Un deuxième véhicule pour les lignes de production de La Janais, c’est l’annonce qu’espéraient les 1.800 salariés de l’usine rennaise Stellantis, ce lundi 18 novembre, à l’occasion de l’arrivée de leur grand patron, Carlos Tavares. Mais « il n’y aura pas de nouveau modèle dans l’immédiat », a déclaré le PDG lors d’un échange avec la presse, où il a souligné que les équipes avaient, à court terme, du « travail » devant elles. ils.
L’usine se trouve en effet à un moment clé de son histoire : jusqu’ici dédiée aux Peugeot 5008 (arrêtée en octobre dernier) et au Citroën C5 Aircross (dont l’arrêt est prévu cet automne), elle s’apprête à produire, en 2025, un C5 Aircross nouvelle génération. Un changement qui devrait permettre de réembaucher environ 250 intérimaires, dont les contrats prendront fin fin 2024.
Lancé au second semestre, le futur SUV sera réalisé à partir du même châssis que les autres modèles de la galaxie Stellantis. Alors « dans la mesure où le C5 Aircross repose sur cette plateforme, tout est possible », a souligné Carlos Tavares, même si « rien n’est prévu pour l’instant ».
« Zone d’inconfort »
Des propos qui ne ravissent pas les syndicats, pour qui l’attribution d’un deuxième véhicule à La Janais est nécessaire pour « saturer » ses capacités de production et réduire sa dépendance aux fluctuations du marché. « Le premier véhicule nous donne certes une visibilité pour les quatre à cinq prochaines années, mais il ne nous protège pas complètement. On reste dans une zone d’inconfort avec un seul produit», pointe Laurent Valy, délégué syndical CFDT.
L’avenir de La Janais est-il garanti ? Tout en félicitant les efforts de transformation de l’usine pour atteindre ses objectifs de coûts et de qualité, Carlos Tavares s’est bien gardé de commenter. « Dans le monde d’aujourd’hui, notamment occidental, les garanties n’existent pas », a souligné celui qui doit prendre sa retraite en janvier 2026 et qui, début octobre, n’excluait pas des fermetures de sites. en Europe, face aux difficultés du marché de l’automobile neuve : baisse des ventes, déclin des véhicules électriques, montée de la concurrence chinoise, etc.
Nous étions une usine à cheveux gris, nous sommes de plus en plus une usine à cheveux blancs. Renouveler les générations est nécessaire pour renouveler les compétences
Plusieurs moteurs, un atout
Pour le PDG de Stellantis, l’activité de l’usine rennaise « dépend du succès commercial du nouveau véhicule ». Un succès qui sera obtenu si 50 000 à 80 000 unités sont produites chaque année. Le futur C5 Aircross présente pour lui un atout majeur : il peut être disponible en version thermique ou électrique, et surtout en motorisation hybride, actuellement très demandée.
En attendant, les syndicats souhaitent que le groupe se projette sur le long terme. « Il faut pouvoir embaucher pour former, retrouver les compétences qu’on perd avec les départs incessants », prévient David Ruellan de la CFTC. Pour le délégué CFE-CGC Didier Picard, il y a bel et bien urgence : « Nous étions une usine à cheveux gris, nous sommes de plus en plus une usine à cheveux blancs. Renouveler les générations est nécessaire pour renouveler les compétences. Tout cela prend du temps, Stellantis a assez attendu.