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sursis requis contre deux ex-employées de crèche jugées au milieu d’un débat médiatique

Six et douze mois de prison avec sursis ont été requis lundi contre deux anciennes salariées d’une crèche People&Baby jugées à Lille pour violences sur enfants, à l’issue d’une audience à huis clos, en plein débat médiatique sur les dysfonctionnements de certaines crèches privées.

Le procès a eu lieu peu de temps après la sortie du livre. « Les Ogres » par Victor Castanet, une enquête qui dénonce le modèle « faible coût » de plusieurs groupes de crèches privées, notamment People&Baby.

Face à une salle d’audience bondée au début de l’audience, les avocats de la défense avaient demandé un ajournement, réclamant « extraire ce procès de la promotion d’un livre » et dénonçant une « rouleau compresseur médiatique ».

Mais le tribunal a décidé de poursuivre la procédure, considérant qu’il est « Il est temps de juger cette affaire »tout en accordant une audience à huis clos à la demande des parties civiles.

« Ce qui a été souligné, c’est le manque de formation, peut-être la fatigue »a rapporté à l’issue de l’audience Me Florent Mereau, avocat des parties civiles.

Les prévenus sont poursuivis pour violences physiques et psychologiques intentionnelles, sans incapacité, sur neuf enfants au total dans la crèche située à Villeneuve-d’Ascq, dans la banlieue de Lille. Les parties civiles décrivent des privations de repas, des humiliations, un isolement et pour certaines des maltraitances physiques suspectées.

« Ce ne sont pas des enfants qui viennent de rentrer de la garderie avec un bleu qui disparaît en quelques jours. »a affirmé Me Alexandre Schmitzberger, soulignant les attentes des familles, cinq ans après les faits. « Nous avons des enfants qui développent des troubles psychomoteurs, des troubles du comportement, qui finissent par avoir des retards de développement (…) parfois de deux ans ».

Le parquet a requis six mois de prison avec sursis contre l’ancienne directrice de crèche, 48 ans, poursuivie pour violences sur trois enfants, qui apparaissait le visage contrit et une veste noire sur les épaules.

Une peine de douze mois de prison avec sursis a été requise contre l’ancienne infirmière de 35 ans, dont les cheveux étaient attachés en une tresse rouge, accusée de violences sur huit enfants.

Le parquet a également demandé au tribunal de Lille d’ordonner une interdiction d’exercer d’une durée de cinq ans à l’encontre des deux prévenus.

Saluant le temps accordé à chacun pour décrire les faits allégués, M. Schmitzberger a estimé que « C’est vraiment un soulagement pour les familles ».

« Dysfonctionnements »

Les deux femmes sont soupçonnées d’avoir adopté « attitudes et gestes inadaptés à la prise en charge d’un jeune enfant »le tribunal les a rappelés lundi. Ils contestent ces faits.

L’avocate de l’ancienne infirmière, Me Fatima En-Nih, a largement critiqué le livre d’enquête du journaliste Victor Castanet, qui consacre plusieurs chapitres à la crèche de Villeneuve-d’Ascq.

«Depuis plusieurs jours, toute notre énergie est concentrée à éviter la presse»elle a martelé la maison.

People&Baby : du sursis requis contre deux ex-employées de crèche jugées au cœur d'un débat médiatique

Le journaliste s’est adressé au tribunal, assurant qu’il soutiendrait les familles. « Ce procès est évidemment emblématique car il relate les dysfonctionnements de ce groupe et plus largement d’un certain nombre de groupes de ce secteur »a-t-il déclaré devant les nombreuses caméras présentes.

Les parties civiles ont toutefois rappelé que ce procès n’était pas celui du groupe People&Baby.

« Il ne s’agit pas de vengeance, de lapidation ou d’exploitation médiatique. »a souligné Me Patrick Lambert. Il représente une famille avec deux enfants qui dénonce « Violences psychologiques, isolement, mauvaise alimentation » mais aussi des soupçons de violences physiques, une enfant ayant « été retrouvée avec une bosse sur le front ».

« Aujourd’hui, mon enfant a huit ans et a des problèmes psychologiques »« C’est un problème de santé qui m’inquiète », a expliqué à l’AFP un parent qui s’est constitué partie civile et accuse l’aide-soignante d’avoir enfermé son enfant dans le noir. Selon lui, les séquelles sont multiples : agressivité, difficultés à l’école, peur du noir, anxiété.

Sous pression, le secteur des crèches fait face depuis plusieurs années à une pénurie critique de professionnels et à des dysfonctionnements attribués à un mode de financement complexe aux effets jugés  » pervers « .

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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