son sarcophage « peut être frappant par sa simplicité », décrit l’égyptologue Chloé Ragazzoli

L’exposition « Ramsès et l’or des pharaons » s’ouvre vendredi pour cinq mois à la Grande Halle de la Villette à Paris. Le sarcophage de Ramsès II sera la pièce maîtresse de l’exposition, c’est la première fois qu’il quitte l’Egypte depuis près de 50 ans.
Le sarcophage de Ramsès II « sera peut-être frappé par sa simplicité », a décrit mercredi 5 avril sur franceinfo Chloé Ragazzoli, maître de conférences à La Sorbonne et présidente de la Société française d’égyptologie. L’exposition « Ramsès et l’or des pharaons» se déroule du 7 avril au 6 septembre 2023 à la Grande Halle de la Villette, à Paris.
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franceinfo : Que sait-on de Ramsès II ?
Chloé Ragazzoli : Il est issu d’une nouvelle famille sur le trône d’Egypte, ce qui est tout à fait exceptionnel, et qui vient du delta du Nil. Il régna 67 ans. Sa longévité lui a permis de laisser une œuvre importante, notamment monumentale. Il a également parsemé les grands temples égyptiens du récit de ses hauts faits, notamment ses campagnes militaires, ce qui peut expliquer sa place importante dans l’égyptien, le grec et notre mémoire. De sa vie, on sait ce qu’il a voulu montrer : assez ouvert sur l’étranger, avec des influences orientales.
La pièce maîtresse de cette exposition est son sarcophage, c’est la première fois qu’il quitte l’Egypte depuis près de 50 ans, à quoi ressemble-t-il ?
C’est une pièce qui frappera peut-être par sa simplicité, puisqu’elle est en cèdre, très finement sculpté mais qui est nu. Il a été débarrassé dans l’antiquité de l’or, des métaux précieux et des pierres précieuses. Il porte un texte, une étiquette écrite à l’encre et à la main, qui raconte le déplacement de ce sarcophage dans l’Antiquité pour le protéger. Ce n’est pas forcément celui d’origine, il est possible qu’un sarcophage ait été réutilisé lors du rangement de la momie, ou que Ramsès II lui-même ait utilisé une pièce ancienne. .
« Ce sarcophage est déjà venu en France en 1976, qui était présenté comme une visite d’État puisqu’il était accompagné d’un passeport diplomatique, pour être traité contre les champignons au Musée de l’Homme. »
Chloé Ragazzoli, maître de conférences à La Sorbonnesur franceinfo
La momie ne fait pas partie du voyage, la loi égyptienne l’interdit. Est-elle aussi trop fragile ?
Elle est extrêmement fragile car elle est nue. Elle a été en grande partie déballée pour l’étudier mais aussi au moment du pillage, car les bandelettes abritaient de nombreuses amulettes précieuses. Il est actuellement exposé dans une crypte du Musée des civilisations du Caire. Nous avons devant nous une dépouille humaine qui frappe par sa fragilité, on y voit les traits d’un très vieil homme, avec ses cheveux roux.
A Paris, 180 pièces sont exposées, quelle est votre préférée ?
En tant qu’égyptologue, c’était la matrice qui permettait de construire des boucliers. Il provient de la capitale et des ateliers de l’arsenal, rattachés au palais de Ramsès II. Je trouve cette pièce très évocatrice, non pas de la grande histoire comme le pharaon voulait la raconter, mais des pratiques. C’est aussi un bouclier d’inspiration orientale qui montre bien les échanges de l’époque.
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