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Sommet du futur : plaider pour une coopération mondiale afin de relever les défis du 21e siècle (Tribune)



Sommet du futur : plaider pour une coopération mondiale afin de relever les défis du 21e siècle (Tribune)

Par Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU

Les négociations à New York sont en phase finale, avant la tenue de la Sommet du futurau cours de laquelle les chefs d’État s’accorderont sur les réformes à mener concernant les piliers de la coopération mondiale.

Si leLes Nations Unies La raison de la convocation de ce sommet unique est de faire face à la réalité : les problèmes mondiaux évoluent plus vite que les institutions censées trouver des solutions.

Il suffit de regarder autour de nous. Les conflits violents et la violence infligent de terribles souffrances, les divisions géopolitiques se multiplient, les inégalités et les injustices sont omniprésentes, sapant la confiance, aggravant les griefs et alimentant le populisme et l’extrémisme. Les défis séculaires de la pauvreté, de la faim, de la discrimination, de la misogynie et du racisme prennent de nouvelles formes.

Dans le même temps, nous sommes également confrontés à de nouvelles menaces existentielles, qu’il s’agisse de l’incontinence chaos climatique et la dégradation de l’environnement ou des technologies telles queintelligence artificielle (IA)Ces défis se développent dans un vide éthique et juridique. Le Sommet du Futur reconnaît que les solutions à tous ces défis sont entre nos mains. Mais nous avons besoin d’une mise à jour des systèmes que seuls les dirigeants mondiaux peuvent apporter.

Les décisions internationales sont figées dans le temps. De nombreuses institutions et outils mondiaux datent des années 1940, c’est-à-dire d’avant la mondialisation, la décolonisation, l’instauration des droits de l’homme universels et du principe d’égalité des sexes, le premier vol spatial humain, sans parler du cyberespace.

Les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale conservent leur prééminence au sein de la Conseil de sécurité de l’Organisation de Les Nations UniesAlors que l’ensemble du continent africain ne dispose même pas d’un siège permanent, l’architecture financière mondiale pèse lourdement sur les pays en développement et ne leur offre aucun filet de sécurité lorsqu’ils rencontrent des difficultés, les laissant accablés de dettes, qu’ils sont obligés de rembourser au lieu de pouvoir investir dans leur population.

De plus, les institutions mondiales offrent peu de place à nombre des grands acteurs d’aujourd’hui, qu’il s’agisse de la société civile ou du secteur privé. Les jeunes, qui hériteront de l’avenir, sont quasiment invisibles, tandis que les intérêts des générations futures ne sont pas représentés. Le message est clair : il est impossible de construire un avenir digne de nos petits-enfants dans le carcan d’un système construit pour nos grands-parents. Le Sommet du Futur sera l’occasion de relancer la collaboration multilatérale pour l’adapter au XXIe siècle.

Parmi d’autres solutions, nous avons proposé une Nouvel agenda pour la paixLe nouvel agenda pour la paix appelle à une modernisation des institutions et des outils internationaux de prévention et de résolution des conflits, notamment du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il appelle à redoubler d’efforts pour débarrasser notre monde des armes nucléaires et des autres armes de destruction massive, et à élargir la définition de la sécurité pour y inclure la violence sexiste et la violence des gangs. Il reconnaît également les menaces à la sécurité qui surgiront à l’avenir, compte tenu de l’évolution des conflits et des risques que pourrait poser la militarisation des nouvelles technologies. Par exemple, nous devons parvenir à un accord mondial pour interdire les armes létales autonomes, qui peuvent décider de la vie et de la mort d’autrui sans intervention humaine.

LE institutions financières mondiales Les pays en développement doivent refléter le monde d’aujourd’hui et se donner les moyens de mieux répondre aux défis contemporains : dette, développement durable, action climatique. Des mesures concrètes doivent donc être prises pour lutter contre le surendettement, accroître les capacités de prêt des banques multilatérales de développement et faire évoluer leur modèle économique afin que les pays en développement aient un accès beaucoup plus large aux financements privés à des taux abordables.

Sans ces financements, les pays en développement ne seront pas en mesure de répondre à la plus grande menace qui soit : la crise climatique. Ils ont besoin de toute urgence de ressources pour passer des combustibles fossiles destructeurs de la planète à des énergies propres et renouvelables.

Comme l’ont souligné les dirigeants mondiaux l’année dernière, la réforme de l’architecture financière mondiale est également essentielle pour accélérer les progrès vers les Objectifs de développement durable dont notre monde a désespérément besoin.

Le Sommet se penchera également sur les nouvelles technologies ayant un impact mondial, en cherchant des moyens de combler la fracture numérique et d’établir des principes communs pour un avenir numérique ouvert, libre et sécurisé pour tous.

L’Intelligence artificielle L’IA est une technologie révolutionnaire dont nous commençons seulement à entrevoir les applications et les risques. Nous avons présenté des propositions concrètes aux gouvernements, aux entreprises technologiques, aux universités et à la société civile pour qu’ils travaillent sur des cadres de gestion des risques liés à l’IA, de surveillance et d’atténuation de ses effets néfastes et de partage de ses bénéfices. La gouvernance de l’IA ne peut être laissée aux riches ; tous les pays doivent y participer et les Nations Unies sont prêtes à rassembler tout le monde.

Les droits humains et l’égalité des sexes sont le fil conducteur de toutes ces propositions. La prise de décision mondiale ne peut être réformée que d’une manière qui respecte tous les droits humains et la diversité culturelle, et qui garantisse la pleine participation et le leadership des femmes et des filles. Nous appelons à redoubler d’efforts pour supprimer les barrières historiques – juridiques, sociales et économiques – qui excluent les femmes du pouvoir.

Les artisans de la paix des années 1940 ont créé des institutions qui ont permis d’éviter une troisième guerre mondiale et ont guidé de nombreux pays de la colonisation à l’indépendance. Mais ils ne savaient pas reconnaître le paysage mondial d’aujourd’hui.

LE Sommet du futur C’est l’occasion de construire des institutions et des outils de coopération mondiale plus efficaces et plus inclusifs, adaptés au XXIe siècle et à notre monde multipolaire. J’appelle les dirigeants à saisir cette opportunité.

lematin

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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