Alors que la plupart des grands constructeurs réclament un report de l’échéance de 2035 pour la fin de la vente des moteurs thermiques en Europe, Stellantis exprime une nouvelle fois sa volonté d’accélérer. On se souvient que début octobre, le directeur général du groupe franco-italo-néerlando-américain (!) Carlos Tavares résumait la situation en ces termes : «tout le monde connaît les règles depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se préparer, et maintenant on court« .
C’est désormais au tour de Jean-Philippe Imparato, ancien patron d’Alfa Romeo et désormais responsable de la branche européenne de l’entreprise, d’être plus précis sur ce point. A l’occasion du Mondial de l’Automobile de Paris, il a déclaré que Stellantis devrait doubler sa part de véhicules électriques l’année prochaine, pour atteindre 24% des ventes totales de véhicules afin d’atteindre l’objectif 2025. ‘ajoute ça « Si la demande de véhicules électriques reste aux niveaux actuels, la seule façon d’atteindre l’objectif et d’éviter une amende sera de réduire la production de voitures à moteur à combustion.« , selon les termes rapportés par Actualités automobiles. « Ma première tâche est d’aligner la production des véhicules vendus au premier trimestre 2025″ d’ici la première semaine de novembre. (…) Puisque nous produisons uniquement des véhicules faisant l’objet d’une commande client, nous assemblerons autant de moteurs thermiques que nécessaire pour maintenir la part des véhicules électriques au niveau requis.« .
Stellantis seul contre tous
L’enjeu pour les constructeurs est d’éviter les énormes amendes encourues en cas de non-respect des objectifs d’émissions de CO2 : Luca de Meo, patron de Renault, évoque ainsi un montant de plus de 10 milliards d’euros d’amende si les marques n’atteignent pas l’objectif de 95 g de CO2/km pour l’ensemble de leur flotte, contre 106 g en 2023 (chiffres de l’Agence européenne de l’environnement). Le rythme exigé par les autorités est trop rapide, selon celui qui est également président de l’Association des constructeurs européens d’automobiles : « nous avons besoin d’un peu plus de flexibilité dans l’horaire (…) Passer de 10% de part de marché des VE à 100% en douze ans, c’est vraiment très compliqué« .
Mais pas grand-chose pour Stellantis, qui s’est organisé en créant une joint-venture avec le chinois Leapmotor, dont il détient 51% des parts, afin de vendre des modèles électriques à prix ajustés sur le continent européen. Les émissions de CO2 de ces véhicules seront ainsi intégrées à celles de l’ensemble du groupe. Intelligent.
Imparato refuse cependant de donner un objectif de ventes pour Leapmotor l’année prochaine en Europe, mais ajoute qu’en incluant les véhicules de cette marque, la part moyenne combinée des véhicules électriques de Stellantis s’élèverait à environ 20 %.
Enfin, pour accélérer les ventes de modèles « zéro émission » dans ses réseaux, Stellantis réfléchit à un système de bonus adapté à chaque marché : «Les concessionnaires espagnols et italiens, où la part de marché des véhicules électriques est inférieure à 5 %, ne seront pas obligés de vendre 20 % des véhicules électriques l’année prochaine. Mais aux Pays-Bas, il faudra peut-être atteindre 50 %. Ceux qui joueront au jeu auront beaucoup à gagner.
Et d’ajouter que l’avantage d’un véhicule électrique, c’est qu’il « peut être vendu trois fois« , de par sa simplicité mécanique (un moteur électrique est quasiment indestructible) et le faible kilométrage attendu – du moins sur les citadines. Tout cela dans un monde parfait, bien sûr. Car pour l’instant, ainsi que Jean-Philippe Imparato l ‘avoue, le plus urgent est de faire face à l’afflux de retours de modèles électriques financés par leasing en 2021-2022 : « une montagne !« , selon le gérant.