Spotting, blanchiment… Le mode opératoire d’un « prédateur aguerri »
Sur les bancs publics rouges de la cour d’assises de Loire-Atlantique, de nombreux jeunes, peut-être âgés de 19 ou 20 ans. L’âge qu’aurait eu Céleste si elle n’avait pas croisé la route de François Vergniaud, un après-midi d’août 2020 à Nantes. L’adolescente, dont le visage souriant apparaît sur les t-shirts blancs portés par ses proches, a été violée et tuée par un inconnu, qui s’est approché d’elle dans la rue pour lui demander de l’aide pour porter un carton. C’est ce terrible meurtre qui occupera le tribunal correctionnel pendant cinq jours.
Interrogé sur cette « impulsion »
Elle a commencé par s’intéresser à la personnalité du suspect, un récidiviste de 50 ans habitant près d’Ancenis, et déjà condamné pour plusieurs viols, avec le « même modus operandi ». Pourquoi était-il là ? Pourquoi est-ce tombé sur cette adolescente de 15 ans, décrite par ses parents comme « douce », « prudente », voire « méfiante », sortant quelques minutes pour récupérer un colis ?
L’homme aux cheveux grisonnants, enveloppé dans une veste marron, expliquera dans les prochains jours les faits qu’il a reconnus « dans leur intégralité » d’une voix faible, lors de ses premiers mots ce vendredi matin. Il sera aussi sûrement interrogé sur cette « pulsion » survenue quelques jours auparavant, qu’il dit avoir tenté d’assouvir en se rendant à Nantes, sans téléphone. S’il a rapidement reconnu avoir voulu s’en prendre à la jeune Céleste, qui habitait à peine à 150 mètres du lieu du drame, il a néanmoins nié l’intention de lui suicider.
Lavez votre victime avec de l’eau de Javel de la tête aux pieds
Ce que les enquêteurs ont établi, c’est que l’accusé, un homme religieux, en couple depuis plusieurs années et dont l’enfance n’a été marquée par aucune violence, s’y était rendu deux jours auparavant pour localiser les lieux. Deux jours plus tard, cet individu « costaud » a été aperçu effectuant des allers-retours suspects entre un immeuble de la rue Adolphe-Moitié et son véhicule, une Jaguar, transportant de gros sacs. Petit à petit, l’intrigue du drame se précise, même si de nombreuses zones d’ombre persistent. Profitant d’une porte cassée d’un immeuble abandonné qui devait subir des travaux, il aurait attiré sa victime qui passait par là dans la cour arrière, avant qu’elle ne se débatte, sans qu’aucun voisin ne puisse le faire. voir.
C’est là qu’il l’aurait forcée à monter au deuxième étage de l’immeuble inoccupé avant de lui attacher les mains et les jambes et d’annoncer son intention de l’agresser sexuellement. Malgré les propos de la jeune femme qui a tenté de le raisonner, l’homme l’aurait touchée jusqu’à la « pénétration violente ». Pour arrêter ses cris, il lui a serré le cou, avant de laver sa victime à l’eau de Javel de la tête aux pieds.
Pour tenter d’effacer encore plus de traces, il est également soupçonné d’avoir allumé deux incendies sur les lieux du crime. C’est à l’arrivée des pompiers que le corps de la jeune Céleste, en partie nu et dont l’autopsie dira plus tard qu’elle est morte par asphyxie, est retrouvé. L’ADN isolé de son corps a permis d’interpeller le suspect une semaine plus tard à son domicile. « Si cette fille n’était pas morte, il y en aurait eu d’autres (…) Je suis un prédateur aguerri », aurait déclaré l’accusé, lors d’une audience, au directeur de l’enquête, appelé à la barre ce vendredi.
« Ce procès ne doit pas être un énième fait divers »
Car dans ce procès, impossible d’oublier que François Vergniaud a été condamné à dix-huit ans d’emprisonnement pour neuf faits de viol, trois tentatives de viol et une agression sexuelle commis entre 2001 et 2003, avec le même scénario, mais sans avoir donné la mort. Libéré en 2014 après dix ans d’incarcération, il a depuis repris sa vie, complété un nouveau diplôme d’agriculteur, et acheté une maison avec sa compagne, sa « première relation amoureuse », qui continue de lui rendre visite. dans le salon.
Alors que son suivi socio-judiciaire a été respecté et qu’il a été soutenu psychologiquement, ce procès est-il aussi celui de la récidive ? « Les parents ont été très dignes durant ces quatre années, mais maintenant que l’heure est venue de parler, ils espèrent que Céleste n’est pas morte pour rien », réagit l’avocat de la famille, Me Charles Philip. Ce procès ne doit pas être un énième fait divers mais doit avoir un impact sur le reste de la société. Sur la question de la récidive bien sûr, mais aussi celle du viol. » L’accusé risque la réclusion à perpétuité.