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Soutien sans participation de LFI : « Jean-Luc Mélenchon vient mettre en échec le roi Emmanuel Macron »

En ouvrant la porte au soutien sans participation de LFI au gouvernement pour permettre à Lucie Castets d’être nommée Première ministre, Jean-Luc Mélenchon a pris de court l’ensemble du monde politique. Poussant ses adversaires à se dévoiler, son coup tactique a été diversement apprécié : la proposition a été applaudie par ses alliés du NFP, tandis que le camp présidentiel et la droite ont admis que la proposition du chef de file de LFI ne changeait pas la donne, leur opposition étant également justifiée par le programme de l’union de la gauche. « Un excellent coup tactique » loue le communicant Philippe Moreau-Chevrolet tandis que le politologue Olivier Rouquan y voit une « compétence » qui ne répond pas aux préoccupations des Français.

Depuis Châteauneuf-sur-Isère, où se sont tenues les 24 et 25 août les universités d’été de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon a fait la démonstration de ses talents de tacticien. « Le gouvernement de Lucie Castets, s’il ne comporte pas de ministres insoumis, vous engagez-vous à ne pas voter la censure ? » Bluff ou véritable mouvement, Jean-Luc Mélenchon n’en a pas dit plus sur le statut de cette déclaration. En revanche, le chef de file de La France Insoumise a enchaîné avec une interpellation à ses adversaires des partis présidentiels et de la droite : « Si vous répondez non, nous dirons que les ministres insoumis sont, en fait, un prétexte. C’est le programme dont vous ne voulez pas. »

L’extrême droite, la droite et la coalition présidentielle refusent

Ce matin, Jordan Bardella et Marine Le Pen, au sortir de leur rencontre avec Emmanuel Macron dans le cadre des concertations à l’Elysée, ont sans surprise déclaré qu’ils voteraient la censure d’un gouvernement de Nouveau Front populaire, ministre LFI ou non. La proposition du leader insoumis ne leur était pas adressée et leur position avait déjà été annoncée par d’autres cadres du RN ces dernières 48 heures.

Elle n’était pas très différente de celles de nombreux poids lourds de la droite et du centre qui ont immédiatement refusé un gouvernement NFP, même sans LFI. Christian Estrosi, maire d’Horizons de Nice, comme Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs LR au Sénat, ont d’emblée dit non au programme inspiré de LFI. Tous deux s’en tiennent aux positions défendues par la droite avant la pause estivale, notamment le pacte législatif défendu par Laurent Wauquiez, axé sur le retour de l’autorité et le redressement des finances publiques et qui trouve son origine dans le travail du groupe LR au Sénat. Le chef de file des députés LR, lors de sa rentrée parlementaire, a considéré LFI comme « sans doute le plus grand danger politique » pour la France et a appelé à un blocage. Côté camp présidentiel, François Bayrou considère la position de Jean-Luc Mélenchon comme un « tour de passe-passe » et juge le programme NFP « dangereux » même sans la présence d’un ministre LFI.

« Sa stratégie est de dynamiter la position de l’Elysée »

Le politologue Olivier Rouquan reconnaît une « proposition astucieuse qui renvoie la balle à la coalition Ensemble et l’oblige à se positionner ». Pour le spécialiste de la communication Philippe Moreau-Chevrolet, patron de MCBG Conseil, la manœuvre de Jean-Luc Mélenchon est un « excellent coup tactique » qui lui a permis de mettre « en échec le roi Emmanuel Macron » et de montrer que la position de son camp contre les ministres LFI n’était en réalité qu’un prétexte. Objectif principal de cette déclaration : « dynamiter la position de l’Elysée ». Le seul argument de son camp « pour refuser Lucie Castets était de ne pas vouloir de ministre LFI. La déclaration de Jean-Luc Mélenchon l’a obligé à changer de langage ». Cette proposition a aussi un effet clarificateur plus large car elle montre plus que jamais le retour « de la logique droite-gauche » selon le professeur à Sciences Po pour qui « le camp présidentiel se classe clairement à droite. C’est vraiment la fin de l’Europe ».

Olivier Faure : plus aucun obstacle pour la nomination de Lucie Castets

Invitée au « Grand Jury-RTL-Le Figaro-Public Sénat », la secrétaire nationale des Écologistes a estimé que le chef des Insoumis était « beaucoup plus ouvert et constructif que ceux qui nous donnent des leçons de morale ». « On va arrêter de dire que c’est nous le problème », a-t-elle déclaré, reprenant les propos de Jean-Luc Mélenchon, qui répète depuis des semaines qu’il est du côté de la solution et non du problème.

Ce matin, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a mis la pression à l’Elysée, arguant que « le prétexte qui avait jusqu’ici été utilisé pour refuser la candidature de Lucie Castets est levé ». Le coup de poker de Jean-Luc Mélenchon est aussi un coup habile à l’égard de son camp. En évoquant la possibilité d’un soutien sans participation, il ne peut plus être contredit et se replace en position centrale. « Le leadership à gauche a clairement été pris par Jean-Luc Mélenchon », commente Philippe Moreau-Chevrolet.

« Soutiendrait-il une majorité de gauche qui irait jusqu’à Ensemble ? »

Difficile cependant de dire quelles sont les intentions de Jean-Luc Mélenchon à l’égard de ses alliés du NFP. « Est-il sincère dans sa démarche ? », s’interroge le président de MCBG Conseil. Veut-il vraiment que le gouvernement soit formé sans LFI ? Si oui, est-ce aussi pour conserver son indépendance à l’égard d’un éventuel gouvernement Lucie Castets, qui devrait sans doute construire des compromis et des accords de coalition plus larges, pour éviter la censure. A des années-lumière des propos de Jean-Luc Mélenchon qui, au soir du second tour des législatives, affirmait avec force qu’il fallait reprendre « l’intégralité du programme » du Nouveau Front populaire et « seulement son programme ».

Le chercheur Olivier Rouquan souligne également que « fondamentalement, la nomination d’un Premier ministre et d’un gouvernement repose sur un accord sur une politique à mettre en œuvre. Jean-Luc Mélenchon soutiendrait-il un gouvernement de gauche qui ne modifierait pas la position française au Moyen-Orient ? Ou qui soutiendrait un budget réaliste ? Bref, soutiendrait-il une majorité de gauche qui irait jusqu’à Ensemble ? Car la question fondamentale est de savoir comment élargir même une majorité relative. Que la base soit le PFN ou Ensemble, il faut l’élargir pour se protéger au maximum des censures répétées. »

Veulent-ils gouverner ou pensent-ils seulement à 2027 ?

Dans la séquence, le soutien sans participation évoqué par Jean-Luc Mélenchon est aussi une référence au Front populaire, qui, en 1936, s’est constitué avec le soutien sans participation des communistes. « Cette référence historique légitime sa position auprès de ses propres troupes, car il doit aussi faire accepter cette proposition par les cadres de LFI. C’est de la communication interne », analyse Philippe Moreau-Chevrolet, qui entend montrer qu’un gouvernement, malgré l’absence des personnalités politiques les plus à gauche dans la séquence, aurait pu être synonyme de nombreuses conquêtes sociales. A l’inverse, « François Mitterrand avait pu embarquer deux ou trois communistes dans son gouvernement, pour les anesthésier et les neutraliser ».

Olivier Rouquan nous invite à nous méfier de cette comparaison. Car en 1936, le soutien sans participation des communistes s’expliquait par le fait qu’ils restaient une force minoritaire à gauche, loin derrière les socialistes alors majoritaires, ce qui n’est pas le cas de LFI aujourd’hui. A l’époque, la coalition de gauche « allait jusqu’aux radicaux, ce qui reviendrait aujourd’hui à mettre une partie d’Ensemble dans le Nouveau Front populaire ». Bref, les deux configurations n’ont rien à voir.

Le politologue s’interroge enfin sur l’effet de telles stratégies sur les électeurs. « Cela pose la question de savoir si ces petits jeux fascinent les Français et répondent à leurs inquiétudes. » Dans la séquence, qui s’éternise, le chercheur au CERSA n’épargne pas les autres forces politiques. « Pour Mélenchon comme pour d’autres, on peut se poser la question de savoir s’ils veulent gouverner ou user de compétences en ne pensant qu’à 2027. Les Français ne vont-ils pas finir par perdre patience ? » Si les stratégies échiquéennes de nos dirigeants fascinent les commentateurs, elles laissent de marbre tous les autres Français.

Cammile Bussière

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