Sciences et technologies

Starliner et deux astronautes bloqués à la Station spatiale internationale

La Nasa va devoir s’armer de patience. L’agence spatiale américaine a annoncé mardi qu’elle reportait le lancement d’astronautes avec SpaceX d’août à fin septembre, en raison de problèmes rencontrés par le vaisseau spatial Starliner de Boeing, amarré à la Station spatiale internationale depuis deux mois.

En effet, la capsule Starliner, qui a transporté début juin deux astronautes de la NASA vers la Station spatiale (ISS), ne devait initialement passer qu’un peu plus d’une semaine dans l’espace, mais des tests ont dû être effectués après que plusieurs anomalies ont été détectées en vol.

Depuis, la mission traîne en longueur et sa date de retour est de plus en plus incertaine. Si le véhicule de Boeing s’avère dangereux pour ramener ses deux astronautes, la NASA devra trouver un autre moyen de les ramener sur Terre. L’agence spatiale américaine pourrait par exemple envisager d’utiliser un vaisseau de SpaceX, laissant Starliner revenir vide.

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Le retour des deux naufragés de l’espace de Boeing

La prochaine mission habitée de SpaceX est une mission de rotation régulière pour l’équipage de l’ISS. Les quatre membres de cette mission, baptisée Crew-9, devaient initialement décoller à la mi-août, pour soulager les quatre membres de Crew-8 actuellement à bord du laboratoire volant. Mais Crew-9 pourrait finalement partir avec seulement deux astronautes au lieu de quatre, afin de pouvoir ramener les deux naufragés de l’espace de Boeing à son retour, selon la presse spécialisée.

Le lancement de Crew-9 a désormais été repoussé au 24 septembre au plus tôt, a annoncé la NASA.

 » Cet ajustement donne plus de temps (…) pour finaliser la planification du retour du vol d’essai habité de Boeing  » a-t-elle écrit, ajoutant que l’analyse des tests effectués sur Starliner était toujours en cours.

 » La NASA et Boeing continuent d’évaluer l’état de préparation du vaisseau spatial » Starliner et « aucune décision n’a été prise concernant son retour « , a ajouté l’agence spatiale américaine. La NASA prévoit une conférence de presse mercredi, couvrant à la fois Starliner et Crew-9.

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Problèmes lors du décollage

La capsule, après son décollage vers l’ISS, avait rencontré des problèmes avec son système de propulsion ainsi que des fuites d’hélium. Trois tentatives avaient d’ailleurs été nécessaires pour réussir à faire décoller l’appareil, avec Barry à bord. Hommasse » Wilmore, 61 ans, capitaine et pilote de chasse à la retraite de la marine américaine, et Sunita « Soleil » Williams, 58 ans, ancien pilote d’essai d’hélicoptère de la Marine.

En effet, le décollage avait été annulé au dernier moment en raison de problèmes techniques, alors que les astronautes avaient déjà pris place à bord et que la fusée était remplie de carburant. Un problème de valve sur la fusée, puis un problème d’alimentation d’un des ordinateurs au sol, responsables de ces annulations, qui avaient été réparées pour ce nouvel essai.

Le constructeur américain avait déjà accumulé des années de retard dans son programme, se faisant ainsi largement devancer par SpaceX, qui transporte déjà depuis 2020 des astronautes de la NASA vers l’ISS.

Contrats avec Boeing et SpaceX

Pour la NASA, qui a commandé ce véhicule il y a dix ans, l’enjeu était de disposer d’un deuxième véhicule en plus de celui de SpaceX pour transporter les astronautes américains et mieux répondre aux « différents scénarios » en cas d’urgence, par exemple en cas de problème sur l’un des navires.

En 2014, l’agence spatiale a signé un contrat avec Boeing et SpaceX pour construire chacun un vaisseau, lui permettant de ne plus dépendre de la Russie et de Soyouz pour rejoindre l’ISS. SpaceX a développé la capsule Dragon, dont les voyages ont commencé il y a quatre ans. Des dizaines de personnes ont déjà volé avec Dragon, lors de missions de la NASA, mais aussi lorsque le Starliner rencontrait plus de difficultés.

Audiences à Washington dans le cadre de l’enquête sur le crash du Boeing d’Alaska Airlines

Outre l’espace, le groupe cumule depuis plusieurs mois une série de problèmes de production et de qualité qui affectent, à des degrés divers, trois des quatre avions commerciaux qui sortent actuellement de ses usines (737, 787 Dreamliner et 777). Un incident en vol survenu le 5 janvier sur un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, entraînant une multitude de répercussions juridiques, politiques, réglementaires et de gouvernance.

Et pour le énième épisode de la saga des malheurs de Boeing : le National Transportation Safety Board (NTSB) américain tient mardi et mercredi des auditions dans l’enquête sur l’incident en vol du 737 MAX 9 d’Alaska Airlines. Le 5 janvier 2024, lors de la phase d’ascension d’un Boeing 737 MAX 9 assurant le vol 1282 d’Alaska Airlines reliant Portland (Oregon) à Ontario (Californie), un butoir de porte – un couvercle bloquant une issue de secours redondante – s’est détaché, laissant un trou béant dans le fuselage et causant quelques blessés légers.

Un mois plus tard, le National Transportation Safety Board (NTSB) publiait un rapport préliminaire accablant pour le géant de l’aéronautique. Selon le NTSB, l’absence d’usure ou de déformation à certains endroits indiquait que  » quatre boulons destinés à empêcher la porte du capuchon de se déplacer vers le haut manquaient avant qu’elle ne se déplace « L’agence a recueilli des documents écrits et des photos montrant que les employés de Boeing ont retiré les boulons lors d’une inspection dans son usine d’assemblage de Renton, dans le nord-ouest de la Floride.

(Avec AFP)