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« Sur un plateau, je suis à nouveau moi »

Paris Match. Vous êtes en tête d’affiche d’un film qui sortira prochainement, vous tournez avec Josée Dayan et Corinne Masiero pour la télévision. Vous êtes content de retrouver les plateaux, non ?
Émilie Dequenne.
Évidemment ! Après avoir reçu un diagnostic de cancer, j’ai pensé que je n’y reviendrais jamais. Notamment à cause de l’assurance. Ma maladie peut récidiver, mais la médecine est un domaine formidable et je suis suivi de très près. Je suis très bien soigné et surtout je suis enfin sorti du choc post-traumatique que cela provoque. J’ai décidé de vivre avec, comme si j’étais diabétique. C’est débilitant, mais c’est vivable. Les séquelles de la chimiothérapie ne m’empêchent pas de filmer. Bizarrement, quand je me retourne, je ne ressens plus rien…

Serait-ce un antidote ?
Sur le plateau, je suis à nouveau moi-même, même si j’en avais presque fait le deuil. J’ai parfois des bouffées d’émotion. J’ai été opéré en urgence fin août, c’était hier quand on y pense… Je ne m’imaginais pas retravailler aussi vite. Pour le téléfilm de Josée Dayan, dans lequel j’incarne une professeur de danse, j’ai dû prendre des cours. Alors bien sûr, je n’ai pas retrouvé toute ma mobilité, les médicaments et le manque d’activité sportive m’ont fait prendre du poids. Je suis devenue un peu molle… (Elle rit.) Mais je m’en fiche, mon corps a tellement souffert que, si les réalisateurs m’acceptent comme ça, tout va bien.

Lumineuse, loin des personnages parfois sombres qui ont marqué sa carrière, la comédienne envoie « sa force aux malades ». 2 juin.

Paris Match / © Patrick Fouque

Le soutien du public et de la communauté du cinéma était-il indispensable ?
J’ai été très soutenu. Enormement par le public, à travers les réseaux sociaux, lorsque je parlais de ma maladie. Des messages, des appels, vraiment très touchants, et puis des cadeaux de mes amis de ce métier. Hafsia Herzi m’a envoyé des friandises, Sara Mortensen m’a fait livrer un énorme bouquet de fleurs, une peluche… Des marques de mode ou de cosmétiques m’ont aussi offert des petites choses pour me faire du bien pendant les périodes d’hospitalisation. Il y a aussi des socio-esthéticiennes qui viennent s’occuper de vous à l’hôpital. Lorsque l’apparence physique évolue à ce point, il est essentiel d’être accompagné. D’ailleurs j’ai été contactée par l’association Belle & Bien pour être leur marraine et je pense que je vais accepter. Elle aide les femmes malades à prendre soin d’elles et à se maquiller pour rester belles, même pendant la maladie.

Je ne sais pas où je serai dans un an, dans dix ans. Et comme je ne sais pas, j’ai décidé d’en profiter

Émilie Dequenne

Quel message vouliez-vous envoyer en parlant de ce qui vous est arrivé ?
Je voulais dire qu’on a le droit d’être plat ! J’ai vécu des moments horribles dans les allers-retours entre mon canapé et mon lit. J’ai beaucoup pleuré. Ce qui est important c’est de vivre cette maladie au jour le jour. Quand on prononce le mot « cancer », beaucoup de gens entendent le mot « mort ». Tandis que la recherche et la médecine ont fait d’énormes progrès et que de nombreux cancers sont guéris. D’ailleurs, ce qui me frappe encore aujourd’hui, c’est qu’on ne dit pas de quelqu’un qu’il est guéri mais qu’il est en rémission. Nous voyons de plus en plus de personnes atteintes de cancers très graves se rétablir complètement et vivre normalement. Au cours de ma carrière, j’ai rencontré des personnes malades depuis plus de vingt ans. Je vais être franc : je souffre d’un cancer pour lequel, a priori, il n’existe pas de remède. Surtout au stade où il a été découvert. Alors, je profite de chaque instant. Je ne sais pas ce qui va se passer dans les années à venir. Peut-être que je ne vivrai pas aussi longtemps que prévu. Peut-être que je dois partir plus tôt. Je ne sais pas où je serai dans un an, dans dix ans. Et comme je ne sais pas, j’ai décidé d’en profiter.

En dialecte belge, son nom signifie « du chêne ». Mais, dans la fable de La Fontaine, elle serait plutôt le roseau, qui « plie mais ne casse pas ». E

Paris Match / © Patrick Fouque

Le soutien d’un soignant, d’un mari, d’une famille à vos côtés dans ces moments est-il indispensable ?
Il est essentiel. C’est vital. Je ne sais pas comment font les célibataires. Je pense que c’est aussi ma chance d’avoir ma famille, mon mari. Au début, j’avais peur de le perdre. Et je lui demandais tout le temps : « Tu es sûr, ça va ? Tu m’aimes toujours ? » Il m’a répondu : « Mais tu es folle, tu es belle ! » Je n’ai jamais autant entendu cela que lorsque j’étais malade. Ma fille a dû abandonner une année d’université. Elle a raté la rentrée parce qu’elle était à Bruxelles à mes côtés, quand j’y étais hospitalisée. mes parents, mes sœurs… Je me suis aussi ouverte à la spiritualité. J’étais accompagnée d’une femme formidable avec qui nous avons travaillé sur mes chakras, notamment lors de mes chimiothérapies, je sais que cela peut paraître un peu fou, ce qui fait. Cela m’arrive parfois sur le plateau, je visualise la lumière. La lumière qui m’aide, qui nettoie mes cellules, pour qu’il n’y ait pas de récidive. Est-ce que ça joue, je ne sais pas.

La suite après cette annonce

Dans ma jeunesse, je me suis nourri des longs métrages de Wes Craven, de la saga « Freddy », de la série « Scream », et même de « L’Exorciste ».

Émilie Dequenne

On vous a vu éblouissant en mai à Cannes. Est-ce le plus beau festival que vous ayez jamais vécu ?
C’était magique. En fait, ce n’était pas le meilleur Cannes que j’ai vécu car j’ai adoré être membre du jury de la section Un certain regard en 2023. Cette année, c’était clairement un nouveau Cannes pour moi. Le Festival n’est pas une fin en soi, mais je voulais que cette image soit porteuse d’espoir. Je voulais montrer aux malades qu’on peut monter les escaliers avec son cathéter.

Avec Milla, sa fille de 21 ans, qu’elle a eu avec le DJ Alexandre Savarese. La jeune femme a reporté sa rentrée au collège pour s’occuper de sa mère.

Paris Match / © Patrick Fouque

Vous êtes né à Cannes avec « Rosetta », des frères Dardenne en 1999, votre premier film, pour lequel vous avez reçu un prix d’interprétation et qui a lancé votre carrière. Quel regard portez-vous sur ce dernier quart de siècle au cinéma ?
Je ressens beaucoup de gratitude. Avoir été désirée comme actrice, mon rêve. Avoir été choisi le jour même de mes 17 ans par les Dardenne, sans jamais avoir filmé, pour jouer Rosetta alors que je suis très différent d’elle. Au cinéma, j’aime tous les genres. C’est ce que j’ai essayé de montrer avec « Le Pacte des loups », de Christophe Gans ou avec les films d’André Téchiné, Lukas Dhont, celui d’Emmanuel Mouret, « Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait », pour lequel j’ai a remporté le César du meilleur second rôle, mais aussi au théâtre et à la télévision. Comme beaucoup, j’ai eu des périodes de doute, et c’est normal. J’ai eu la chance de toujours faire ce que j’aime.

En novembre, voyage mère-fille en Alsace « entre deux hospitalisations ».

©Instagram

Même du cinéma populaire et même du cinéma de genre, comme dans « Survivre », de Frédéric Jardin, où vous incarnez une mère qui doit sauver sa famille sur une Terre aride, ravagée par l’inversion des pôles magnétiques…
Les gens pensent que j’ai été formé par les œuvres de Buñuel ou de Mankiewicz, mais pas du tout. Je me suis créé une culture tard dans la vie. Dans ma jeunesse, je me suis nourri des longs métrages de Wes Craven, de la saga « Freddy », de la série « Scream », ou encore de « L’Exorciste ». J’ai toujours aimé l’idée de me faire peur. Le film de genre est finalement une forme de cinéma d’auteur. Dans « Survivre », Frédéric Jardin évoque plusieurs thématiques, comme le font souvent la science-fiction ou le fantastique. Celui, évidemment, de l’écologie et de la préservation de notre planète. Celle d’être une femme dans l’adversité. Mais quel que soit le genre, notre rôle en tant qu’artistes est de choisir des films qui ont quelque chose à dire, qui portent un message. Je ne peux pas accepter un projet qui ne correspond pas à mes convictions. Je ne parle pas publiquement, je n’affiche pas mes idées politiques car je pense que ce n’est pas notre rôle en tant qu’artistes. En revanche, dans mes choix cinématographiques, je peux le faire.

Sur Instagram, l’actrice partage les « bons » moments de sa maladie. A gauche, en avril, devant l’hôpital, elle annonce sa « rémission complète ».

©Instagram

Agissons-nous de la même manière dans le cinéma de Dardenne que dans celui de Frédéric Jardin ?
Un rôle est un rôle. J’ai toujours eu du mal à produire pour un acteur. Je déteste ça. Il faut expérimenter. Et, dans cette optique, le film de genre constitue un défi encore plus grand.

Comment s’annoncent les mois à venir ?
J’attends la sortie de « TKT », de Solange Sicurel, que j’ai tourné avant de tomber malade. Il traite du harcèlement scolaire et je pense qu’il ne laissera pas le public indemne. Mais d’abord, je vais passer cet été à me reposer en Corse. J’ai un autre projet qui n’est pas encore signé et que je tournerai jusqu’à la fin de l’année. Après cette petite pause forcée, j’en ai tellement envie !

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.

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