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Suspense chez Boeing alors que plus de 33 000 salariés votent la grève

Plus de 33 000 salariés de Boeing, qui fabriquent le 737 MAX et le jumbo jet 777, ont commencé à voter jeudi matin sur un projet de nouvel accord de travail et sur la possibilité de faire grève pour de meilleures conditions de travail.

Le résultat est attendu tard dans la soirée. La dernière grève remonte à 2008 et avait duré 57 jours.

« Nous avons eu tout ce que nous pouvions » lors de ces négociations qui ont débuté le 8 mars, a assuré Jon Holden, président de l’IAM-District 751, aux membres.

« Nous recommandons la ratification car nous ne pouvons pas garantir que nous obtiendrons davantage en faisant grève. »il a noté.

Mais dans une interview au Seattle Times publiée lundi soir, il a déclaré : « Je pense que (…) nos membres approuveront la grève ».

Une majorité simple suffit pour ratifier l’accord, annoncé le 8 septembre, mais les deux tiers des voix sont nécessaires pour déclencher un arrêt de travail lorsque l’accord actuel, vieux de 16 ans, expirera jeudi à minuit.

Toutefois, si la convention collective est rejetée, mais que le seuil des deux tiers n’est pas atteint pour faire grève, elle sera ratifiée. « défaut »conformément aux règlements du syndicat.

Suspense chez Boeing alors que plus de 33 000 salariés votent la grève

Ce nouvel accord, qui concerne les membres de l’International Machinists Union (IAM) de la région de Seattle (nord-ouest), prévoit une augmentation salariale de 25% sur quatre ans ainsi qu’un engagement d’investissement dans la région et notamment, la construction du prochain avion – annoncé pour 2035 – dans le berceau historique de l’avionneur qui fournirait des emplois pour plusieurs décennies.

Boeing espérait que ces concessions suffiraient à écarter tout risque de grève, alors que sa situation financière est précaire depuis le crash de deux 737 MAX 8 en 2018 et 2019 (346 morts) et une multitude de problèmes de qualité de production.

« Ce n’est un secret pour personne que notre entreprise traverse une période difficile, en partie à cause de nos propres erreurs passées. (…) Une grève mettrait en péril notre redressement commun. »a prévenu mercredi soir Kelly Ortberg, qui a succédé à Dave Calhoun au poste de PDG le 8 août.

Paralysie

Il a exhorté les employés à ne pas « sacrifier » progrès futurs grâce à « frustrations liées au passé ».

Car la grève paralyserait la production des 737, 777 et 767 cargo, dont les livraisons accumulent déjà les retards. Ce serait d’autant plus problématique que l’avionneur encaisse la plus grande partie du paiement lors de la livraison des avions.

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Une semaine après son entrée en fonction, M. Ortberg s’est engagé à « réinitialiser » la relation avec l’IAM.

Mais après avoir lu l’accord, de nombreux membres du syndicat ont réagi négativement et ont appelé à un arrêt de travail.

Les télévisions montrent des rassemblements quotidiens de travailleurs dans les usines pour protester contre les mesures salariales qu’ils jugent insuffisantes face à l’inflation.

Les mécontents estiment que l’augmentation salariale est trop éloignée des revendications du syndicat (+40% initialement) et que le volet retraites est insatisfaisant.

Le spécialiste de l’aviation Leeham News a qualifié l’accord de « difficile à vendre ».

Il « a progressé sur les dossiers prioritaires des adhérents, mais reste loin des objectifs fixés en amont par le syndicat dans la plupart d’entre eux »il a noté, anticipant un rejet.

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Stephanie Pope, présidente de Boeing Commercial Aviation (BCA), a également pris la défense du projet de loi, affirmant qu’il prévoyait la plus importante augmentation de salaire jamais accordée, malgré la dette de l’avionneur de quelque 60 milliards de dollars.

« Nous avons tout donné »elle l’a assuré dans un message aux salariés.

Les règles de l’IAM prévoient que les grévistes reçoivent 250 $ par semaine à partir de la troisième semaine d’arrêt de travail.

Boeing fait l’objet d’une surveillance accrue depuis un incident en vol impliquant un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines début janvier.

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Après une série de problèmes de conformité et de contrôle de qualité, cette décision a ravivé les interrogations sur les mêmes manquements soulevés après les deux crashs. L’avionneur est sous le feu des projecteurs de la FAA, qui a également suspendu indéfiniment la production du 737.

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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