans une vingtaine des 32 Etats, la nouvelle présidente vient de donner une leçon exemplaire. aux progressistes du monde entier.
En Amérique latine comme ailleurs, c’est lorsqu’elle reste fidèle à ses valeurs et intransigeante dans l’application de son programme que la gauche se renforce dans les urnes. Les compromis, la tentation du centre et les petits arrangements libéraux détruisent non seulement la confiance populaire mais précipitent trop souvent une alternance mortelle, faisant finalement triompher la droite et son extrême.