Stevie Wonder revient avec « Pouvons-nous réparer le cœur brisé de notre nation »
Plongez dans les dernières éditions du Festival International de Jazz de Montréal et du Festival d’été de Québec.
Encore un très bon (f)estival vintage, de la belle Province. On est ici dans le spectaculaire, le surnuméraire, l’inimaginable parfois, et surtout les foules insolites. Que ce soit à Montréal avec son Festival international de jazz ou à Québec et son Festival d’été, les chiffres à eux seuls font tourner la tête. Ces événements du centre-ville où tout est à quelques minutes de marche – restaurants, hôtels, boutiques, friperies – sont assez uniques et originaux : s’il y a une partie payante, de nombreux concerts, quelle que soit la ville, sont accessibles gratuitement. Ainsi, à Montréal, quatre scènes étalées au milieu du Quartier des spectacles permettent de découvrir de jeunes talents ou des superstars, de Pokey LaFarge et Jeremy Dutcher au Cinematic Orchestra, ou encore au spectaculaire Apashe pour un spectacle son et lumière avec un orchestre symphonique.
À Québec, la capitale, la barre était également placée très haute ! Pour la scène principale, afin d’accueillir des foules en délire – jusqu’à 100 000 personnes – dans de meilleures conditions et pour s’assurer que la visibilité ne soit plus un obstacle, le festival a investi dans des écrans géants, panoramiques, incurvés, haute définition, d’une superficie de 672 mètres carrés, soit 25 m de large et plus de 20 m de haut ! « On avait à cœur d’offrir quelque chose d’unique en Amérique, a rappelé le directeur de la programmation, Louis Bellavance, en marge du festival. Avant d’ajouter : « Du point de vue artistique, on avait très peu de défis. Les artistes étaient là. On a pu passer du temps sur le terrain, voir ce que ça donnait pour les festivaliers, pour les artistes. On a eu un festival extrêmement diversifié cette année. La programmation était très, très forte. »
Quant à la 44e édition du Festival international de jazz de Montréal, qui s’est déroulée du 27 juin au 6 juillet, elle proposait une immense programmation de 350 concerts, dont les deux tiers étaient gratuits. Un large éventail, des légendaires Stanley Clarke et Al Di Meola en première partie, au grand Marcus Miller, en passant par le lumineux Québécois d’origine haïtienne, Dominique Fils-Aimé, en passant par la chanteuse inuite Elisapie ou les Brésiliens du groupe psychédélique, Os Mutantes… Le vieux (et sage) Farka Touré, qui a envoûté une petite salle à l’italienne, s’est vu décerner un prix d’honneur. Mais la palme, cette année, pourrait bien revenir au résident canadien, Orville Peck, le mystérieux cow-boy et chanteur-guitariste de country issu du punk et installé à Toronto. Masqué, tatoué, muscles huilés, sombrero noir constellé de broderies et costume rouge scintillant de mille feux, le beau gosse a fait chavirer tous les cœurs avec sa belle voix grave et ambrée, mêlée à celle de Johnny Cash et de Nick Cave. Véritable sensation dans le monde de la country et bien au-delà, il a réussi l’exploit de réunir Willie Nelson, Elton John et Kylie Minogue dans Stampede, son dernier album sorti au début de l’été.
Dans la foulée, à 800 kilomètres plein nord, la 56e édition du Festival d’été de Québec (FEQ), l’un des plus importants en Amérique du Nord, a été, comme on pouvait s’y attendre, tout aussi spectaculaire. Entièrement présentée en plein air, sur les vastes plaines d’Abraham surplombant le fleuve Saint-Laurent, ainsi que sur d’autres scènes situées à proximité (dont deux gratuites), la programmation comprenait des prestations incroyables, comme le concert explosif, à guichets fermés, du charismatique Post Malone, qui a littéralement électrisé 100 000 festivaliers. La veille, c’était le Zac Brown Band, avec Charley Crockett, la nouvelle étoile du genre, en ouverture des plaines, qui enflammait les plaines devant plus de 80 000 amateurs de country venus de partout au pays et des États-Unis voisins. Une célébration joyeuse et diversifiée, « un événement populaire, aimé, voire adoré du public autant que des artistes », souligne Maurin Auxéméry, le directeur de la programmation, qui développe également un volet professionnel accueillant cette année quelque quatre-vingts décideurs de l’industrie musicale canadienne et internationale.
Ladite programmation, plus restreinte certes, mais structurée autour de styles musicaux variés, réunissait Nickelback, 50 Cent, The Offspring, les Jonas Brothers, Kansas, J Balvin – qui a fait danser la foule –, ou encore les Québécois Karkwa, à qui on a donné carte blanche sur la grande scène. Pour clore, quoi d’autre que Mötley Crüe ? Autour de Vince, plutôt en forme, Nikki Sixx et surtout Tommy Lee ont donné le show le plus chaud du festival avec un répertoire revigoré, notamment grâce à l’arrivée de John 5 à la guitare, dont le jeu a admirablement égalé celui de ses prédécesseurs.
Sur l’une des deux scènes gratuites, nous avons aussi apprécié l’univers audacieux et métissé de la franco-japonaise Maïa Barouh (oui, la fille de…), volcanique et virevoltante dans son kimono moiré. Saluons aussi l’organisation impeccable dans ses moindres détails, qui permet à une marée humaine de se disperser rapidement et joyeusement dans ces nuits québécoises que nous ne pouvons que vous recommander !
Loraine Adam et Belkacem Bahlouli
Revivez les festivals d’été qui ont eu lieu en France, au Québec et partout dans le monde dans le dossier éditorial, paru dans notre numéro 165, disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne.
Grb2