8 000 : c’est le nombre impressionnant d’espèces d’arbres que l’on peut croiser en visitant le parc de quinze hectares du jardin botanique de l’université de Cambridge, en Angleterre. Si cette collection vivante fait le bonheur des promeneurs, elle est aussi une mine d’informations précieuses pour les scientifiques passionnés par le monde végétal.
Raymond Wightman et Jan Łyczakowski, chercheurs de l’Université de Cambridge et de l’Université Jagellonne de Cracovie en Pologne, ont pu étudier la structure interne du bois chez des espèces représentant les moments les plus significatifs de l’évolution des arbres sur Terre, expliquent-ils dans The Conversation (9 septembre 2024).
En utilisant une technique qui permet de visualiser les tissus végétaux à l’état humide plutôt que sous forme de matière séchée, les deux auteurs d’une étude récente publiée dans la revue New Phytologist ont décrit une « nouveau type de bois » Mais de quoi s’agit-il ?
Bois durs, bois tendres et « bois moyens »
Depuis que les scientifiques étudient les arbres, ils les divisent en deux catégories en fonction du type de bois qu’ils produisent, expliquent les auteurs. D’un côté, on trouve le bois tendre, qui provient de conifères tels que les pins et les sapins, qui se caractérisent par une croissance rapide. De l’autre côté, on trouve le bois dur, qui provient d’arbres à feuilles caduques tels que les chênes et les érables, qui peuvent produire des « plusieurs décennies pour mûrir. »
« Cependant, nos recherches récentes ont révélé quelque chose d’entièrement nouveau : une troisième catégorie que nous appelons « bois moyen ». (bois moyen (en anglais, ndlr) », ils distinguent. « Cette découverte pourrait s’avérer précieuse dans la lutte contre l’augmentation des niveaux de dioxyde de carbone (CO₂) dans l’atmosphère terrestre, principale cause de changement climatique » . «
En effet, si les arbres sont « puits de carbone naturels » capable d’absorber le carbone de l’air et d’en séquestrer une partie dans son bois, le tulipier (Liriodendron tulipifera), est un champion : sur la côte atlantique centrale des États-Unis, les forêts dominées par cette espèce stockent entre deux et six fois plus de carbone que celles où prédominent les autres espèces.
C’est précisément cet arbre, appartenant à une lignée ancienne datant de 50 à 30 millions d’années – une période marquée par d’importants changements du CO₂ atmosphérique – qui a permis aux auteurs de découvrir le « bois moyen ».
Une différence structurelle
Chez le tulipier, les « macrofibrilles » – fibres composées principalement de cellulose, l’élément chimique de base du bois qui donne aux plantes la force de pousser en hauteur – ont un diamètre de 22 nanomètres (milliardièmes de mètre), contre respectivement 16 nm et 28 nm pour les feuillus et les résineux.
« Ces différences pourraient expliquer pourquoi les résineux et les feuillus sont différents, et pourraient nous aider à comprendre pourquoi certains types de bois stockent mieux le carbone que d’autres. »les auteurs espèrent.
Ils prévoient maintenant de déterminer si la structure apparemment unique du bois du tulipier est la seule raison pour laquelle l’arbre est le « Roi de la capture du carbone »mais aussi d’élargir leurs recherches pour découvrir s’il existe d’autres arbres à « bois moyen » – voire d’autres nouveaux types de bois – dans le monde.
Comprendre l’évolution du bois peut nous aider à identifier et à exploiter le potentiel des plantes qui peuvent atténuer le changement climatique.
GrP1