sur Twitch, les appels aux dons se multiplient en soutien à la population palestinienne
Plus d’une quarantaine de streamers se relaient jusqu’à mercredi sur la plateforme Twitch pour récolter des fonds « en soutien à la population palestinienne de Gaza et de Cisjordanie ». Une collecte d’argent en faveur de l’ONG Médecins du monde.
Plus d’une quarantaine de streamers, dont des vidéastes, se relaient jusqu’à mercredi sur la plateforme Twitch pour récolter des fonds « en soutien à la population palestinienne de Gaza et de Cisjordanie »consacrer le streaming caritatif comme levier de mobilisation.
Depuis vendredi, de nombreux créateurs populaires sur internet comme Horty, Ponce, Angle Droit, ou encore les journalistes Clément Viktorovitch et Samuel Etienne, habitués de la plateforme de diffusion en direct, ont rejoint « Streamers 4 Palestiniens »une collecte d’argent en faveur de l’ONG Médecins du monde.
450 000 euros récoltés lundi à 18 heures
« De nombreux streamers ont répondu très rapidement à l’appel »a expliqué vendredi sur sa chaîne Twitch Baghera Jones (639 000 abonnés), streameuse à l’origine de cette initiative qui devrait prendre fin mercredi soir. « C’est très nouveau pour moi, cela a été fait dans l’urgence puisque c’est une situation qui demande de l’urgence » a-t-elle également indiqué, alors que cette collecte a été lancée quelques jours après une frappe israélienne contre un camp de personnes déplacées au sud de la bande de Gaza.
A 18 heures lundi, la cagnotte comptait déjà plus de 450 000 euros récoltés. « Cette cagnotte pour la population palestinienne n’était pas prévue mais elle nous fait chaud au cœur car nous avons de grands besoins financiers sur le terrain », s’est réjouie Virginie Poux, chef de projet innovation au service collection de Médecins du monde. Des membres de l’ONG se sont également exprimés sur plusieurs chaînes pour répondre aux questions des internautes ou donner des exemples concrets sur l’utilisation de cet argent. « C’est aussi une manière d’expliquer ce que l’on fait, de rendre visible nos actions »note Virginie Poux.
Dynamique mondiale
Si des streams caritatifs existent depuis plusieurs années sur la plateforme détenue par Amazon, « Streamers 4 Palestiniens » a montré la rapidité avec laquelle ces initiatives peuvent être mises en place. « Les streamers proposent des diffusions quasi quotidiennes, durant généralement plusieurs heures, en direct et largement improvisées »explique le sociologue Samuel Coavoux, spécialiste des plateformes comme Twitch. « Tout est déjà prêt pour de tels événements ». Mi-mai, « Stream pour la Palestine »un événement similaire organisé par une douzaine de créateurs moins connus, avait déjà récolté plus de 12 000 euros sur un week-end « pour collecter des fonds pour les familles de Gaza ».
Mais cet élan ne se limite pas à la France. Jeudi, des dizaines de créateurs de YouTube et TikTok se sont réunis à Los Angeles pour la « Créateurs pour la Palestine »une diffusion en direct sur Twitch et YouTube qui a permis de récolter 1,5 million de dollars pour l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et les organisations humanitaires Palestine Children’s Relief Fund, Medical Aid for Palestiniens et HEAL Palestine.
Pour Samuel Coavoux, le fonctionnement même de la plateforme de streaming habitue les téléspectateurs à sortir leur portefeuille : « Les streamers comptent sur les dons réguliers ou ponctuels de leur public – et ils ont un public qui donne. » Ces dernières années, de nombreuses rencontres annuelles en ligne ont établi des records de dons : 10 millions d’euros pour des associations environnementales lors du marathon caritatif Zevent en 2022, ou encore 2 millions d’euros pour SpeeDons en mars, au profit également de Médecins du monde.
« C’est un levier parmi d’autres, mais un levier qui est très important pour nous »affirme Virginie Poux, qui y voit un apport « pas négligeable » au financement de l’ONG. Au risque, pour les streamers, de s’aliéner une partie de leur audience s’ils prennent position ? « L’engagement politique comporte toujours un risque, mais l’engagement caritatif, fondé sur la compassion plutôt que sur le plaidoyer, est plus sûr. »estime Samuel Coavoux.