Soupçonnés de violences, d’humiliations et de privation alimentaire, deux crèches fermées en urgence près de Reims
Déjà dans le collimateur du Département, après des signalements qui avaient conduit, du 16 septembre au 16 octobre, à une réduction du nombre de bébés accueillis, les deux micro-crèches privées « Petits Pas », situées à Villers-aux-Nœuds pour le sud de Reims, ont été à nouveau sanctionnés le 16 octobre, mais cette fois plus lourdement.
Alors qu’on s’attendait à la fin de la première sanction (réduction de l’agrément de 12 à 6 enfants par crèche), ce fut tout le contraire : par décision du président du conseil départemental de la Marne, Jean-Marc Roze, les deux crèches mitoyennes ont été fermée administrativement pour une durée de trois mois, du 16 octobre au 16 janvier.
Dans un arrêté envoyé aux parents des enfants placés, et que L’Union a pu se procurer, une longue liste de« actes de violence physique, psychologique et (de) négligence » est révélé. Ils ont été signalés à la Protection de la Mère et de l’Enfant (PMI), qui a reçu notamment, du 13 au 15 octobre, « sept témoignages authentiques (et) cohérents »provenant principalement des salariés eux-mêmes.
« Ces signalements suggèrent de probables actes de maltraitance commis par des salariées »
Ils ont conduit à la décision de fermer les crèches « l’urgence »en tenant compte d’un « mise en danger » enfants. Parmi les nombreux « concernant des informations » répertoriés, le décret mentionne des cas de« humiliation »de « violences verbales (et) physiques », de « privation de nourriture » ou même« introduction forcée de nourriture au point de vomir ».
« Ces signalements suggèrent de probables actes de maltraitance commis par des salariées » indique le conseil départemental dans un communiqué. La communauté note également « des pratiques visant à cacher un nombre excessif d’enfants (lors des) visites de PMI »ce qu’un salarié confirme (lire ailleurs). Contactée, la directrice des deux micro-crèches n’a pas répondu.
Une série de contrôles et d’injonctions non respectées
« Cette fermeture administrative est nécessaire compte tenu de la gravité des événements »souligne le Département, mais aussi au vu de l’absence de corrections apportées « suite aux injonctions du PMI ».
Ouvertes il y a moins de cinq ans, les deux micro-crèches ont fait l’objet de pas moins de cinq inspections, dont trois en 2024. Elles ont donné lieu à deux injonctions, en mai puis en août 2024, qui n’ont pas été respectées à chaque fois.
L’inspection du 2 octobre en fut une de trop, le Ministère prenant notamment acte de « persistance du surplus » d’enfants. Les témoignages des salariés, reçus dix jours plus tard par la PMI, n’ont fait qu’accélérer la décision de fermeture des deux crèches.
La justice alertée
Durant les trois mois de fermeture, le Département annonce qu’il réalisera « enquêtes »dans le cadre d’une enquête administrative. Dans le même temps, il a signalé les faits mercredi au procureur de la République.
Contacté jeudi matin, le procureur François Schneider a indiqué à L’Union que « le dossier est étudié par le parquet (et que) une information pénale sera peut-être ouverte pour d’éventuelles violences sur mineurs de moins de 15 ans ». Plus tard, il a souligné le « Il ne faut pas prendre de décisions à la hâte »en tenant compte « manque d’urgence » puisque les garderies étaient fermées, « ce qui élimine tout danger pour les enfants ».