Categories: Nouvelles locales

Survivre à un crash d’avion: ce que les récents accidents nous apprennent

«Chaque seconde compte», résume Ed Galea. Ce professeur d’ingénierie en sécurité incendie à l’université de Greenwich (Royaume-Uni) s’y connaît en évacuations de carcasses d’avions: il a publié l’étude référence sur le sujet. Avec des appareils modernes conçus pour mieux absorber les chocs et ralentir la propagation du feu, Ed Galea estime à 90% les chances de survie en cas de crash «survivable». Mais comment améliorer ses chances? Il explique que la survie se joue principalement sur la capacité des passagers à évacuer rapidement.

Une idée reçue insiste pourtant uniquement sur l’emplacement du siège. Les places arrières seraient plus sûres que celles à l’avant. Les crashs des vols Azerbaijan Airlines 8243 et Jeju Air 2216, respectivement les 25 et 29 décembre 2024, semblent le confirmer. Les vingt-neuf survivants du crash azerbaïdjanais se situaient à l’arrière de l’avion. Celui-ci s’est coupé en deux, vraisemblablement à cause de tirs russes, tuant les trente-huit autres personnes à bord. Quant aux deux seuls rescapés du vol sud-coréen, il s’agissait des deux membres d’équipage assis dans la queue de l’appareil.

Les experts en aviation écartent néanmoins ce mythe. «Aucune donnée ne montre une corrélation entre l’emplacement du siège et la survivabilité. Chaque accident est différent», indique à CNN Hassan Shahidi, le président de la Flight Safety Foundation. En cas d’impact, «il n’y a pas de siège magique, appuie Ed Galea. Tout dépend de la nature de l’accident. Parfois, il vaut mieux être à l’avant, parfois à l’arrière.»

Statistiquement, il recommande donc le siège qui vous permet de quitter l’avion au plus vite. Car pour obtenir sa certification, un appareil doit pouvoir être évacué en 90 secondes. Mais de la théorie –vérifiée chez le constructeur avec des volontaires– à la pratique, il y a un écart que l’urgence et la panique élargissent.

S’asseoir côté couloir, près d’une issue de secours

Contrairement à une autre idée reçue (laquelle créant un fatalisme qui peut être paralysant!), «on peut survivre à la grande majorité des crashs d’avion, et la plupart des passagers survivent à ces accidents», rassure Ed Galea. «Le plus souvent, les accidents aujourd’hui ne sont plus dus à des pertes totales de l’avion, ajoute Geoffrey Thomas, journaliste spécialisé pour le site 42 Thousand Feet. C’est autre chose: un moteur en feu, une sortie de piste, un train d’atterrissage défaillant…» D’où l’importance de l’évacuation.

Ed Galea classe par exemple l’accident du vol Jeju Air comme «survivable» . Une collision avec des oiseaux, la perte d’un moteur et un atterrissage sur le ventre sont gérables. «Si l’avion n’avait pas fini sa course dans un obstacle en béton en bout de piste, la majorité voire la totalité des personnes à bord auraient pu en réchapper», évalue-t-il. Au contraire, le crash du vol Azerbaijan Airlines est un cas typique d’accident fatal. Ed Galea qualifie de «miracle» le fait que quelqu’un –a fortiori une bonne partie des passagers– s’en soit sorti vivant.

Pour mieux comprendre comment s’en sortir si l’on est encore conscient après l’impact, Ed Galea et son équipe ont compilé les témoignages de 1.917 passagers et 155 membres d’équipage impliqués dans 105 accidents entre 1977 et 1999. Leur étude démontre que les passagers assis à cinq rangées ou moins d’une issue de secours, où qu’elle soit, ont les meilleures chances de survie. Logiquement, les sièges côté couloir augmentent encore cette probabilité.

Mais tout ne se joue pas qu’à l’achat du billet. Ed Galea explique qu’il est essentiel, même pour les grands voyageurs, d’écouter les consignes de sécurité et de vraiment comprendre comment fonctionne… la ceinture. «Croyez-le ou non, mais la plus grande difficulté de beaucoup de gens après un crash est de détacher leur ceinture, dit-il. Le cerveau se met en autopilote face à une situation de vie ou de mort, et l’expérience la plus connue est la ceinture des voitures. Ils cherchent un bouton sur lequel appuyer.»

L’expert en évacuation recommande aussi d’étudier les fiches de sécurité mises à disposition dans la poche du siège de devant. Si vous êtes assis directement face à l’issue de secours, prenez aussi connaissance de la manière de l’ouvrir. Sinon, comptez les rangées qui vous séparent des deux issues les plus proches. Cela vous permettra de naviguer à l’aveugle si la fumée envahit la cabine.

Enfilez également vos chaussures en même temps que votre ceinture: en montée comme en descente. Et si vous voyagez en famille ou en groupe, prenez vos billets côte à côte, quitte à payer plus cher. Dans l’urgence, beaucoup de sinistrés perdent du temps en cherchant leurs proches.

Dernière règle d’or, évidente mais pourtant si peu respectée: laisser ses bagages derrière soi. En mai 2019, le vol Aeroflot 1492 s’écrasait à son atterrissage d’urgence à Moscou. L’incendie tua quarante-et-une des soixante-dix-huit personnes à bord. Sans que l’on sache si cela retarda l’évacuation, certains passagers furent tout de même filmés en train d’évacuer leur bagage cabine, alors que la moitié arrière de l’avion était en proie aux flammes. La règle d’économie de temps vaut d’ailleurs aussi… pour ceux qui filmaient la scène.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

Share
Published by
Gérard Truchon

Recent Posts

La star d’ABC, James Longman, révèle la tragédie choquante qui a secoué sa famille : « C’était comme si une bombe avait explosé »

La star d'ABC, James Longman, a déclaré que c'était comme une "bombe explosée" lorsque son…

4 jours ago

Trump veut changer les universités à l’échelle nationale. Les États dirigés par le GOP offrent un aperçu

Il y a près de dix ans, d'intenses manifestations contre l'injustice raciale ont secoué le…

4 jours ago

Incendie à Hollywood Hills: Une Tragédie en Cours

L'incendie à Hollywood Hills a captivé l'attention du monde entier, non seulement en raison de…

4 jours ago

Les marchés obligataires sont ouverts. Pourquoi les rendements à long terme sont un cauchemar pour les actions. -Barron’s

Les marchés obligataires sont ouverts. Pourquoi les rendements à long terme sont un cauchemar pour…

4 jours ago

xAI teste une application iOS autonome pour son chatbot Grok

La société d'IA d'Elon Musk, xAI, teste une application iOS autonome pour son chatbot, Grok,…

4 jours ago