Sous le feu des projectiles tirés depuis Gaza, le Sud-Liban et l’Iran, Israël pourrait être confronté à une pénurie d’intercepteurs, rapporte le Temps Financier.
Alors qu’Israël cherche à renforcer ses défenses face à la menace croissante de l’Iran et de ses alliés, l’État hébreu est confronté à un défi périlleux : une pénurie imminente de missiles anti-balistiques, élément clé de sa protection aérienne. Selon plusieurs sources interrogées par le Financial Times, Israël doit reconstituer ses stocks de missiles, alors que les usines de production tournent à plein régime. Le soutien des États-Unis, qui ont annoncé dimanche l’envoi d’une batterie anti-missile Terminal High-Altitude Area Defense (THAAD), est d’autant plus crucial pour Jérusalem. Malgré ce soutien, Israël pourrait bientôt devoir prioriser les cibles à défendre, rapporte le Temps Financier ce mardi 15 octobre.
Cadence de production insuffisante
Interrogé par le Temps FinancierBoaz Levy, directeur général d’Israel Aerospace Industries, a exprimé ses inquiétudes quant à la capacité israélienne à augmenter considérablement son taux de production. L’entreprise publique, qui produit les intercepteurs Arrow, utilisés pour abattre les missiles balistiques, fonctionne désormais à pleine capacité, avec des équipes en rotation continue. « Certaines de nos lignes de production fonctionnent 24 heures sur 24, sept jours sur sept. » alerte le chef d’entreprise. Un rythme effréné, qui met à rude épreuve les réserves de munitions, même si Israël garde secrète leur quantité. « Ce n’est un secret pour personne : nous devons reconstituer les stocks »admet Boaz Levy, alors que depuis les attentats du 7 octobre 2023, plus de 20 000 roquettes et missiles ont été tirés depuis Gaza et le Liban, selon Tsahal.
Si Israël a réussi à abattre une grande partie de ces projectiles, l’offensive iranienne d’octobre a montré que les défenses israéliennes étaient mises à l’épreuve. Le 13 avril puis le 1er octobre, la République islamique lance deux attaques massives contre Israël. Si le premier a été intercepté à 90 % par le Hebrew Iron Dome, le second s’est montré moins efficace, avec seulement 79 % des missiles détruits, selon une étude du Centre James Martin pour les études sur la non-prolifération (CNS), relayée par Le grand continent. Une trentaine d’impacts de missiles ont par exemple été enregistrés sur la base aérienne de Nevatim.
Si l’Iran riposte à une attaque israélienne et que le Hezbollah se joint à l’offensive, les défenses aériennes israéliennes seront sous pression.
Dana Stroul, ancienne responsable américaine de la défense
« Le problème des munitions en Israël est grave »a déclaré Dana Stroul, ancienne responsable américaine de la Défense, dans les colonnes de Temps Financier. « Si l’Iran riposte à une attaque israélienne et que le Hezbollah se joint à l’offensive, les défenses aériennes israéliennes seront sous pression. »
Une analyse confirmée par les déclarations d’Ehud Eilam, ancien chercheur au ministère israélien de la Défense, toujours pour le Temps Financier. « Lors de l’attaque (de l’Iran contre Israël, ndlr) le 1er octobre, on avait le sentiment que l’armée israélienne réservait quelques intercepteurs Arrow au cas où l’Iran tirerait sa prochaine salve sur Tel-Aviv »» a déclaré l’ex-chercheur. « Ce n’est qu’une question de temps avant qu’Israël ne commence à manquer d’intercepteurs et doive donner la priorité à leur déploiement. »