sur le bien-être animal, les Jeux Olympiques se veulent exemplaires
Un cheval aux narines ensanglantées, au poitrail moucheté, et le jury qui laisse le cavalier irlandais terminer son parcours de saut d’obstacles comme si de rien n’était ; une autre, récalcitrante, qui subit de multiples coups de fouet et d’éperons de sa cavalière allemande frustrée de ne pas avoir été obéie pour son épreuve d’équitation de pentathlon moderne : ces images choc diffusées en mondovision lors des Jeux Olympiques de Tokyo, Paris 2024 ne veut plus les revoir . Le bien-être animal est devenu une préoccupation majeure des organisateurs.
Pour la première fois, le Comité International Olympique (CIO) a confié la mise en œuvre de ses compétitions équestres à une entreprise privée. GL Events Equestrian Sports, déjà actif sur de nombreux événements internationaux, a remporté l’appel d’offres. « On n’a pas découvert cette question à Tokyo, nous sommes vigilants sur la santé des chevaux depuis plus de quinze anssouligne Sylvie Robert, sa présidente. Mais les excès persistent, et si l’on veut voir notre sport perdurer avec des chevaux heureux de sauter et de galoper, il faut en effet adapter, clarifier et faire respecter certaines règles. »
Un expert de premier plan pendant toute la durée des Jeux
En décembre 2023, GL Events a mis en place un comité bien-être animal, composé d’une dizaine d’experts chargés de réfléchir sur le sujet. « Une véritable avancée, qui pousse toutes les parties prenantes concernées à s’impliquer dans une démarche constructive », assure l’une de ses membres, Déborah Bardou, éthologue responsable d’une commission similaire au sein de la Fédération française d’équitation. Ainsi, le poste de « Coordinateur Bien-être du Cheval » a été créé pour Paris 2024, qui veillera spécifiquement au bien-être des chevaux tout au long de la quinzaine olympique.
« Une notion que je trouve un peu floue, je préfère parler de bien soigner », explique Richard Corde, qui doit assumer le rôle. Vétérinaire depuis plus de trente ans au sein de la Fédération Équestre Internationale (FEI), aujourd’hui à la retraite et président de la Ligue française pour la protection du cheval, l’expert ne se voit pas comme un super-policier des Jeux, mais plutôt « comme un lien entre tous les fonctionnaires », capable d’agir immédiatement s’il détecte des situations inconfortables. Que chacun espère le plus rare, tant les règles sont de plus en plus clairement posées et les moyens investis conséquents.
Que la mobilisation continue
« A Paris, les chevaux disposeront de boxes plus grands que les recommandations habituelles de la FEI, avec des sols en caoutchouc, des écuries tempérées avec un système de ventilation dynamique, des tentes de ravitaillement, des espaces de liberté pour les laisser partir individuellement »explique Thierry Grisard, vétérinaire délégué FEI. « Pour la partie sportive, les chevaux évolueront sur d’excellentes pistes, y compris pour le cross dans les sous-bois de Versailles que nous avons rénovés quasi artificiellement pour éviter les traumatismes », ajoute Jean-Philippe Camboulives, directeur de la FEI. Le soutien médical sera également pléthorique. « Toujours sur le parcours cross, nous aurons un vétérinaire par obstacle pour s’assurer de l’absence de danger »poursuit Thierry Grisard.
Concernant le pentathlon moderne, où le cheval est tiré au sort pour chaque concurrent et où le couple cavalier-cheval n’obéit donc pas à la même relation à long terme que dans les autres disciplines équestres, de longues discussions ont eu lieu. entre la FEI et l’Union Internationale de Pentathlon Moderne. « Les chevaux du pentathlon subiront des examens répétés et pourront également se familiariser pour la première fois avec le lieu avant la compétition.précise Thierry Grisard. Les obstacles sur les parcours ont été réduits, et la compétition devrait se dérouler bien mieux que lors des autres éditions. »