Bourse Entreprise

surconsommation et factures d’énergie qui s’envolent

Dans la campagne européenne puis dans cette campagne législative, les prix de l’énergie et de l’électricité sont devenus un sujet clé pour les candidats.

C’est tout à fait normal : alors que les factures d’électricité ont augmenté de 40 % depuis 2021 et que le pouvoir d’achat est une préoccupation majeure, chaque électeur est en droit de se demander s’il n’est pas condamné à payer plus cher sa facture d’énergie.

Avec le programme du Rassemblement national, malgré le langage de ses candidats, la réponse est claire : c’est oui, car vous serez condamnés à consommer plus d’énergie et à rester enfermés dans la consommation de pétrole et de gaz dont le prix dépend de la géopolitique. et la bonne volonté des pétro-monarchies, en plus de provoquer le réchauffement climatique.

Avec le Rassemblement national, la fin de la sobriété et de l’efficacité, malgré leur absolue nécessité

Tous les rapports énergie-climat vous le diront : il n’est pas possible d’atteindre la neutralité carbone en consommant toujours autant d’énergie. À partir de là, il existe deux leviers pour consommer moins tout en continuant à bien vivre : la sobriété et l’efficacité.

Avec la sobriété, on préserve les services rendus par l’énergie au juste niveau pour tous en revoyant les usages. C’est le cas lorsque les transports en commun sont déployés dans des centres urbains denses, lorsque les normes poussent les constructeurs automobiles à déployer des gammes de véhicules plus légers ou lorsque les supermarchés sont obligés par la loi de ne pas augmenter la climatisation au-delà d’une certaine limite (26°C en France).

L’efficacité, quant à elle, consiste à améliorer les procédés techniques d’utilisation de l’iso pour préserver les services, comme par exemple avec l’isolation des bâtiments, l’amélioration des performances des appareils électroménagers ou l’éclairage avec des ampoules LED, qui consomment moins d’énergie que les ampoules à incandescence.

Le plan « Marie Curie »

Mais pour le RN, tout cela aurait une fin. En 2022, lors de la campagne présidentielle de Marine Le Pen, le RN avait publié un « plan Marie Curie », un document de 30 pages qui lui était consacré mentionné dans le programme de Jordan Bardella.

Il y est explicitement écrit que « les scénarios de référence de RTE ne rompent pas avec les fantasmes sur la « sobriété » des Verts et des lobbies en déclin”. La couleur est annoncée, même si les scénarios de référence 2021 de RTE ne comportaient pas trop de sobriété, celle-ci étant plutôt renvoyée à un autre scénario alternatif.

L’efficacité est à peine mentionnée, sauf pour mentionner dans le résumé que « Tous les scénarios anticipant la consommation en 2050 s’appuient sur des performances d’efficacité énergétique optimistes mais irréalistes. » On l’aura compris, les réductions de consommation ne sont pas leur sujet.

Pour cette campagne 2024, ces orientations sont confirmées par Jordan Bardella qui a annoncé vouloir supprimer toutes les réglementations liées au « Diagnostic de Performance Énergétique » (DPE) dans les bâtiments.

Cela signifie que les passoires thermiques, dans lesquelles vivent généralement les ménages précaires qui ne peuvent pas se chauffer, seront exemptées de travaux d’isolation pour permettre aux locataires de vivre décemment. Dans ce contexte, on peut aussi s’interroger sur l’avenir de l’aide d’État « Ma Prime Rénov’ » qui permet de financer la rénovation thermique des bâtiments…

Des hypothèses de consommation d’électricité aussi folles que dangereuses

Sans surprise, leur plan prévoit donc une surconsommation électrique importante : plus de 940 TWh, contre 475 TWh en 2019, soit le double de la consommation… et donc le double de la production qu’il faudrait couvrir !

Extrait du « plan Marie Curie » du RN de 2022 : surconsommation tous azimuts, pertes qui n’évoluent pas alors qu’elles devraient augmenter avec l’électrification, bâtiments qui consomment autant sans isolation et un terme de consommation de 5,22 TWh (car non 5,23) en cas de croissance

Sur l’hydrogène, le RN vise 170 TWh alors qu’on n’en est même pas à 1 aujourd’hui et que tous les experts appellent à la prudence. Dans les bâtiments, la consommation baisse alors que toutes les politiques d’efficacité sont dans le viseur du RN.

Bref, la surconsommation est bien leur horizon, mais il est légitime de douter du sérieux avec lequel ils ont construit cette perspective de consommation qu’ils envisagent de couvrir… presque exclusivement par le nucléaire et l’hydraulique.

Moratoire sur l’éolien, fin des politiques publiques sur le solaire

Le RN a fait de l’éolien un véritable totem et compte stopper net tout nouveau projet. Les éoliennes existantes seront démantelées à la fin de leur durée de vie sans être remplacées. Après avoir souhaité un moratoire en 2022 sur le solaire, le RN annonce désormais vouloir imposer des droits de douane et conditionner les politiques publiques à l’existence d’une filière européenne.

Autant dire que le solaire va connaître un sérieux revers. Concernant l’éolien offshore, le RN a annoncé qu’il stopperait tous les appels d’offres.

Cela ne peut conduire qu’à une chose : une augmentation de vos factures d’électricité. C’est un calcul simple : si la demande augmente mais que l’offre n’est pas là, les prix augmentent. Cela est particulièrement vrai puisque dans Les échosJean-Philippe Tanguy, l’un des députés RN intéressé par l’énergie, a affirmé « ne pas avoir peur de l’autonomie totale » ou de devoir augmenter rapidement nos moyens de production, probablement avec des centrales à gaz. On est en droit de douter de cette idée avec la crise du gaz que nous venons de traverser.

De plus, se priver de l’éolien offshore est une terrible erreur alors que les prix des appels d’offres tournent autour de 40 €/MWh, ce qui est compétitif même si l’on ajoute les coûts de raccordement ou d’intégration au système électrique.

Un programme nucléaire aérien contraire aux capacités du secteur

Surconsommation et moratoire sur les énergies compétitives : vous voyez déjà vos factures grimper en flèche. Pour contrer les critiques, le RN souhaite s’appuyer sur un programme nucléaire fou : 5 paires de réacteurs nucléaires de type EPR1 (comme celui en construction à Flamanville, dont les coûts et les délais ont explosé) en service dès 2033 (selon le programme mis à jour et publié par Contexte) pour un budget qu’ils évaluent entre 70 et 90 milliards d’euros.

Ce calendrier est tout simplement intenable, EDF ayant par ailleurs indiqué qu’il préférait construire un nouveau modèle dont le premier réacteur pourrait être en service au plus tôt en 2035 (et probablement plutôt en 2037). Voulant plus de nucléaire qu’EDF avec des délais plus serrés, il fallait le faire.

La réalité est que ce programme voulu par le RN n’a aucune base industrielle et ne pourrait pas nous permettre de couvrir nos besoins ni de nous passer des énergies fossiles. Accrochez-vous à vos factures…

Les baisses d’impôts, une dissimulation parfois illégale qui ne touche même pas les entreprises

Seule perspective de baisse de la facture : le RN annonce vouloir revenir sur la hausse des prix du gaz prévue en juillet prochain et baisser la TVA sur toutes les énergies (électricité, gaz, fioul).

Rappelons d’abord que la TVA n’est pas payée par les entreprises et que cette mesure ne bénéficierait donc en rien à leur facture énergétique. Pour les particuliers, baisser la TVA serait une mesure indifférenciée : tout le monde y gagnerait, qu’il gagne le SMIC ou 150 000€/mois, sachant que les hauts salaires sont ceux qui consomment le plus d’énergie, rendant ainsi cette mesure profondément inégalitaire.

Deuxièmement, une réduction de TVA n’implique pas nécessairement une réduction de prix pour le consommateur. Pour les restaurateurs par exemple, la baisse de TVA de 2009 n’a pas entraîné la baisse de prix escomptée : les restaurateurs en ont généralement profité pour augmenter leur marge, tout comme pourraient le faire les stations-service et les fournisseurs d’énergie.

Sur le carburant, la réduction de TVA est contraire à la directive TVA de l’Union européenne et les taxes sont claires : le taux de TVA sur le carburant doit être le taux maximum, entre autres pour éviter que tous les camions et véhicules fassent le plein au même endroit en Europe.

Le RN cite souvent la Pologne en exemple pour dire qu’il a bien fait, mais il oublie de dire qu’une procédure d’infraction avait été ouverte et que la Pologne a fini par augmenter son taux de TVA.

Enfin, il faut parler du coût : 17 milliards d’euros de recettes perdues pour l’Etat, dont 10 milliards pour les carburants, 4,5 milliards pour l’électricité et 2,5 milliards pour le gaz. Comment financer cela, alors que cela encouragerait la surconsommation d’énergies fossiles importées ? Mystère. Il est d’ailleurs probable que le RN y revienne effectivement lorsqu’il verra les résultats de son audit des finances de l’Etat promis à son arrivée au pouvoir.

Un prix de l’électricité à la française… pour quoi faire ?

Autre camouflage voulu par le RN : un prix de l’électricité à la française. Comprenez qu’ils voudraient qu’après leur sortie déguisée du marché, le prix de l’électricité soit celui de notre système électrique.

Soyons brefs : avec un moratoire sur l’éolien et le solaire et un programme nucléaire qui ne verra le jour qu’en 2035, cela ne réduira en rien la facture d’électricité. En revanche, si vous souhaitez actuellement payer moins cher votre électricité, vous pouvez opter… pour une offre de marché !

Certains fournisseurs d’électricité, et même EDF, proposent aujourd’hui des tarifs 20 % moins chers que le tarif réglementé, avec la possibilité d’y revenir à tout moment. Pas besoin de quitter le marché ni de changer les formules donc, c’est encore un mensonge du RN dans son programme.

Consommation croissante, poursuite des énergies fossiles et dissimulations pour faire croire à une baisse des factures

Ainsi, le programme du RN est clair : l’augmentation de la consommation, les énergies fossiles et un programme de production d’électricité qui n’a aucune chance de se réaliser.

Les baisses d’impôts ou « un prix français de l’électricité » ne sont qu’une vague couverture pour tout cela, comme nous l’avons démontré. Si vous avez aimé la crise énergétique de 2022, préparez-vous à ce qu’elle se reproduise.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
Bouton retour en haut de la page