Les ventes de véhicules électriques (VE) se stabilisent en Europe, en partie grâce à la France et à ses bail social réussi. Dans le même temps, l’Allemagne ignore sérieusement l’électricité depuis la fin soudaine des subventions gouvernementales.
Les constructeurs sont donc contraints de revoir leur stratégie à moyen terme. Presque personne ne parle de vendre exclusivement de l’électrique avant 2030, et tout le monde repousse l’échéance en s’orientant vers le compromis qu’est l’hybride. L’Europe n’entend cependant pas leur faciliter la tâche en rendant les batteries rechargeables beaucoup moins attractives fiscalement.
Les constructeurs automobiles sont ainsi contraints de baisser de plus en plus leurs prix sur les véhicules électriques, réduisant ainsi leurs marges bénéficiaires afin d’attirer les clients et potentiellement impactant à la fois l’écologie et l’emploi.
Une situation compliquée
Dernière mésaventure, Automotive Cells Company (ACC), une joint-venture soutenue par Stellantis, Mercedes et SAFT (un fabricant de batteries racheté par TotalEnergie), surnommée « l’Airbus des batteries », met un coup d’arrêt sérieux à ses investissements. L’entreprise a annoncé la suspension de ses projets de construction d’usines de batteries en Allemagne et en Italie. Une décision résultant de la nécessité de revoir sa stratégie et d’étudier la marche à suivre dans un marché très incertain. Les détails du nouveau calendrier devraient être annoncés fin 2024 ou début 2025.
Cette décision est étroitement liée à la stagnation du marché de l’électromobilité, alors que les spécialistes prévoyaient une poursuite de sa croissance dans les années à venir. En outre, l’inflation met à rude épreuve les budgets des ménages, la montée en flèche des taux d’intérêt nuit au crédit et la réduction ou la suppression des aides d’État n’aident pas.
Quel avenir ?
Afin de rendre les prix de leurs modèles plus attractifs, les constructeurs se tournent de plus en plus vers les batteries LFP (chimie lithium-fer-phosphate), bien moins chères que les NMC (nickel-manganèse-cobalt) que devaient produire les usines. de l’ACC, mais aussi largement exploité par les chinois afin de réduire leurs coûts de production, et donc ceux d’acquisition par le client final.
Compte tenu de ces changements rapides, Stellantis a entamé une coopération avec CATL, le géant chinois des batteries, visant à se procurer des batteries LFP. Mais cela pourrait avoir un impact sur l’emploi sur le Vieux Continent et sur l’écologie à l’échelle mondiale, car produire des batteries directement en Europe réduit les émissions de CO2 de 37% selon un récent rapport de l’organisation Transport & Environment (T&E).
Heureusement, Stellantis n’exclut pas de produire ces batteries moins chères en coopération avec CATL et au sein de l’Union européenne. Cependant, cet arrêt de la part de l’ACC indique un ralentissement important de la transition énergétique.