L’islamologue suisse Tariq Ramadan a été condamné en appel en Suisse pour viol et contrainte sexuelle à une peine de trois ans de prison, dont un an ferme, a annoncé mardi la justice genevoise.
La Chambre pénale d’appel et de révision « annule le jugement du Tribunal pénal du 24 mai 2023 en déclarant Tariq Ramadan coupable de viol et de contrainte sexuelle pour la quasi-totalité des faits dénoncés », a indiqué la Cour de justice de Genève, confirmant une information de la télévision publique suisse RTS. Elle « condamne Tariq Ramadan à une peine privative de liberté de trois ans, sans sursis pendant un an ».
Le procureur avait requis une peine de trois ans de prison, dont la moitié ferme. Tariq Ramadan, figure charismatique et controversée de l’islam européen, nie tout acte sexuel et avait plaidé l’acquittement. Il avait été jugé pour la première fois l’an dernier etacquitté au bénéfice du doute.
Convertie à l’islam, la plaignante, « Brigitte », qui porte ce nom pour se protéger des menaces, a assuré aux juges qu’il lui avait fait subir des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d’insultes dans la chambre de l’hôtel genevois où il séjournait, dans la nuit du 28 octobre 2008.
Une « énorme influence »
Intellectuel suisse spécialiste de l’islam, contesté et à l’influence déclinante, ce petit-fils du fondateur de la confrérie islamiste égyptienne des Frères musulmans, également docteur de l’Université de Genève pour une thèse consacrée à son grand-père, a connu son heure de gloire dans les années 2000, régulièrement invité par plusieurs universités en Europe, au Maroc, au Qatar ou au Japon.
En 2004, le magazine américain Temps il l’a classé parmi ses 100 personnalités de l’année pour son « énorme influence » sur les musulmans européens.
Parfois accusé d’antisémitisme – qu’il nie au nom du droit de critiquer l’État d’Israël –, il a aussi été accusé, notamment dans les milieux laïcs, d’ouvrir la voie au communautarisme, de pousser les jeunes filles à porter le voile et de masquer son fondamentalisme religieux sous un discours moderniste. Ce qu’il a toujours réfuté.
Premières plaintes en 2017
Fin 2017, les premières plaintes en France sont déposées contre lui. Le théologien est peu à peu abandonné par ses soutiens – y compris au Qatar. Il prend congé de sa chaire de professeur d’études islamiques contemporaines à Oxford (Royaume-Uni), qu’il occupait depuis près de douze ans.
Dans ce dossier, il est soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes au total – ce qui lui a valu plus de neuf mois de détention provisoire en 2018, dont il est sorti en novembre de la même année. Deux d’entre elles accusent l’islamologue de les avoir violées à Lyon. « Christelle » est ainsi la deuxième femme à porter plainte contre lui, en octobre 2017, pour des faits qui auraient eu lieu en octobre 2009 dans une chambre de l’hôtel Hilton de Lyon.
Deux ans plus tard, en mai 2019, c’était au tour d’une quinquagénaire de la région lyonnaise de porter plainte contre Tariq Ramadan et l’un de ses amis. Ils l’auraient violée en mai 2014 à l’hôtel Sofitel, alors qu’elle interviewait le théologien dans sa suite.
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