Par
Maréva Laville
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« On s’attendait à des propositions dures », confesse Cédrick Le Névanen, coordinateur adjoint CFTC à Airbus Défense et Espace a Toulouse. Et ils étaient stricts. L’entreprise a annoncé, ce mercredi 16 octobre, un projet de suppression de 2 500 postes en France sur les 7 000 postes qui existent dans l’Hexagone.
« Combien y en aura-t-il à Toulouse ? Comment cela sera-t-il distribué ? Pour l’instant, nous n’avons pas eu de détails», demande le syndicaliste. Mais quelques mois après les premiers signaux d’alarme lancés à la fin de l’année dernière, le plan souhaité par Airbus Defence and Space « de adapter l’organisation et le personnel à la lumière d’un environnement commercial difficile », révèle-t-on.
Airbus Defence and Space explique
Suite aux informations révélées par‘AFP, le numéro un mondial des satellites de télécommunications a justifié et détaillé son intention.
« Les mesures envisagées incluront à la fois la création d’un une structure organisationnelle plus efficace et efficiente, notamment en ce qui concerne fonctions du siègeainsi que la responsabilité opérationnelle de ses segments commerciaux Air Power, Space Systems et Connected Intelligence », écrit la société depuis Munich.
Postes supprimés mi-2026
Ces suppressions d’emplois sont attendues pour mi-2026. « Évidemment, nous ne prévoyons pas d’en parler avant un an. Un an, ce serait trop long, les annonces ont commencé l’année dernière », rappelle Cédrick Le Névanen de la CFTC.
Il faut dire que, selon le syndicaliste, les problèmes persistent depuis longtemps. Presque, une décision était espérée du côté de Toulouse. « Nous représentons des salariés conscients de la nécessité de transformer l’entreprise. De la dysfonctionnements faire souffrir les salariés. De la prise de décision lente qui, intérieurement, sont pénibles à vivre. »
Les syndicats réclament l’absence de « licenciements secs »
Mais ce que les syndicats surveilleront de près, c’est l’aspect social.
2 500, c’est énorme, ça représente beaucoup de familles !
Si l’entreprise ne prévoit pas aucune action obligatoire » et « travaillera avec ses partenaires sociaux pour limiter l’impact des suppressions d’emplois en s’appuyant sur toutes les mesures sociales disponibles », prévient la CFTC : « nous ne voulons en aucun cas des licenciements forcés. Cela pourrait être conflictuel.
Du côté de la CFE-CGC, on confirme le ton. Le syndicat « exige un engagement ferme de la direction pour garantir qu’il n’y ait pas de pas de licenciements ni de fermetures de siteset demande l’ouverture de discussions pour limiter le nombre de postes supprimés.
Face à un marché compliqué, « il faut s’adapter » dit Airbus
Les syndicalistes estiment en effet que la masse salariale « est notre valeur ajoutée. C’est ce qui nous permet d’être bons sur le marché. » Un marché que les ingénieurs toulousains savent compliqué.
« Ces dernières années, les secteurs de la défense et de l’espace ont été touchés par une contexte commercial très changeant et très difficile
caractérisé par des chaînes d’approvisionnement perturbées, des changements rapides dans les modes de guerre et une pression croissante sur les coûts en raison des contraintes budgétaires », explique Mike Schoellhorn, PDG d’Airbus Defence and Space.
Des premiers efforts ont été entrepris l’année dernière et « ont commencé à porter leurs fruits, notamment en termes de performance opérationnelle et de gestion des risques », ajoute le patron. Mais l’entreprise franchit néanmoins une nouvelle étape pour faire d’Airbus Defence and Space un « acteur leader et compétitif sur ce marché en constante évolution ».
Cela nous oblige à devenir plus rapides, plus efficaces et plus compétitifs. Nous devons nous adapter si nous voulons défendre notre industrie et diriger l’écosystème aérospatial de défense européen.
Les syndicats craignent une lourde surcharge de travail
Mais l’entreprise entend rassurer. « Airbus a une longue expérience en tant qu’employeur responsable dans des situations difficiles et cette fois-ci ne fera pas exception. »
Toutefois, du côté des syndicats, les souvenirs ne sont pas si heureux. Comme leur concurrent Thales, ils craignent plutôt des répercussions sur les salariés qui resteront. « Les plans sociaux précédents avaient conduit à unforte surcharge de travailpour les salariés restés dans l’entreprise et perte de compétences avérée», s’inquiète Thierry Préfol, délégué syndical CFE-CGC.
« Une fois qu’on aura retiré des gens, ce n’est pas par magie que la production aura lieu », estime Cédrick Le Névanen de la CFTC. Cela impliquera-t-il davantage de sous-traitance ? « Les détails de ce plan seront précisés en concertation avec les partenaires sociaux de l’entreprise », conclut Airbus Defence and Space.
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