Sur les retraites, Milei marque un point au Parlement, malgré la rue
Le président ultralibéral argentin Javier Milei a marqué mercredi un point législatif notable, lorsque le Parlement a validé son veto sur le sensible dossier des retraites, tandis qu’une manifestation hostile à l’extérieur, moins massive que prévu, a donné lieu à quelques affrontements.
Des affrontements sporadiques ont eu lieu en fin d’après-midi avec de petits groupes de manifestants, et la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en plastique, a constaté l’AFP.
Mais la place du Parlement, où plusieurs milliers de personnes s’étaient rassemblées dans l’après-midi, s’est vidée de ses manifestants vers 17 heures locales (20 heures GMT).
La télévision TN a fait état de 12 blessés et de trois arrestations, des chiffres non confirmés dans l’ensemble par des sources officielles.
La Chambre des députés, à une confortable majorité, n’a pas invalidé le veto présidentiel opposé il y a 10 jours à une loi adoptée par le Sénat, qui prévoyait une récupération des retraites gravement affectées dans les premiers mois de la gestion de Milei, par la dévaluation et l’austérité budgétaire.
Le texte prévoyait un rattrapage de 8,1% – la pension minimale en Argentine est de 225.454 pesos (230 dollars) – et ce indépendamment du futur système de retraite, qui sera désormais indexé sur l’inflation.
M. Milei s’était farouchement opposé à cette augmentation, appelant les sénateurs « Les dégénérés budgétaires » et les accuser d’irresponsabilité qui sera payée en points de croissance.
Depuis décembre, le président a mis en œuvre des mesures d’austérité drastiques qui ont entraîné plusieurs soldes budgétaires mensuels, sans précédent depuis 15 ans en Argentine, mais aussi une forte récession (-3,5% prévu fin 2024).
Pour être invalidé, le veto présidentiel nécessitait le vote favorable des deux tiers de chaque chambre. Parmi les députés, M. Milei – dont le petit parti libertaire est très minoritaire – a réussi à rallier les voix des députés de l’opposition modérée, du centre et du centre-droit, et son veto a prévalu.
L’inflation reste contenue
« Nous ne pouvons pas dépenser ce que nous n’avons pas »a lancé lors du débat la députée Juliana Santillan du parti présidentiel, reprenant l’un des slogans favoris du chef de l’État : « Il n’y a pas d’argent ! » (« Il n’y a pas d’argent ! »).
« Nous débattons de 15 000 pesos, soit une douzaine d’empanadas, pour chaque pension ! »de l’autre côté, le radical Rodrigo de Loredo (opposition, centriste) s’est indigné, en faveur d’un rattrapage pour les retraités qui ont souffert « un ajustement violent ».
A l’extérieur du Parlement, les forces de l’ordre, déployées en nombre, se préparaient à une manifestation qui s’annonçait risquée et qui rassemblerait des retraités dont les rangs étaient gonflés par les syndicats et les mouvements sociaux proches de l’opposition péroniste ou de la gauche radicale.
« Nous partons du principe que des actes de violence sont prévus (…) Selon ces éléments, une opération spéciale de sécurité sera menée. Attaquer le Parlement est une attaque contre la démocratie »a prévenu mardi le porte-parole de la présidence.
Les dernières manifestations de rue massives contre les réformes Milei ont eu lieu fin avril, lorsque des centaines de milliers de personnes à travers le pays se sont mobilisées pour défendre les universités publiques, forçant le gouvernement à revenir partiellement sur leur financement.
Après neuf mois au gouvernement et dans un contexte de ralentissement de l’inflation (entre 4 et 5% par mois depuis quatre mois), M. Milei conserve une image positive dans les sondages, oscillant autour de 50% – il a été élu en décembre avec 55% des voix.
L’indice d’inflation du mois d’août publié mercredi, à 4,2%, reste dans la lignée des mois précédents. Mais reste toujours spectaculaire, à 94,8% en cumul depuis le début de l’année. Le gouvernement table sur une inflation contenue à moins de 130% d’ici fin 2024, contre 211% pour l’an dernier.
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