Il s’agit d’un mouvement lent, progressif, mais de plus en plus visible. Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, le renforcement militaire du flanc oriental de l’OTAN est désormais une réalité de plus en plus tangible, des latitudes arctiques de la Finlande aux rives de la mer Noire en Bulgarie.
L’apogée de la guerre froide, lorsque plusieurs centaines de milliers de soldats, notamment américains, étaient massés aux frontières orientales de l’Europe, face aux forces soviétiques, est encore loin. Plus de 350 000 soldats américains étaient alors déployés en Europe, contre 100 000 aujourd’hui. Mais les renforts de troupes, la construction de bases militaires et de terrains d’entraînement, le prépositionnement de systèmes de défense antiaérienne donnent déjà lieu à des allées et venues quotidiennes le long des 2 500 kilomètres de frontière entre l’Alliance atlantique et la Russie.
Ce renforcement militaire du flanc oriental de l’Otan n’est pas nouveau. Il a débuté en 2014, après l’annexion de la Crimée par la Russie. Mais l’accélération du processus a été confirmée lors du sommet annuel de l’Otan à Madrid en juin 2022, et devrait recevoir un nouvel élan avec celui prévu à Washington, du 9 au 11 juillet. Alors que l’Alliance célèbre son 75e anniversaire, une nouvelle organisation du haut commandement militaire devrait notamment être finalisée, afin de coordonner l’ensemble des forces.
La conviction que la Russie tentera un jour de pousser son expansionnisme vers l’ouest de l’Ukraine est désormais partagée au sein de l’OTAN. « Pour l’instant, il n’y a pas de véritable face-à-face avec les Russes. Presque toutes leurs forces terrestres sont mobilisées en Ukraine. »explique Joris Van Bladel, spécialiste des affaires militaires russes et chercheur principal à l’Institut Egmont, l’Institut royal des relations internationales, en Belgique. « Mais dès que Moscou en aura les moyens, peut-être d’ici deux à cinq ans, le temps que son industrie de défense se réorganise, il poussera l’offensive. Ce à quoi nous assistons actuellement, sur le flanc oriental, est en réalité une course contre la montre. » »ajoute M. Van Bladel.
Course au réarmement
« Une nouvelle ère a commencé : celle d’avant-guerre. Je n’exagère pas. »Le Premier ministre polonais Donald Tusk l’avait affirmé dans une interview en mars. Dans cette course au réarmement, la Pologne est le pays où le processus est le plus significatif. Outre un réinvestissement massif dans son outil de défense – 4,1 % de son PIB en 2024, soit un quadruplement des dépenses depuis 2014 –, Varsovie a autorisé le déploiement de troupes de l’Otan sur pas moins de huit sites sur son territoire. De 2 800 militaires alliés mobilisables par l’Otan en mars 2018, le pays est passé à un total de 12 000 aujourd’hui, dont un bon nombre sont des Américains.
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