Steve Stievenart alias Steve le phoque, le maître des nageurs en eau libre
A l’image du phoque, son animal fétiche, Steve Stievenart passe la majeure partie de son temps dans l’eau. Lorsqu’il répond à notre appel téléphonique à 9h, il est déjà en maillot de bain, prêt à repartir. L’homme de 46 ans s’impose deux entraînements quotidiens pour être à la hauteur des exploits qu’il enchaîne.
Premier Français à avoir réalisé une traversée aller-retour de la Manche en 2020, il est aussi, depuis juillet 2023, le seul nageur au monde à avoir réalisé une triple traversée entre Los Angeles et l’île Catalina. Soit 150 kilomètres dans le Pacifique. « Je suis parti un mardi soir, pour arriver un vendredi », résume Stève, comme s’il était normal de passer sa semaine en eau salée.
S’enfoncer pour mieux se relever
Avant de repousser les limites de la nage en eau libre, l’homme a d’abord touché le fond. À 40 ans, suite à une rupture amoureuse, il a coulé. « C’était une spirale vicieuse. J’ai dormi dans un hangar pendant un an. Au moins, je me suis habitué au froid », ironise-t-il.
En quête d’un point d’appui, il se souvient d’un rêve d’enfant qui deviendra sa bouée de sauvetage. « Quand j’avais cinq ans, mon grand-père m’emmenait voir le départ des traversées de la Manche. Je me suis souvenu de l’admiration que j’avais pour les nageurs et je me suis dit que je pourrais devenir nageur moi-même. »
Pour ses exploits, il adopta le régime alimentaire du phoque.
Il met alors les bouchées doubles et part en Angleterre pour rencontrer celui qui deviendra son entraîneur, Kevin Murphy, 34 passes décisives à son actif. Il change aussi radicalement de mode de vie.
« J’ai adopté le régime des phoques, à base de poissons gras, qui leur permet de résister au froid. » En quatre ans de ce pain, il a pris 47 kilos, et un surnom tout trouvé : Steve le phoque.
Comme un poisson dans l’eau
Son nouveau corps lui permet de s’adapter à cet élément aquatique parfois hostile, comme lors de cette traversée où il s’est retrouvé coincé dans un filet de pêche. Ou entouré de dizaines de requins, nageant à quelques mètres de lui.
Parfois magique, comme la fois où un groupe de dauphins est venu à son secours alors qu’il nageait au milieu des méduses. « J’essaie de me rappeler que dans l’océan, je suis toujours un invité. Et que je dois m’adapter, jusqu’à ne faire qu’un avec la mer. » Jusqu’à ce que je me sente comme un phoque dans l’eau.
➤ Article publié dans le mRevue GEO HS n°122Départ, août-septembre 2024.
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