DECRYPTAGE. Guerre en Ukraine : la Russie prépare une grande offensive « qui pourrait être décisive », prévient le général Jérôme Pellistrandi
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’attend à une offensive russe majeure en mai ou juin, qui serait la plus importante depuis le début du conflit. Tandis que Kiev appelle à l’aide, Moscou serait en train de mobiliser une centaine de milliers d’hommes pour aller au front.
« La Russie prépare une offensive qui pourrait avoir lieu fin mai ou en juin », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur la chaîne américaine CBS le 29 mars. Une information confirmée par The Economist, qui parle d’« une offensive majeure » avant l’été. « Au printemps, en mai-juin, après la fonte des neiges, c’est la fenêtre optimale », estime le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef du magazine de la Défense nationale. « Les journées sont suffisamment longues pour avoir une visibilité maximale, la météo est idéal… Toutes les grandes offensives militaires de l’histoire contemporaine ont eu lieu pendant cette période. »
« Les Russes reconstruisent leurs forces »
Signe de l’importance de l’attaque, le Kremlin est en train de mobiliser 300 000 hommes pour aller au front, selon les informations du média russe Verstka. Il s’agirait notamment de réservistes, d’étudiants d’universités militaires et de soldats enrôlés. Dans le même temps, une nouvelle vague de conscription vient d’être lancée, visant à recruter 150 000 hommes âgés de 18 à 30 ans. « Les Russes reconstruisent leurs forces. Il leur faut un succès décisif avant que l’Ukraine elle-même puisse reconstruire ses forces », analyse Général Pellistrandi.
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Selon ce dernier, Moscou « joue sur l’élection de Donald Trump » à la présidence des Etats-Unis. « Ils parient sur le fait que les 60 milliards d’aide américaine promis à Kiev ne seront pas payés au moment des élections. » Et même si l’argent est débloqué, « l’effort de réarmement prendra du temps ». « Par exemple, les avions de combat F-16 livrés à l’Ukraine ne seront pas opérationnels avant la fin de l’année », souligne Jérôme Pellistrandi. D’où l’appel réitéré la semaine dernière par le président ukrainien : « Nous n’avons pas seulement besoin de préparer ou de stabiliser la situation comme certains se contentent de le faire. Non, nous avons besoin d’aide. Maintenant. »
« Il y a toutes les raisons d’être extrêmement inquiets »
Fatigués par deux années de privations et de défaites, les Ukrainiens se préparent au pire avec de maigres ressources. Même si l’âge pour partir en guerre vient d’être abaissé de 27 à 25 ans, les effectifs seront loin d’être suffisants pour contenir l’ennemi. Au front, tout est fait pour ralentir sa progression. « Les militaires érigent des fortifications de campagne. Sur le même modèle que celui des Russes l’année dernière. Il s’agit notamment de tranchées, de fossés antichar, de champs de mines et de ‘dents de dragon’ (blocs de béton destinés à gêner l’avancée des véhicules motorisés, NDLR). ) », précise le stratège militaire.
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L’armée ukrainienne est d’autant plus impuissante qu’elle a environ 1 000 kilomètres de front à protéger. « Il va falloir choisir les endroits les plus vulnérables. Et comptez sur l’efficacité du renseignement pour localiser les axes de l’effort russe. Je ne crois pas qu’elle sera dispersée, comme en février 2022, car cela a permis aux Ukrainiens de résister. » Le général n’exclut pas une offensive russe « décisive ». « Il y a toutes les raisons d’être extrêmement inquiets », conclut-il. .
