Sur les autoroutes, recharger sa voiture dans les stations-service coûte (trop) cher
En circulant sur le réseau routier français, il est de plus en plus facile de recharger sa voiture électrique, le taux d’équipement en bornes de recharge ne cesse d’augmenter. Au 31 mars 2024, la France comptait 127 287 bornes de recharge selon l’Avere-France (Association nationale pour le développement de la mobilité électrique), soit une augmentation de 33 % sur un an.
Mais dans quelles conditions ce déploiement s’opère-t-il ? Dans un rapport publié cet été, repéré d’abord par Le Moniteur puis par Le Parisien , l’Autorité de régulation des transports (ART) souligne que, sur les aires d’autoroute, les tarifs de recharge électrique sont particulièrement élevés. En moyenne, 18 % d’une recharge électrique effectuée sur une aire de service partent dans les poches de la société concessionnaire de l’autoroute. Le taux de recharge moyen sur l’ensemble des contrats conclus sur les aires d’autoroute n’est que de 4,2 %. Ainsi, si vous achetez un café sur une aire gérée par Vinci, environ 4 % du prix lui est reversé par le prestataire. Mais si votre voiture est rechargée à quelques pas de la table où vous sirotez votre café, c’est cette fois 18 % du prix de votre « plein » que Vinci récupère. Une manne financière qui s’ajoute aux prix des péages.
Faire le plein d’électricité coûte aussi cher que le carburant
Dans le même temps, l’usager paie autant – ou presque – sa recharge électrique que son plein de carburant, loin des promesses de baisse du prix du kilomètre pour les consommateurs que transportaient les véhicules électriques. L’ART souligne qu’en 2022 : un utilisateur pourra s’acquitter d’un prix variant entre 0,4 et 1 €/kWh. En supposant une consommation de 25 kWh aux 100 km, cela correspond à un prix de 10 à 25 € aux 100 km. A titre de comparaison, en 2022, un utilisateur d’une voiture essence moyenne payait environ 13 € aux 100 km lors d’un plein sur autoroute.
L’institution note également que : Le prix élevé de la recharge électrique par rapport au prix du carburant est discutable car il constitue un frein à l’électrification du parc automobile.
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Pourquoi des prix aussi élevés ?
Les premières raisons sont davantage liées à l’équipement lui-même. Le raccordement au réseau électrique et le coût de construction du terminal sont les deux facteurs qui pèsent le plus dans l’équation initiale. Les aires d’autoroutes sont également équipées de bornes de recharge ultra-rapides, capables de recharger une voiture en une trentaine de minutes, quand il faut des heures chez soi. Plus rapide donc, mais aussi plus cher.
Or, pour l’ART, réduire la redevance versée aux concessionnaires d’autoroutes permettrait aussi de réduire la facture des usagers. Concrètement, en réduisant le taux de redevance de 18% à 5%, le (prestataire de services) pourrait simultanément réduire ses prix de plus de 10% tout en conservant la même rentabilité.
Le régulateur des transports préconise ainsi une nouvelle méthode de calcul pour évaluer les appels d’offres lors du choix des entreprises qui viennent s’installer sur les aires de repos. L’objectif : favoriser la mise en place d’un prix bas pour l’usager et, au contraire, dévaluer les redevances trop élevées qui pénalisent les consommateurs et, in fine, l’électrification du parc automobile français. Contacté, Vinci n’avait pas donné suite au moment de la rédaction de cet article.