Sommet sur le cessez-le-feu à Gaza : les Américains prennent le contrôle
Les Etats-Unis ont décidé de prendre la tête des négociations sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Après deux jours de discussions à Doha, parrainées par Washington, l’Egypte et le Qatar, en présence d’une délégation israélienne et avec la participation en coulisse du Hamas, les Américains ont annoncé qu’ils présenteraient « une proposition de cessez-le-feu ».
Les discussions sur ce compromis se poursuivront « dans les prochains jours sur les détails » au niveau des « hauts responsables », selon le communiqué final publié ce vendredi après-midi.
Déterminé à aller vite, Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain, rencontrera dimanche Benjamin Netanyahu en Israël. Le communiqué n’a pas donné de détails sur la proposition que les Etats-Unis comptent présenter pour parvenir à un accord mettant fin à la guerre commencée le 7 octobre à la suite de massacres commis par le Hamas dans le sud d’Israël. Le texte évoque seulement la question de l’échange entre les 115 otages détenus par le Hamas et les prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Une liste de 33 otages vivants
Sur ce sujet très sensible, Netanyahou exige d’obtenir une liste de 33 otages vivants, des femmes dont des militaires, des enfants, des personnes âgées. Le Premier ministre entend également disposer d’un droit de veto sur l’identité des centaines de prisonniers palestiniens qui seront libérés, dont certains devraient être expulsés à l’étranger.
Parmi les autres points de discorde figure le sort de la frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte. Le Premier ministre veut que l’armée israélienne contrôle toute cette zone pour empêcher le trafic d’armes par des tunnels. Il réclame également un « couloir » qui couperait la bande de Gaza en deux d’est en ouest, pour empêcher les membres de l’aile militaire du Hamas de revenir dans la partie nord de l’enclave et de reprendre leurs tirs de roquettes vers le territoire israélien. Le Hamas a rejeté toutes ces demandes, appelant à un retrait militaire israélien de la bande de Gaza.
Bref, les Américains devront déployer de nombreuses compétences diplomatiques pour trouver un juste milieu. Une seule certitude : le temps presse, tandis que les menaces d’une guerre régionale entre Israël et l’Iran demeurent d’actualité.
Attaquer l’Iran
En parallèle du sommet de Doha, Israël Katz, le ministre israélien des Affaires étrangères, a déjà préparé le terrain à un éventuel échec des négociations, qui pourrait pousser l’Iran à tirer une pluie de missiles et de drones vers Israël, en représailles à l’assassinat le 31 juillet à Téhéran d’Ismaïl Haniyeh, le leader politique du Hamas.
Lors d’une rencontre en Israël avec ses homologues français Stéphane Séjourné et britannique David Lammy vendredi, le chef de la diplomatie israélienne a exprimé l’espoir que la France et la Grande-Bretagne aideraient militairement Israël au cas où l’Etat hébreu riposterait à l’agression iranienne.
« La meilleure façon de dissuader et d’éviter la guerre est d’annoncer que si l’Iran attaque, ils (la France et la Grande-Bretagne) se tiendront aux côtés d’Israël, non seulement pour sa défense, mais aussi pour attaquer des cibles en Iran », a déclaré Israël Katz.
En d’autres termes, le ministre israélien a demandé à Paris et Londres de ne pas se contenter, comme ce fut le cas en avril, de participer à l’interception de 350 missiles et drones tirés par la République islamique vers Israël. Il souhaiterait que les deux puissances européennes prennent une part active à une confrontation militaire avec l’Iran en cas d’attaque contre Israël. Les deux ministres n’ont pas réagi sur le moment, mais il serait pour le moins surprenant qu’une telle demande puisse être officiellement acceptée par la France et le Royaume-Uni.
« Zones humanitaires » réduites
Pour l’heure, l’incertitude règne sur ce front. L’Iran et son allié libanais, le Hezbollah, semblent vouloir éviter une escalade qui pourrait déclencher une guerre régionale, tant que les négociations sur un cessez-le-feu à Gaza se poursuivent. Selon les médias américains, les dirigeants qataris seraient intervenus auprès de l’Iran en ce sens.
Sur le terrain, aucune accalmie n’est en vue. L’armée israélienne a ordonné vendredi l’évacuation des habitants de plusieurs quartiers des villes de Khan Younis et Deir al-Balah, au sud de l’enclave, pour y mener des opérations. Résultat, la superficie des « zones humanitaires » dans lesquelles les réfugiés palestiniens sont censés être en sécurité continue de se réduire. « Les terroristes du Hamas exploitent ces zones pour attaquer nos troupes et tirer des roquettes », a justifié un porte-parole militaire.