Souvent déficitaires, les start-ups de l’IA sont sous pression
En août, Google a embauché les cadres et ingénieurs de la start-up d’intelligence artificielle (IA) Character AI. En juin, Amazon a fait de même avec des recrues d’Adept AI. Et, en mars, Microsoft avait déjà marqué les esprits en absorbant une partie de l’équipe d’Inflection AI, dont son cofondateur, Mustafa Suleyman, un ancien de DeepMind. Or, cette société avait été créée deux ans plus tôt seulement pour concurrencer le chatbot ChatGPT et était valorisée 4 milliards de dollars (3,6 milliards d’euros), après avoir levé 1,3 milliard de dollars de capitaux. Ces débauchages ont été constatés dans tout le secteur et vus comme un signe de la pression économique à laquelle, après une phase d’euphorie, les jeunes pousses de l’IA sont désormais soumises, aux États-Unis ou en Europe.
« Les startups d’IA dépensent souvent beaucoup d’argent et peuvent survivre un à deux ans au maximum sans lever de fonds. »a expliqué Clément Delangue, co-fondateur de Hugging Face, dans une interview au Monde. « Je pense que(en 2024) « Nous verrons de plus en plus l’accent mis sur la rentabilité des start-ups d’IA »a ajouté le directeur général de cette plateforme de publication d’outils et de modèles d’IA, racontant qu’il était contacté chaque semaine par « dix start-ups » souhaitant « se faire racheter ».
Le ciel s’est un peu assombri depuis que certains déplorent l’existence d’une bulle spéculative dans l’IA générative, qui permet de générer et traiter des textes, des images ou des sons. « L’IA générative : trop de dépenses pour trop peu de bénéfices ? » s’interrogeait en juin la banque d’investissement Goldman Sachs. Le coût de calcul pour former et faire fonctionner les IA, ainsi que la persistance d’erreurs dans leurs réponses, posent question sur le rythme de leur déploiement dans les entreprises.
Des investissements lourds
Par ailleurs, les start-up, souvent fabricants de modèles ou de services d’IA, doivent aussi composer avec les géants du numérique, à la fois partenaires et concurrents : via leurs filiales de services aux entreprises dans le cloud (cloud computing), ils fournissent aux start-up du calcul et diffusent leurs modèles. De plus, Google, Microsoft ou Meta peuvent déployer des assistants IA sur leurs propres smartphones, moteurs de recherche, réseaux sociaux ou logiciels bureautiques.
Même l’entreprise qui a créé ChatGPT, figure de proue du secteur, suscite des interrogations. « Comment OpenAI peut-il survivre ? », a demandé, en juillet, dans un post provocateur, le communicateur et essayiste critique de l’IA Ed Zitron, doutant des chances de « rendre rentable » l’entreprise. Selon les médias Les informations, Les revenus d’OpenAI ont doublé en un an et dépassent les 3 milliards de dollars en rythme annuel. Mais son déficit atteint 5 milliards, en raison notamment des 4 milliards de frais de calcul versés à son partenaire Microsoft. Ce dernier a investi 13 milliards de dollars dans OpenAI, mais la start-up chercherait à lever à nouveau plus de 5 milliards, ce qui la valoriserait à 150 milliards de dollars, selon la presse américaine.
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