Agé aujourd’hui de 44 ans, le Libano-Canadien Cyril Kamar revient dans un livre sur les principales périodes de sa vie, les critiques auxquelles il a souvent été confronté, mais aussi son rôle de producteur.
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Il y a vingt ans, il était l’auteur de l’immense succès Femme comme toi, vendu depuis à plus de cinq millions d’exemplaires, et qui a franchi les frontières françaises. LLe chanteur libano-canadien K.Maro a publié il y a quelques jours et sous son vrai nom, Cyril Kamar, une étonnante autobiographie, Renaissances, édité par Faces Cachées. jely évoque notamment son enfance au Liban pendant la guerre, ses premiers pas d’artiste, et son présent en tant qu’amateur d’art contemporain.
franceinfo : Vous évoquez le Liban au début et à la fin de ce livre, est-ce une belle façon de rendre hommage à votre « premier » pays ?
Cyril Kamar : Oui, j’essaie, en tout cas, de rendre hommage quand je peux à ce pays qui m’a beaucoup apporté, en termes de culture et d’éducation. J’y suis né, j’y ai vécu, j’ai grandi et j’ai passé les onze premières années de ma vie avec ma famille, et j’espère y retourner bientôt avec un concert prévu là-bas. Mais si cela aura lieu en relation avec le contexte de guerre que connaît actuellement la région, il est encore un peu tôt pour le savoir.
Vous parlez de cette enfance dans un Liban en guerre, donc d’un contexte terrible, voire traumatisant, mais aussi d’un quotidien protégé par des parents très aimants, qui ont tout fait pour bien vous éduquer ?
C’est de ce fameux paradoxe dont j’ai souvent parlé : en même temps, je ne souhaite à personne, et encore moins à un enfant, de grandir dans des conditions de guerre, avec tout ce que cela implique. Mais en même temps je dois reconnaître que j’étais en quelque sorte « privilégié » car mes parents avaient un mélange de plusieurs choses : de la sagesse, de la patience, de la résilience et tant de choses extraordinaires dont ils ont su faire preuve à l’époque. Et je m’en rends compte d’autant plus en m’en rendant compte toutes ces années plus tard, et surtout en étant moi-même devenu père, gérant une famille de façon équilibrée quand la guerre fait rage autour de soi, quand les obus éclatent non loin, leur courage était vraiment extraordinaire. .
Le Liban puis le Canada, qui accueillera plus tard votre famille à cause de la guerre, sont vos « deux pays », en tout cas vos deux nationalités. Mais il y en a un troisième, la France, que vous vouliez adopter, mais était-ce plus difficile ?
C’est à cause de la différence de mentalité, surtout, entre le Québec et la France, ou plus largement entre l’Amérique du Nord et la France. Mon éducation ressemblait à la culture française, et aux valeurs inculquées par ma mère qui a toujours été francophile, et à une mentalité américaine qui s’était déjà imprimée en moi, sur des questions d’apparence, de réussite, de confiance. En France, je me sentais tiraillé entre ces deux formations et j’ai dû m’adapter à un pays que je pensais connaître.
J’explique longuement dans le livre comment j’ai vécu ce paradoxe entre tout l’amour que j’ai reçu en France lorsque j’ai commencé à avoir du succès, et les critiques violentes de ceux qui critiquaient le bling-bling. , le style ou mon « Franglais » sans même chercher à étudier mon parcours ni les raisons pour lesquelles j’avais ces références américaines. Ce contraste était assez fort.
« Avec le recul, certaines critiques ont pu me paraître injustes »
Tu as eu du succès, mais on s’est aussi beaucoup moqué de toi, tu cite aussi dans un passage quelqu’un qui te disait « mais en fait tu es génial », certains disaient que tu faisais de la « variété commerciale » avec qui contient des péjoratifs.. Avec ces millions d’exemplaires vendus, pensez-vous avoir fait taire ces critiques ou en êtes-vous encore blessé ?
Mais je n’ai jamais vraiment essayé de les faire taire, j’ai même fait le contraire, j’ai réagi avec beaucoup d’ego à l’époque, j’avais 24 ans, j’étais plein de passion, compétitif, j’ai réussi et je me suis battu pour ça. Je suis tombé dans la provocation, j’ai fait de la surenchère avec les médias, il n’y avait pas encore de réseaux sociaux à l’époque, mais je pense qu’on en aurait ri. Mais alors j’ai essayé de contourner tout ça et ces critiques en en rajoutant, en mettant un peu d’huile sur le feu, un peu comme Eminem, parce que je savais que ma musique et mon personnage divisaient. Je me suis amusé avec ça, parce que je savais que les débats à mon sujet dépassaient cette chanson, est-ce qu’on l’aime ou pas, est-ce qu’on la trouve géniale ou au contraire que c’est de la merde ?
Ce n’est que plus tard, après plusieurs années et avec le recul, que j’ai pu trouver certaines de ces critiques injustes. Qu’on dise que je fais de la variété, enfin tous les goûts sont naturels et on peut en discuter, mais on ne cherche pas à savoir d’où je viens, quel était mon parcours, et que je rappais déjà depuis plusieurs années au Canada, ça c’était dommage.
Vous avez quitté le star system de vous-même, quand vous avez senti que vous étiez devenu un « peuple », vous avez alors produit pour d’autres, notamment pour la chanteuse Shy’M, et l’entreprise vous a orienté vers la philanthropie et l’art contemporain. Vous possédez également désormais une galerie à Montréal avec votre épouse, mais vous êtes assez discret à ce sujet ?
Oui, parce que c’est quelque chose de plus personnel et de plus introspectif. Je m’intéresse à l’art depuis une quinzaine d’années, j’ai aussi été un peu collectionneur ou mécène, j’ai aussi agi comme médiateur entre un galeriste et un artiste. Je fais ça en coulisses, ça me fascine depuis longtemps, et j’ai toujours été du côté des artistes, et on accompagne les changements et les innovations dans le domaine.