L’affaire pourrait chambouler les élections européennes. Quelques semaines avant le scrutin, un assistant d’un député européen du parti d’extrême droite allemand AfD a été arrêté outre-Rhin. L’homme est soupçonné d’espionnage pour le compte de la Chine, a annoncé mardi 23 avril le parquet fédéral.
L’homme, prénommé Jian G., travaille depuis 2019 pour Maximilian Krah, tête de liste du parti pour les élections européennes (6 au 8 juin). Arrêté lundi à Dresde, dans l’est du pays, le suspect de nationalité allemande est accusé d’avoir espionné des membres de l’opposition chinoise et d’avoir partagé des informations sur le Parlement européen avec un service de renseignement chinois. L’accusé « avait transmis à plusieurs reprises en janvier 2024 des informations sur les négociations et les décisions du Parlement européen à son client (…) », a indiqué le parquet dans un communiqué. Ce mardi, le porte-parole du Parlement européen a annoncé la suspension de l’assistant parlementaire. En vue de « la décision des autorités judiciaires allemandes d’interroger une personne travaillant actuellement comme assistant accrédité au sein du Parlement européen, et compte tenu de la gravité des révélations, le Parlement a suspendu la personne en question avec effet immédiat », a déclaré ce porte-parole.
Une « attaque contre la démocratie européenne »
Des accusations de taille, alors que l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) espère doubler son nombre de représentants au Parlement européen. Fondé en 2013 sur un discours anti-européen, le parti identitaire a continué de progresser dans les sondages, avant de perdre quelques points dans les sondages ces dernières semaines, fragilisé entre autres par une enquête du site Correctionrévélant la tenue d’une réunion complotiste entre néonazis et responsables du parti.
Malgré sa popularité décroissante, l’AfD continue de séduire. Et reste le deuxième parti le plus populaire en Allemagne selon les sondages. Selon les résultats de l’INSA publiés début avril, le parti pourrait recueillir 19% des voix aux élections européennes, perdant 3 points par rapport à février et se plaçant derrière la CDU et la CSU. À l’échelle nationale, la tendance est similaire. Dimanche, un nouveau sondage Insa pour le tabloïd Image du Sonntag a attribué 18% des intentions de vote à l’AfD, contre 22% le 20 janvier.
Face à ce énième scandale, le parti xénophobe n’a pas tardé à réagir mardi. « Comme nous ne disposons actuellement d’aucune autre information à ce sujet, nous devons attendre la suite de l’enquête menée par le procureur général », a assuré l’AfD depuis Berlin, ajoutant que ces révélations étaient « très inquiétant ». De son côté, la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, a qualifié l’affaire d’espionnage de«extrêmement grave». « S’il est confirmé que les services de renseignement chinois ont espionné le Parlement européen de l’intérieur, cela constituerait une attaque contre la démocratie européenne. » a-t-elle déclaré dans un communiqué, peu après l’annonce de l’arrestation du suspect.
Arrestations en cascade
Des accusations fermement réfutées par Pékin ce mardi, qui a tout nié « espionnage chinois présumé ». « La théorie de la menace d’un prétendu espionnage chinois n’est pas une nouveauté dans l’opinion publique européenne. » a souligné le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, dénonçant un « calomnie » destiné à « détruire l’atmosphère de coopération entre la Chine et l’Europe ».
Ce n’est cependant pas la première fois que des ressortissants allemands sont accusés d’espionnage pour le compte des services secrets chinois. Lundi, trois personnes ont été arrêtées à Düsseldorf et Bad Homburg, dans l’ouest du pays. Tous de nationalité allemande, ils « sont fortement soupçonnés d’avoir travaillé pour un service secret chinois à partir d’une date non exactement définie avant juin 2022 », a déclaré le procureur fédéral.
Des arrestations qui surviennent quelques jours après la découverte d’un projet de sabotage de la part de Moscou. Jeudi 18 avril, les autorités allemandes ont annoncé l’arrestation de deux agents russes présumés, soupçonnés d’avoir planifié des actes visant à soutenir le « Le régime criminel de Poutine » dans sa guerre contre l’Ukraine. Les deux hommes, qui possèdent également la nationalité allemande, ont cette fois été arrêtés à Bayreuth, dans le sud-est du pays.