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Station de ski, restaurant étoilé… Que sait-on de son voyage polémique au Japon ?

Plus de 48 heures après la publication de l’article Monde Faisant état du voyage « très confidentiel » de Laurent Wauquiez au Japon en mars, la polémique ne s’est pas apaisée. Les élus socialistes de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont adressé lundi une lettre au président, dans laquelle ils lui demandent de fournir les factures des activités « organisées dans le plus grand secret », « avant le début » de sa mission officielle en Asie. . Activités ayant généré des coûts susceptibles de relever de ses « dépenses personnelles ».

Ils dénoncent également « l’opacité qui entoure les activités d’Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises », l’agence économique qui a organisé ce voyage. Que reprochent-ils à Laurent Wauquiez ? Ce voyage était-il « discret » ? 20 minutes faire le point.

Quel était ce voyage ?

Il s’agissait d’un déplacement « à vocation économique », selon l’agence Auvergne-Rhône-Alpes-Entreprises (ARAE), qui se présente comme le « bras armé » de la région en matière de développement économique et de délocalisations industrielles. .

Demandé par 20 minutes, ce dernier n’avait pas répondu à nos questions au moment de la publication de cet article. Elle a toutefois précisé à l’AFP que le voyage avait pour but de « promouvoir les entreprises industrielles de la région » lors du Smart Manufacturing Summit, qui s’est déroulé du 13 au 15 mars à Tokyo. Vingt entreprises locales faisaient partie de la délégation, a-t-elle mentionné le mois dernier sur sa page Linkedin.

La « collaboration avec la préfecture d’Aichi (sud-ouest de la capitale) a débuté en 2022 avec la signature d’un accord » entre les deux régions « sous la houlette du gouverneur Hideaki Ohumra et Laurent Wauquiez », a rappelé-elle. Et d’ajouter : « Ce nouveau rendez-vous concrétise l’importance du développement économique et notamment des secteurs stratégiques comme l’hydrogène, le numérique, l’industrie du futur. »

« Il n’y a rien d’illogique en soi qu’un président de région se déplace à l’étranger pour créer du lien et promouvoir son territoire. Mais ce sont plutôt les détails du programme qui nous préoccupent et qui nécessitent des éclaircissements», souligne Johann Cesa, vice-président du groupe socialiste.

Quels sont ces détails qui n’ont pas échappé à l’opposition ?

Les dates du séjour, dans un premier temps, ont interrogé les élus socialistes. Laurent Wauquiez a quitté la France le 8 mars pour atterrir à Tokyo le 9. » Il a ensuite pris un vol pour Sapporo (à l’extrême nord de l’archipel) et s’est rendu pendant deux jours à la station de ski de Kiroro. Il est rentré à Tokyo le lundi 11 mars à 23 heures, explique Johann Cesa à 20 minutes. Nous aimerions savoir si ces billets d’avion, transfert en station, nuits d’hôtel, repas, forfaits de ski et location de matériel ont été payés par les fonds personnels de Laurent Wauquiez ou par les Entreprises Auvergne-Rhône-Alpes. Si tel est le cas, cela pose problème car cette agence est financée à 80% par des fonds publics. » Et de résumer : « Cela reviendrait à dire que son séjour au ski a été payé par les contribuables ».

De son côté, l’ARAE a assuré Monde que des rencontres avaient été organisées sur place entre les acteurs locaux et les entreprises d’Auvergne-Rhône-Alpes spécialisées dans le secteur de la montagne, comme le Club Med (qui possède une station à Kiroro) ou le cluster Montagne. Mais l’un des participants a témoigné anonymement au quotidien national qu’il n’avait jamais vu Laurent Wauquiez à ces rendez-vous d’affaires depuis deux jours.

L’opposition régionale remet également en question l’organisation d’un dîner au restaurant étoilé « Lugdunum Bouchon Lyonnais », par le chef Christophe Paucod. Un repas auquel auraient été conviés 150 chefs d’entreprise français et japonais. Un « deuxième dîner au sommet », dénonce Johann Cesa. « On peut se demander s’il s’agissait de favoriser les liens économiques ou si cela a servi les intérêts électoraux de Laurent Wauquiez pour ses ambitions politiques pour 2027 », s’interroge-t-il. Et de demander « toutes les factures pour la tenue de ce dîner et la liste détaillée des participants. »

A sa connaissance, précise-t-il, Laurent Wauquiez est le seul élu d’Auvergne-Rhône-Alpes présent au Japon puisque la vice-présidente, Stéphanie Pernod, chargée des relations économiques, n’est pas du voyage.

Peut-on parler de « voyage discret » ?

« Laurent Wauquiez, pourtant prompt à communiquer lorsqu’il s’agit de la région Auvergne-Rhône-Alpes ou de lui-même, est resté cette fois très discret », accuse Johann Cesa. Il n’a absolument rien posté sur son compte Twitter, contrairement au président d’Occitanie, qui était également en voyage au Japon début mars. » Rien de foncièrement répréhensible, même ce silence peut laisser dubitatif.

L’Aderly, agence de développement économique de la région lyonnaise, qui œuvre également pour le rayonnement international de la ville, a indiqué lundi à 20 minutes n’ayant été « en aucun cas associé ni même informé de cette mission, alors même que le Japon fait partie des marchés qu’il prospecte depuis des années ».

Faut-il alors penser que ce voyage a été organisé en catimini ? « Les élus régionaux n’en ont pas été informés. Ce voyage ne figurait pas dans la liste des « temps forts » de l’année 2024 présentée au comité », assure Johann Cesa, pièce justificative. A l’inverse, le CES de La Vegas, le Salon de l’Agriculture ou encore le Mountain Planet, qui a eu lieu à Grenoble les 16 et 17 avril, sont évoqués.

« Il est faux de dire que ce voyage avait un quelconque caractère confidentiel », a répondu l’ARAE à l’AFP. « Nous avions communiqué à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux, avec des entreprises et avec le grand public », se défend-elle.

Nous avons remonté le compte X de l’agence (anciennement Twitter) sans trouver aucune trace d’annonce ou de reportage sur l’événement. Idem sur sa page Facebook. L’agence avait en revanche publié au préalable un communiqué sur son site internet, invitant les chefs d’entreprise à postuler pour ce voyage et précisant qu’il aurait lieu du 11 au 15 mars.

Le programme prévisionnel proposé, accessible sur Internet, n’indiquait alors aucun déplacement vers la station de Kikoro. L’ARAE a également publié des publications, photos à l’appui, sur sa page LinkedIn, comme nous le mentionnons en début d’article, pour rappeler l’objectif et l’importance de cette mission.

Cammile Bussière

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