En 2019, en France, ceux de plus de 65 ans ont à peine passé une heure par jour sur Internet. Cette durée a presque doublé en cinq ans, pour s’installer à 1 h 53 en 2024, selon les chiffres dévoilés par Médiamétrie le 13 février. Cela les rapproche un peu plus de leurs cadets: tous les âges combinés, le « temps de surf moyen » est 2 h 40 par jour. Aucun autre groupe d’âge n’a vu sa durée quotidienne de se connecter à ce point.
« La pandémie covide-19 a eu pour effet de changer les dernières personnes qui n’étaient pas encore les utilisateurs d’Internet: le plus ancien », Explique Lucie Delias, conférencier en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paul-Valury de Montpellier. « Entre autres choses parce que les smartphones sont faciles à utiliser, et moins chers, mais aussi parce que nous n’avons plus le choix: aujourd’hui, tout se passe en ligne. » « La moindre approche administrative nécessite désormais une connexion Internet, car la «dématérialisation» totale des services publics en 2022.
Les utilisateurs d’Internet les plus anciens sont-ils comme les autres? Pas tout à fait. Premièrement, ils chérissent beaucoup moins de réseaux sociaux et de messages que leurs cadets. Ils leur consacrent moins d’un quart (22%) du temps qu’ils passent en ligne, contre près des deux tiers (60%) de cette époque pour les 11 à 24 ans et 30 à 40% pour les 25 à 64 ans.
« Le sentiment d’être conscient »
En plus de la messagerie WhatsApp, très populaire auprès des anciens pour rester en contact avec leurs proches et recevoir des photos de leurs petits-enfants quand ils ont, le réseau social qui a leur préférence est sans surprise Facebook. Ils ont presque la moitié (46%) pour y aller tous les jours, contre seulement 18% pour Instagram et 7% pour Snapchat, les deux réseaux préférés d’adolescents et de jeunes adultes.
Rose-Marie, une avocate à la retraite de 68 ans, est avec plaisir à Facebook, en particulier pour apprendre. Mais cela passe également par la page de nouvelles de Google et par les newsletters reçus par e-mail. «Cela me donne le sentiment d’être conscient de la vie du monde, de ne pas être trop dépassé. »» Comme de nombreux utilisateurs d’Internet de sa génération, il s’engage également dans des jeux en ligne, dans ce cas, le Scrabble. « Cela prend du temps, mais il semble que cela maintient le cerveau. »
Depuis que Rose-Marie s’est rendu compte qu’elle passait environ quatre heures par jour sur son smartphone, qui lui a négligé certains romans offerts par son club de lecture, elle a essayé de mettre la pédale douce. « Je clique moins qu’avant les informations des liens vers les gens. Nous pouvons être moins avares avec votre temps lorsque vous êtes à la retraite, je ne veux pas perdre le mien! » «
Déficit de culture numérique
Tout aussi perméable que les autres groupes d’âge avec la «conception de l’attention», les personnes âgées ont toujours un véritable déficit de culture numérique, observe la chercheuse-chercheurs Lucie Delias. « C’est le public qui transmet les informations les plus fausses en ligne, et qui tombe le plus souvent dans le signe des images générées par l’intelligence artificielle – et non par de vraies personnes comme ils l’imaginent. »
Sur les réseaux sociaux, où ils ont tendance à être exposés en public – plutôt que des cercles plus limités comme leurs cadets – cela peut susciter des moqueries. « Cette stigmatisation n’est pas anecdotique: elle a un impact sur leurs utilisations en fonctionnant comme une prophétie autorisante », continue Lucie Delias. En d’autres termes, le plus ancien internalise cette idée que Internet n’est pas vraiment pour eux.
« J’ai peur de faire de la stupidité »,« Nous ne sommes pas nés avec » : Ces phrases, l’assistant numérique indépendant Jean-Louis Reynes les entend lors de chacun des ateliers qu’il anime à Mayenne. « Même avec des gens à peine 60 ans! », Il est surpris. «Les personnes âgées que je vois sont très stressées à l’idée de faire des achats en ligne ou des procédures administratives. Ils le font rarement seul, demandant de l’aide à un enfant ou à un professionnel. »»
Moins d’achats en ligne
Les plus de 65 sont les seuls pour lesquels le commerce en ligne n’est pas tout à fait évident. Ils ne sont « que » que 78% à chaque mois sur au moins l’un des 100 principaux sites de commerce électronique, selon Médiamétrie, contre plus de 90% pour tous les autres groupes d’âge, et encore plus de 95% pour les enfants de 25 à 49 ans .
La télévision, à laquelle les personnes âgées restent attachées, modélise en partie leur vision Internet. Cependant, les rapports consacrés aux escroqueries en ligne sont devenus presque quotidiens. « Résultat, ils sont extrêmement prudents, explique Lucie Delias. Cela peut avoir un effet protecteur, mais il n’est pas viable à long terme. La panique les paralyse et ralentit leur acquisition potentielle de l’autonomie numérique. »»
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Qu’en est-il des autres groupes d’âge?
2 h 40 est le temps moyen Passé chaque jour sur Internet par les Français en 2024, selon l’évaluation annuelle de Médiamétrie. C’était 2 H 06 en 2019. Par des groupes d’âge:
• 4 h 21 pour les 15-24 ans (23% de plus qu’en 2019)
• 3 h 14 pour 25 à 49 ans (11% de plus qu’en 2019)
• 2 h 55 pour les 11 à 14 ans (19% de plus qu’en 2019)
• 2 h 53 pour les 50 à 64 ans (40% de plus qu’en 2019)
• 1 h 53 pour ceux de plus de 65 ans (82% de plus qu’en 2019)
Pour se connecter, L’écran de prédilection est de loin mobile: 80% du temps passé en ligne est sur le smartphone.
Des 2: 40 dépensés sur Internet, 1 H 03 est dédié aux réseaux sociaux et aux messages, avec de fortes disparités en fonction de l’âge.