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Soutenu par des vétérans d’Airbus, l’Allemand Lilium veut ouvrir une usine en France

C’est à son siège social, à Wessling, dans la banlieue sud de Munich, que Lilium renforce ses capacités industrielles. « Nous venons de démarrer la production et nos fournisseurs commencent à produire des piècesassure L’Usine Nouvelle Yves Yemsi, directeur des opérations et ex-Airbus. Notre supply chain est définie à 97% et l’assemblage des batteries sur notre site vient de démarrer.» Parmi les sous-traitants de cet avion tout électrique alimenté par batteries, plusieurs français, comme les géants Saint-Gobain (vitrages) et Michelin (pneumatiques), mais aussi des acteurs plus petits comme Expliseat (sièges) et Enersens (isolants).

Parmi les options de sites de production, la France arrive en tête

Objectif affiché pour cette start-up comptant désormais près d’un millier de salariés : assembler une centaine d’avions par an à partir de 2027, correspondant aux capacités de l’usine de Munich. Mais les dirigeants de Lilium voient déjà plus loin, tablant après 2030 sur des milliers de machines livrées chaque année. « Mais il faudra alors disposer d’un ou plusieurs sites pour augmenter les volumes de production.précise Yves Yemsi. Nous imaginons pouvoir construire des sites au plus près de nos marchés, en Europe, aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Asie.» Et de souligner : «En Europe, la France fait partie des pays où nous pourrions établir une présence industrielle« . Lors du sommet Choose France du 13 mai, l’entreprise devrait annoncer, selon le ministre de l’Economie Bruno le Maire cité par plusieurs médias, l’ouverture d’une usine de production d’avions et de reconditionnement de batteries en Nouvelle-Aquitaine. Un investissement de 400 millions euros qui devrait générer 850 emplois directs, avec une ouverture prévue en 2026.

Cette accélération industrielle trouve son origine dans un virage pris il y a quelques années par Lilium. « Après des années de développement et de mise au point technologiques, 2020 a été un tournant pour l’entreprise», résume Yves Yemsi. C’est à partir de ce moment que se met en place un programme visant à positionner le projet Lilium aux standards aérospatiaux. Un certain nombre de personnalités de l’industrie ont commencé à rejoindre le conseil d’administration, parmi lesquelles Tom Enders (ancien patron d’Airbus), Henri Courpron (également issu des rangs d’Airbus) et, dans l’équipe de direction opérationnelle, d’anciens dirigeants de Rolls-Royce, Honeywell et, aussi, Airbus. En 2022, Klaus Roewe prend la tête de Lilium, après 30 ans chez l’avionneur européen, notamment en tant que directeur du programme A320.

Concurrence féroce

Si Lilium souhaite désormais aller vite, c’est pour honorer au plus vite les demandes de ses clients : l’entreprise compte 735 intentions d’achat, dont 42 commandes fermes. D’autant que d’autres acteurs du segment eVTOL ont atteint peu ou prou le même niveau de maturité, comme l’allemand Volocopter ainsi que les américains Joby et Archer, le britannique Vertical Aerospace, sans oublier Wisk (propriété de Boeing) et Airbus, avec son CityAirbus NextGen. Quant aux joueurs chinois, ils sont légion, à l’image d’EHang et Zero Gravity. Le crédo de Lilium avec son appareil capable de transporter entre 4 et 6 personnes ? Déplacements entre les grandes villes, ce qui le distingue de bon nombre de ses concurrents.

« Nous visons une autonomie initiale de 175 km, en utilisant des batteries Li-ion d’une densité énergétique de 330 Wh/kg.», explique Yves Yemsi. Des ambitions qui s’appuient sur plusieurs campagnes de tests réalisées depuis les débuts de l’entreprise, ayant testé plusieurs générations de démonstrateurs technologiques. Après des essais en vol réussis en Allemagne, le cinquième démonstrateur technologique a été transféré au centre d’essais en vol d’ATLAS à Villacarillo, en Espagne, en janvier 2022 et a commencé à voler en avril 2022.Nous avons maintenant un deuxième démonstrateurexplique Yves Yemsi. Ils ont permis de valider l’architecture de l’avion, les commandes de vol et la manœuvrabilité.» Le Lilium Jet pourrait atteindre une vitesse de 250 km/h.

La certification de l’appareil reste à obtenir

Lilium reste cependant dans l’attente d’obtenir la certification de type de l’Agence de la sécurité aérienne de l’Union européenne (EASA), seule capable d’autoriser l’exploitation commerciale de Lilium Jet, puis celle de son homologue américaine, la FAA. L’entreprise allemande table sur une entrée en service en 2026.Les régulateurs, notamment européens, imposent un niveau de sécurité équivalent à celui de l’aviation commerciale», justifie Yves Yemsi. Ce n’est pas particulièrement le cas pour les hélicoptères. Mais Lilium envisage l’avenir avec confiance, ayant déjà obtenu l’approbation de l’AESA pour concevoir et développer des avions (le DOA) et s’apprête à recevoir le sésame pour produire des avions (le POA). La start-up devra prouver la pertinence d’un choix technologique atypique : les 30 petits moteurs sont placés sur des panneaux pivotants suivant les phases de vol.

Désormais concentrée sur sa croissance industrielle, Lilium espère y voir de nouvelles sources de financement. Depuis sa création, Lilium s’est pourtant bien tiré d’affaire par rapport aux projets d’avions hybrides et électriques français, qui a réussi à lever 1,4 milliard d’euros, via une SPAC (société cotée en bourse mais sans activité) et des levées de fonds régulières. Si la société est cotée au Nasdaq depuis 2021, les fonds levés ont été utilisés pour le développement, les tests et les essais. Et pour l’instant, Lilium n’a livré aucun appareil, l’entreprise n’a généré quasiment aucun chiffre d’affaires.

Des versions plus grandes déjà en préparation

« Alors que nous entrons dans une phase d’industrialisation, nous nous tournons vers les gouvernements pour trouver des options de financement public.confie Yves Yemsi. Il existe un fort appétit pour ce type d’appareils dans de nombreux pays du monde.» Car si Lilium affiche l’ambition de proposer un coût d’exploitation de 2 euros par passager et par kilomètre, certains investisseurs – en Europe notamment – ​​hésitent à suivre le mouvement. En 2023, l’entreprise a réussi à lever 292 millions de dollars, en partie grâce au chinois Tencent, qui détient également 23 % du capital de l’entreprise allemande. L’Asie est un marché prioritaire pour les eVTOL.

Misant sur l’augmentation rapide de la densité énergétique des batteries, les dirigeants de Lilium n’ont aucun doute sur le succès commercial de leur dispositif et sur sa pertinence parmi les futurs moyens de transport disponibles. Ils prévoient déjà de proposer des versions de Lilium Jet avec des capacités plus importantes dans les années à venir. « Le développement d’une industrie aéronautique électrique régionale est inexorableaffirme Yves Yemsi. Reste à savoir dans quelle mesure l’Europe sera un acteur de cette évolution.« . L’avenir industriel de Lilium n’est pas encore tracé.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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