Santé

Svetlana Mojsov remporte le prix Lasker

Voir mes actualités

Traitements de nouvelle génération pour obésité sont devenus ultra-populaires en quelques années seulement. Mais ils ne sont pas pas de « médicaments miracles » et « ne devraient jamais être pris pour des raisons esthétiques », prévient Svetlana Mojsov, l’une des scientifiques qui ont contribué à leur développement.

Avec deux autres chercheurs, Joel Habener et Lotte Bjerre Knudsen, elle a reçu le jeudi 19 septembre 2024 le prestigieux prix Lasker, souvent considéré comme le signe avant-coureur d’un éventuel prix Nobel.

« L’obésité est une maladie métabolique, pas un problème de volonté »

Tous trois ont contribué à révolutionner la prise en charge de l’obésité, maladie chronique et véritable fléau de santé publique, en contribuant à Découverte et développement de médicaments permettant une perte de poids significative.

Ozempic, Wegovy, Mounjaro, Zepbound… Indiqués contre l’obésité ou le diabète de type 2 (hyperglycémie souvent liée au surpoids), ces traitements ont suscité un tel engouement qu’ils sont parfois détournés pour perdre quelques kilos jugés superflus.

« Le grand succès est de pour pouvoir traiter l’obésité « Et c’est à cela qu’il faut s’en tenir », a insisté Svetlana Mojsov, 76 ans, rappelant les effets secondaires – notamment gastro-intestinaux – de ces médicaments.

Vidéos : actuellement sur News

Dans des entretiens avec leAFPLa chimiste et son collègue lauréat Joel Habener ont raconté les décennies de recherche qui ont permis leur développement. « C’est un rêve, quand on est chercheur, de découvrir quelque chose qui va aider les gens », a déclaré Habener.

Il s’est également réjoui du fait que ces avancées contribuent à faire prendre conscience aux gens « que l’obésité est une maladie métabolique et non un problème de volonté ».

Patients… maigrir ?

L’efficacité de ces nouveaux médicaments est due à une découverte : ils imitent une hormone sécrétée par les intestins, appelée GLP-1.

Joel Habener, endocrinologue au Massachusetts General Hospital, a été le premier à détecter son existence, d’abord chez le poisson, en 1982. Svetlana Mojsov a identifié la séquence active du GLP-1, démontré sa présence dans l’intestin et synthétisé une forme pure.

Elle a ensuite montré, en collaboration avec d’autres, que le GLP-1 stimule la sécrétion d’insuline par le pancréas, permettant d’abaisser le taux de glucose dans le sang.
Elle a immédiatement été « sûre que ce serait un bon traitement pour le diabète », se souvient-elle.

Mais à l’époque, Personne ne soupçonne encore son utilité contre l’obésité« Nous n’avions pas vraiment en tête la perte de poids », car l’obésité n’était pas un problème aussi important à l’époque, a déclaré Joel Habener, 87 ans.

De plus, dans les années 1980, « il n’existait aucune preuve scientifique que les hormones régulent le poids », ajoute Svetlana Mojsov, professeure associée d’origine yougoslave à l’université Rockefeller.

Ce n’est que par hasard, lors de vastes essais cliniques, que les scientifiques ont constaté que les patients perdaient du poids. On a progressivement compris que le GLP-1 ralentissait la vidange de l’estomac, mais agit également dans le cerveauen agissant sur la sensation de satiété. Une découverte décisive.

Un médicament qui ne s’arrête pas là

Les entreprises pharmaceutiques s’y mettent rapidement. Chez Novo Nordisk, la chercheuse Lotte Bjerre Knudsen relève un défi de taille : dans l’organisme, le GLP-1 disparaît en quelques minutes.

Elle a développé des techniques pour que le médicament dure plus longtemps dans le corps – d’abord pendant un jour, puis pendant une semaine.

Le premier médicament du groupe danois contenant un analogue du GLP-1 a été approuvé une première fois en 2010 aux États-Unis pour le diabète de type 2, puis en 2014 pour l’obésité (sous le nom de Saxenda). Les autres ont suivi et se sont révélés des poules qui pondent des oeufs d’or pour les sociétés pharmaceutiques.

Le laboratoire américain Eli Lilly a de son côté développé une molécule associant le GLP-1 à une autre hormone gastro-intestinale, qui pourrait selon Svetlana Mojsov réduire les effets secondaires.

Traiter d’autres maladies

« Nous allons peut-être vers une nouvelle génération » combinant différentes hormones, estime-t-elle. « Ozempic n’est pas forcément la solution finale », mais « a ouvert la voie ».

Encore plus prometteur pour l’avenir : les effets possibles du GLP-1 sur une foule d’autres maladiesL’une des molécules est déjà autorisée contre les accidents cardiovasculaires.

Mais les chercheurs explorent bien d’autres pistes et les études affluent : apnée du sommeil, addiction, maladies rénales, maladies du foie ou encore maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer)… « C’est extraordinaire », confie Joel Habener, pointant notamment, pour expliquer ces multiples bénéfices potentiels, l’action du GLP-1 dans le cerveau.

Pour Svetlana Mojsov, le GLP-1 ouvre la voie à l’idée qu’un médicament ne peut pas être utilisé uniquement pour une seule maladie. « Jusqu’à présent, on disait qu’il fallait un médicament pour chaque maladie », explique-t-elle. « Aujourd’hui, nous constatons que le GLP-1 présente un éventail de bienfaits pour la santé bien plus large. »

Source : © 2024 AFP

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous abonnant à Mon Actualité.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
Bouton retour en haut de la page