C’est un phénomène qui cristallise souvent les peurs en vol. Les turbulences atmosphériques, comme celle qui a causé mardi la mort d’un passager d’un vol de Singapore Airlines, sont parfois difficiles à prévoir et s’accentuent avec le changement climatique.
Selon les experts, ils sont liés à une modification des courants d’air affectant la stabilité d’un vol. Ils peuvent être causés par des orages, des mouvements d’air autour des montagnes, des fronts d’air froids ou chauds, ou même des courants-jets – des bandes de vents forts circulant autour de la Terre.
« Des turbulences inattendues peuvent survenir »
« Bien que les météorologues disposent d’excellents outils pour prévoir les turbulences, ils ne sont pas parfaits et des turbulences inattendues peuvent survenir », a déclaré Thomas Guinn, professeur à l’Université aéronautique Embry-Riddle.
Concernant le vol dramatique de mardi, « les premiers éléments semblent indiquer des turbulences en air clair, le type de turbulence le plus dangereux », selon l’Association of Flight Attendants-CWA, représentant plusieurs dizaines de milliers d’agents de bord.
Celles-ci sont définies comme « des turbulences soudaines et importantes survenant dans des zones sans nuages et provoquant de violentes secousses de l’avion », précise le régulateur américain de l’aviation civile (FAA). Ils sont « particulièrement problématiques car ils sont souvent rencontrés de manière inattendue et fréquemment sans signaux visuels avertissant les pilotes ». Ce type de turbulence peut se produire particulièrement à proximité des courants-jets et est communément associé à un phénomène de cisaillement du vent (changements brusques de vitesse et/ou de direction du vent).
Des décès très rares
Surtout, selon un rapport de 2021 du National Transportation Safety Board des États-Unis, les turbulences continuent d’être « une cause importante d’accidents et de blessures ». Or, « les décès liés aux turbulences sur les vols commerciaux sont heureusement très rares », constate Paul Williams, professeur de sciences atmosphériques à l’université de Reading. « Il n’y a pas eu de décès lié aux turbulences sur un vol commercial depuis 2009. »
Ses recherches montrent en revanche que la crise climatique aggrave leur fréquence car elle « augmente l’écart de température entre les pôles froids et les tropiques chauds ». «Cet effet provoque davantage de cisaillement dans le jet stream, ce qui génère davantage de turbulences. » Les fortes turbulences « d’air clair » dans l’Atlantique Nord ont déjà augmenté de 55 % depuis 1979.
Attachez vos ceintures de sécurité
« Nos dernières projections prévoient un doublement, voire un triplement des fortes turbulences dans les courants-jets dans les décennies à venir, si le climat continue de se réchauffer comme prévu », ajoute Paul Williams. Pour Thomas Guinn, les passagers des avions devraient donc garder au maximum leur ceinture de sécurité à bord car dans ce cas « il y a beaucoup moins de risques d’accident. »