Sylvain Brisse, chercheur à l’Institut Pasteur, alerte sur « l’explosion » des cas de coqueluche
Le nombre de cas de coqueluche augmente fortement cette année en France, avec près de 6 000 cas déjà recensés, selon l’Institut Pasteur. La maladie est particulièrement contagieuse puisqu’un patient peut la transmettre à quinze autres personnes et les nourrissons sont particulièrement à risque en cas d’infection.
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Elle est surnommée « la toux des 100 jours » et la bactérie qui la provoque, Bordetella pertussis, est particulièrement contagieuse : la coqueluche a explosé en France depuis le début de l’année. Selon les données de l’Institut Pasteur, des cas positifs sont déjà « onze fois plus important entre janvier et mai 2024 que sur l’ensemble de 2023 »avec « près de 6 000 cas positifs » répertorié. Pour comprendre cette augmentation et les moyens de protection, trois questions à Sylvain Brisse, responsable de Centre national de référence de la coqueluche et autres bordetelloses à l’Institut Pasteur.
Franceinfo : Comment expliquer cette explosion des cas de coqueluche ?
Sylvain Brisse : En effet, je pense qu’on peut parler d’une explosion. Nous n’avons pas vu cela depuis plus de 40 ans. Ni ce nombre de cas, ni une augmentation aussi rapide. C’est une bactérie très contagieuse : on estimait, avant l’ère de la vaccination, que lorsqu’un patient est infecté, il peut contaminer 15 autres personnes en moyenne. C’est par exemple dix fois plus que le virus Covid au début de l’épidémie. La maladie est donc particulièrement transmissible et cyclique, avec des pics tous les cinq ans environ. Mais là, peut-être à cause des mesures barrières en période de Covid, l’immunité de la population est plus faible. La bactérie Bordetella pertussis, responsable de la coqueluche, peut donc circuler très facilement dans la population. C’est d’ailleurs un phénomène que l’on observe également à l’échelle européenne, notamment en République tchèque, aux Pays-Bas, au Danemark, en Angleterre… On peut craindre qu’il ne dure encore quelques mois, y compris pendant la période des Jeux olympiques et Jeux Paralympiques à Paris.
« La maladie peut être mortelle chez les très jeunes enfants qui n’ont pas encore été vaccinés. »
Sylvain Brissesur franceinfo
Quels sont les symptômes de la maladie ?
C’est une maladie respiratoire qui provoque une toux très intense. Chez les adultes, par exemple, il y a souvent des quintes de toux nocturnes qui ne finissent jamais. Ces symptômes peuvent durer longtemps, c’est pourquoi la coqueluche est appelée «Maladie des 100 jours», mais cela dure en moyenne quelques semaines. C’est très invalidant : on ne dort pas bien, on peut devenir un peu déprimé à cause du manque de sommeil. Les personnes âgées seront un peu plus sensibles que les jeunes adultes. Le problème le plus grave survient lorsque la coqueluche touche un nourrisson. Chez les très jeunes enfants non encore vaccinés, la maladie peut être mortelle.
Comment lutter contre cette maladie, pour ne pas l’attraper ou la transmettre ?
Déjà, en cas de toux, un diagnostic doit être posé car il pourrait s’agir d’autre chose que de la coqueluche. Cela veut dire qu’il faut aller chez le médecin pour qu’il vous prescrive un test de coqueluche, c’est un test PCR comme le Covid. Si le résultat est positif, des antibiotiques doivent être pris. Le traitement est assez court, trois à cinq jours et il est assez efficace. Pendant cette période, vous devez éviter d’être en contact avec d’autres personnes, donc rester chez vous, surtout ne pas rencontrer de personnes âgées, d’enfants et surtout de nouveau-nés. Si vous devez aller travailler, il est préférable de porter un masque.
« Vous devez vous assurer que vous êtes à jour dans vos rappels de vaccins. »
Sylvain Brissesur franceinfo
La meilleure façon de prévenir la coqueluche est de se faire vacciner. Il est obligatoire à l’âge de deux, quatre et onze mois. Il est également recommandé aux femmes enceintes afin que des anticorps puissent être produits par la mère et transmis au fœtus afin que celui-ci soit ainsi protégé, avant d’être lui-même vacciné. En tant qu’adulte, il ne faut pas oublier son rappel tous les 20 ans, par exemple à 25, 45, 65 ans. Chez l’enfant, les rappels se font à six ans, puis entre onze et treize ans. Vous devez vous assurer que vous êtes à jour dans vos rappels, surtout lorsque vous avez des frères et sœurs plus jeunes.