Sur les Champs-Elysées, le défilé des champions met un terme à l’aventure Paris 2024
Sur les Champs-Élysées et la place de l’Étoile, athlètes, supporters et acteurs français des Jeux se sont retrouvés samedi pour un dernier moment de communion.
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« C’était une période exceptionnelle à vivre, aujourd’hui on vient lui dire au revoir. Et il y a un peu de nostalgie qui vient, forcément… » Vers 15 heures, Jordan et Thierry, deux spectateurs assis sur un banc à quelques mètres de la place de l’Étoile, samedi 14 septembre, observent la foule pas encore compacte se diriger tout autour de l’Arc de Triomphe.
C’est ici, en haut des Champs-Élysées, que les athlètes olympiques et paralympiques français des Jeux de Paris sont attendus pour être célébrés par leurs supporters, puis honorés par le président de la République.
Si les deux hommes se sont inscrits au billet gratuit pour vivre de près ce « défilé de champions », c’était surtout pour apercevoir celle qui a suscité le plus d’émotion chez eux : Aurélie Aubert, médaillée d’or en boccia. « Elle était impressionnante, on a découvert son sport un peu comme tout le monde. On a été émus lors de sa compétition, on l’a vue rayonnante dans les médias, éteignant la flamme lors de la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques… On ne peut pas l’oublier ! »
De l’autre côté de la place, Christophe, Séverine et leur fille Clarisse ont les yeux rivés sur l’écran géant situé à proximité. D’origine belge « mais résidents français depuis plus de 20 ans »dit le premier en riant, tous les trois ont été enthousiasmés par les performances des Bleus et sont impatients de les voir défiler.
« On a vécu des moments exceptionnels tout l’été, on avait envie de profiter une dernière fois de toute cette énergie, de vivre cette joie populaire. Ces champions, ils nous ont fait du bien. C’était une période morose pour tout le monde. Les Jeux sont arrivés à un bon moment. Et ce qui restera, c’est la grande chance d’avoir pu vivre ça au moins une fois dans sa vie. »
Au bas de la plus belle avenue du monde, en amont du cortège des athlètes, les bénévoles s’apprêtent à ouvrir le bal sur le podium géant de 300 mètres. Certains profitent du passage près des frères Lebrun ou d’Antoine Dupont pour leur demander un autographe, ou simplement leur glisser un mot de félicitations. Ce sont pourtant eux, dans leur désormais très reconnaissable tenue bleu-vert, qui sont les premiers à se relayer devant près de 30 000 personnes venues leur dire « merci ».
Jade, qui a pu travailler sur les sites de compétition mais aussi dans les fan zones de la ville de Paris, est presque submergée par l’émotion. « C’est une telle fierté et un immense honneur de pouvoir, à notre tour, être mis en avant un petit peuelle explique. « C’était une expérience tellement immense que je n’arrive toujours pas à y croire. » Juste à côté d’eux, Nélia Barbosa, la dernière médaillée française des Jeux paralympiques (argent en paracanoë), ne manque pas de les applaudir comme il se doit. « Les bénévoles ont fait un travail incroyable, ils ont été extrêmement engagés et c’est aussi grâce à eux que nous devons la magie de Paris 2024. »
La communion finale avec le public français se précise. « On est un peu fatigués, mais on est tous très contents de finir de la meilleure des manières devant ce public qui nous a poussés comme des fous. »souligne Emeline Pierre, or et bronze en paranatation. Plusieurs athlètes parlent, en passant au micro ou devant la caméra, de leur peur des hauteurs, du moment où tout s’arrête. Hector Denayer, double médaillé paralympique en paranatation, explique par exemple qu’il a été « un peu triste » cette semaine.
Après avoir quitté le village paralympique lundi, le jeune homme de 19 ans s’est rendu à Fontainebleau pour un stage d’initiation dans l’armée des champions, avant de revenir à Sélestat (Bas-Rhin) pour deux jours pour des rendez-vous médicaux et un peu de temps avec des amis. « On vient à Paris pour une dernière fête mais on sait que ce soir, tout sera fini. On a tellement travaillé toutes ces années pour que l’été passe en un rien de temps, c’est un peu dur ! »
Le sentiment est identique pour Cassandre Beaugrand, championne olympique de triathlon, qui s’exprime « une aventure incroyable » mais aussi un « page qui va se tourner »non sans faire la moue. « D’autant que ma saison n’est pas terminée, j’ai encore des compétitions, des titres à aller chercher, donc il faut que je me concentre là-dessus et après je penserai aux vacances. » « L’été a été merveilleux, mais il va falloir revenir à la vraie vie ! »résume avec le sourire Alexis Hanquinquant, médaillé d’or en paratriathlon.
Médaillé d’or en surf, Kauli Vaast a trouvé le moyen d’évacuer la morosité. « J’avais déjà prévu de tourner la page en me coupant les cheveux. Mais bon, ça s’est mal passé ! J’ai gardé la crête, mais elle repoussera. C’était une façon pour moi de prendre un nouveau départ. » sourit le Tahitien.
Vers 18 heures, Léon Marchand et ses amis terminaient leur déambulation sous les acclamations de la foule, avant de se diriger vers l’Arc de Triomphe pour la cérémonie de remise des décorations. L’ambiance rappelait celle du club français lors des célébrations des médailles, mais c’était déjà du passé. Dans l’air, il y avait un mélange d’émotions contrastées, entre l’envie de partager des sourires et, en même temps, de regretter la fin d’un été doré.
Évoquée par le président de la République, l’idée d’une fête nationale du sport tous les 14 septembre pourrait servir de planche de salut. Un projet que valide Nélia Barbosa. « Cela fait partie de l’héritage de ces Jeux de Paris, de faire en sorte que chaque année, on se souvienne qu’on a eu cet événement à la maison, que c’était fou malgré le scepticisme qu’il pouvait y avoir au début. Pendant plus d’un mois, on a partagé tous ensemble, on a fait preuve d’une solidarité exceptionnelle… Il ne faut pas oublier toutes les valeurs mises en avant par ces Jeux à la maison. »
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