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Son effondrement pourrait survenir dès 2025 : qu’est-ce que l’AMOC, un courant océanique capable d’inverser le climat en Europe et de provoquer une ère glaciaire ?

Son effondrement pourrait survenir dès 2025 : qu’est-ce que l’AMOC, un courant océanique capable d’inverser le climat en Europe et de provoquer une ère glaciaire ?

Récemment, l’Université d’Utrecht (Pays-Bas) a publié une étude dans la revue Sciences Advances mettant en avant l’effondrement imminent de la circulation méridionale de renversement de l’Atlantique (AMOC) également appelée « circulation thermohaline » ou « Gulf Stream », un phénomène qui pourrait inverser le climat en Europe.

Un courant responsable du climat tempéré en Europe

L’AMOC est un courant marin qui transporte des eaux froides et chaudes du sud au nord et du nord au sud à travers l’océan Atlantique et qui est, entre autres, responsable du climat tempéré tel que nous le connaissons en Europe. Mais l’étude récemment publiée suggère que ce courant ralentit et pourrait s’arrêter bien plus tôt que prévusi le réchauffement climatique poursuit sa courbe dangereuse.

Une probabilité de 95%

Cet l’effondrement pourrait déclencher une nouvelle ère glaciaire en Europe du Nord et une baisse drastique des températures sur tout le continent.
Les résultats de cette étude, combinés à ceux réalisés par l’Université de Copenhague (Danemark) dans la revue Nature Communication, estiment que l’arrêt du courant circulaire atlantique pourrait prendre fin entre 2025 et 2090, avec une probabilité de 95%.

Le mouvement de l’Amoc dépend de la température de l’eau et de la quantité de sel qu’elle transporte. Initialement, les eaux de surface chaudes se déplacent vers le nord où elles se refroidissent puis gèlent. Un processus qui permet de retenir plus de sel dans l’eau qui ne gèle pas, la rendant plus dense et lui permettant ensuite d’entamer son voyage vers le sud. Au fur et à mesure que le courant se réchauffe, sa température augmente à nouveau, remonte à la surface et ainsi de suite.

Les scientifiques estiment que le réchauffement climatique interfère avec le courant, d’une part parce que la glace polaire et celle du Groenland fondent à cause de la baisse des températures, ce qui laisse plus d’eau dans l’océan… Et moins de densité de sel, affectant alors le mouvement descendant d’eau dense et froide. De plus, le réchauffement de la température de l’eau interférerait également avec ce processus. En effet, une eau chaude et plus dense a plus de difficulté à maintenir le mouvement circulaire du courant.

Une méthodologie « solide » mais deux études « controversées »

Les deux études mentionnées étaient publié dans des revues de référence telles que Nature et Science et leur méthodologie est solide, selon le consensus scientifique. Cependant, les experts préviennent qu’il s’agit d’une prédiction issue d’un modèle mathématique qui inclut « des milliers de variables ».

« Une simulation n’est pas la réalité »

« L’apport d’eau douce simulé qu’ils ont introduit était équivalent à une élévation du niveau de la mer de 6 centimètres par an jusqu’à la fin de l’expérience. C’est plus que ce qui s’est produit lors de la fonte de la calotte glaciaire qui recouvrait l’Amérique du Nord lors de la dernière glaciation », jugé Jonathan Bamber, du Centre de glaciologie de l’Université de Bristol (Royaume-Uni). Quant à Andrew Watson, chercheur en sciences marines et atmosphériques à l’université d’Exeter, ce dernier estime « qu’une simulation n’est pas la réalité, les auteurs de l’étude disent que le modèle montre comment l’AMOC s’approche d’un point de bascule (…) Mais on ne peut pas dire que cela soit imminent ».

« Plus la glace fond, plus le risque d’effondrement du courant est grand »

Pour Estrella Olmedo, scientifique à l’Institut des Sciences Marines du CSIC, le modèle présenté par l’étude permet de mettre en évidence que « Plus la glace fond, plus la possibilité d’un effondrement du courant est grande. » « Le modèle montre que le mécanisme de l’eau douce entraîne une réduction des coûts de transport (de sa vitesse, NDLR). Si le transport par eau est beaucoup plus faible, le courant pourrait s’arrêter. »elle a dit à 3Cat.

« L’analyse des points de bascule de l’AMOC est solide »

« L’analyse du point de bascule de l’AMOC est robuste et suggère que le système est proche d’une transition, estime le physicien expert Andrew Watson. Mais les modèles qu’il examine sont moins fiables que ceux utilisés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU. ». Parce que, justement, le Groupe d’experts intergouvernemental des Nations Unies sur l’évolution du climatl’un des organismes de référence pour analyser les menaces générées par le réchauffement climatique, estime qu’il est « Il est hautement improbable que l’AMOC puisse s’effondrer au cours du 21e siècle. »

L’Université de Copenhague a également des doutes quant à la quantité de données historiques pouvant être analysées pour les comparer à la situation actuelle. « Nous n’avons aucune preuve que la force de l’AMOC ait diminué au cours des 75 dernières années »a déclaré Penny Holliday, responsable de la physique marine et de la circulation océanique au Centre océanographique national du Royaume-Uni.

En revanche, l’expert en physique marine admet que l’AMOC « fluctue selon les périodes où il est plus fort et les périodes où il est plus faible ». Mais il critique le fait que l’étude se base sur les observations de cinq navires et « fonctionne d’une manière qui est discréditée par la littérature scientifique ».

Les chercheurs réclament plus de ressources

Néanmoins, l’étude de l’Université d’Utrecht, est décrite comme pertinente et « important » d’étudier ce phénomène potentiellement destructeur par ces mêmes chercheurs, qui réclament plus de recherches et plus de ressources pour réaliser de nouvelles expériences afin de démontrer si l’AMOC ralentit réellement et pourrait s’effondrer dans les années à venir.

« Le réchauffement climatique altère les équilibres de la planète et il faut y mettre un terme »les différents chercheurs sont d’accord, estimant que les conséquences de cette dernière sont pour le moins imprévisibles.

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