Sous surveillance – L’édito de Rosa Moussaoui – 23 septembre 2024
Elle avait déjà adoubé l’ancien commissaire européen Michel Barnier. Marine Le Pen a beau nier être la DRH de l’Élysée, aucun des 39 membres du gouvernement n’a été nommé sans son feu vert. Ce nouvel exécutif formé par les perdants de la dissolution n’est pas seulement le fruit du coup de force d’Emmanuel Macron, déterminé à piétiner la démocratie pour perpétuer des politiques sanctionnées par les Français. Il est le meilleur marchepied pour un RN sciemment placé en position d’arbitre par ceux-là mêmes qui appelaient à un « front républicain » pour sauver les meubles dans leur déroute électorale.
Voilà donc l’extrême droite qui donne le ton, place le gouvernement « sous surveillance »Elle promet une censure au moindre écart. Ses idées sont au pouvoir, avec des ministres LR à la ligne ultraconservatrice, ennemis du mariage pour tous et du droit à l’avortement, adeptes d’une rhétorique aux accents racistes. Prise dans un calendrier judiciaire incertain, Marine Le Pen observe, calcule, tire les ficelles et joue le coup d’après.
En attendant, elle donne son aval au choc d’austérité qui se profile. Sa conversion à l’orthodoxie budgétaire dictée par Bruxelles n’est pas nouvelle : en début d’année, face à la « dérive des finances publiques »elle a lancé un appel dans une chronique publiée par le quotidien économique Les échos à un « stratégie de relance ».
Dans le même esprit, Jordan Bardella a placé sa campagne européenne sous le signe d’un retour à « la raison budgétaire »Sans de nouveaux revenus tirés des grandes fortunes et des bénéfices du CAC 40, la « raison budgétaire » n’est rien d’autre que le nom de la compression des dépenses publiques, de la démolition sociale. Macron, Le Pen et Barnier s’accordent sur l’essentiel : moins d’argent pour la santé, l’éducation, les services publics, la transition écologique.
Pour assurer de tels arbitrages, le portefeuille du Budget est ramené dans le giron de Matignon. Le projet de loi de finances 2025, dont le cadre reste obscur, doit être présenté au Parlement le 9 octobre, au lieu du 1er octobre.euhcomme le préconise la loi organique. Alors que la France est visée depuis fin juillet par une procédure européenne pour déficit excessif, celle-ci devra d’abord être approuvée par Ursula von der Leyen. Avant l’imprimatur final : celui de Marine Le Pen.
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