Springfield, une ville sous tension à cause de la rhétorique anti-migrants de Trump
Mackenso Roseme, un immigrant haïtien aux États-Unis, a appris que la mairie de sa ville était fermée après qu’une alerte à la bombe a confirmé la tension à Springfield jeudi.
Il a ensuite quitté son travail dans un entrepôt d’Amazon à proximité de Dayton et s’est rendu à l’école primaire de son enfant.
Là, il est tombé sur un panneau en anglais, en espagnol et en créole indiquant que les élèves avaient été évacués vers le lycée.
« Quand je suis arrivé ici (à Springfield), je n’avais aucun doute. Mais le moment actuel est vraiment inquiétant. »a-t-il confié à l’AFP, en référence aux rumeurs infondées relayées par Donald Trump contre les migrants haïtiens vivant dans la commune.
« Je suis un peu stressé. Je pense qu’il pourrait se passer quelque chose. »il ajoute.
Les responsables de Springfield ont déclaré avoir ordonné l’évacuation de l’hôtel de ville jeudi. « En raison d’une menace à la bombe visant plusieurs agences de Springfield aujourd’hui, l’hôtel de ville est fermé. »peut-on lire sur le compte Facebook officiel de cette petite ville de 60 000 habitants située dans l’État de l’Ohio. De cette population, quelque 15 000 migrants sont arrivés ces dernières années, dont un nombre important d’Haïtiens.
« Racines racistes »
Depuis lundi, Springfield est au cœur d’une vive polémique, lancée par la droite radicale et attisée par Donald Trump, qui affirme faussement que ces migrants haïtiens s’en prennent aux chiens et aux chats pour les manger.
Bien que la police locale ait catégoriquement démenti cette théorie, de même que de nombreux médias de vérification d’informations dont l’AFP, le candidat républicain l’a répétée à plusieurs reprises depuis mardi, alors qu’il l’avait déjà répandue lors de son débat télévisé face à Kamala Harris.
La Maison Blanche a pour sa part dénoncé une « théorie du complot (…) aux racines racistes ».
« Ce genre de discours, ce genre de désinformation est dangereux, car les gens y croiront, aussi absurde et stupide soit-elle, et ils pourraient réagir d’une manière qui pourrait causer des blessures. »John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de l’exécutif, l’a déclaré mardi.
Jeudi, la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a martelé le point : « Ces propos orduriers (…) mettent des vies en danger » Dans « les communautés qui sont visées par ces tentatives de diffamation ».
Pendant ce temps, sur le terrain à Springfield, des initiatives tentent d’apaiser la tension et la confusion. Un groupe de religieux de différentes origines ethniques a convoqué une conférence de presse jeudi. Ils se sont montrés en train de prier ensemble, les mains jointes, et ont appelé à l’unité.
Clergé solidaire
« Il s’est passé des choses aujourd’hui, des menaces de violence »Wes Babian, ancien pasteur d’une église baptiste locale, a déclaré à l’AFP. « Cela nous a incités à appeler le clergé à se rassembler pour exprimer notre soutien au peuple haïtien et notre préoccupation pour son bien-être. ».
Les accusations anti-haïtiennes à Springfield semblent provenir d’un simple message sur Facebook, prétendument publié par un résident de Springfield, qui a lui-même cité un ami de la fille de son voisin disant que ses propres voisins – vraisemblablement haïtiens – essayaient de manger son chat.
Malgré le caractère hautement douteux de la rumeur, Donald Trump et ses proches n’ont jusqu’à présent montré aucune volonté de revenir sur leurs affirmations.
« L’Ohio est inondé de migrants sans papiers, la plupart originaires d’Haïti, qui envahissent les villes et les villages à un rythme sans précédent. »le candidat républicain a écrit à nouveau jeudi sur son réseau Truth Social.
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