« Superstar » de son époque, oubliée aujourd’hui… pourquoi il faut relire Anatole France
Même un siècle après sa mort, le prix Nobel de littérature 1921, décerné à Dreyfus, unanimement célébré en son temps, reste peu connu des lecteurs. Comment expliquer ce désenchantement ?
Dans Les dieux ont soif, en pleine Révolution française, le jeune artiste Évariste Gamelin rêve d’un monde vertueux. Pour mettre fin à des siècles d’inégalités et d’abus de pouvoir, il voudrait effacer les rois et les valets des jeux de cartes et les remplacer par des allégories d’égalité ou de fraternité. Il siège au tribunal révolutionnaire où, poussé par de nobles sentiments, il n’hésite pas à envoyer certains proches à la guillotine. Il laisse parler son cœur et ses idéaux car, note Anatole France, ceux qui ont jugé « avec le coeur, ceux-là toujours condamnés « . La mécanique infernale du Bien finira par conduire Évariste lui-même à l’échafaud, et l’auteur souligne avec ironie ces paradoxes du destin humain.
Son roman de 1912 fut longtemps considéré comme un fleuron de la littérature, encore plus après le prix Nobel qui couronna Anatole France en 1921…