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Sommet de l’OTAN : nouvelle déception pour l’Ukraine ?

Les Etats-Unis, pays hôte du 75e sommet de l’Alliance atlantique qui débute ce mardi, ont promis de satisfaire l’Ukraine et son président Volodymyr Zelensky. « Je pense que l’Ukraine sera satisfaite de ce que nous allons mettre sur la table », a déclaré Julianne Smith, ambassadrice américaine auprès de l’Otan. « Je m’attends à ce que les chefs d’Etat et de gouvernement adoptent un paquet substantiel (de mesures, ndlr) pour l’Ukraine », a assuré Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Otan. « L’Ukraine se rapproche de l’Otan », a-t-il ajouté, énumérant les mesures qui devraient être ratifiées lors du sommet de Washington.

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« Un pont vers l’adhésion »

L’Ukraine, candidate à l’adhésion, n’a pour l’instant reçu que des promesses, mais aucune invitation formelle. Lors du précédent sommet de Vilnius en juillet 2023, le refus des Alliés avait été qualifié d' »absurde » par le président ukrainien.

Les chances d’obtenir une invitation à rejoindre l’OTAN sont proches de zéro

Une invitation à rejoindre l’Otan n’est toujours pas d’actualité, faute d’accord de Washington ou de Berlin. Mais l’idée est de proposer une « série de mesures » qui constitueront « un pont vers l’adhésion », a expliqué Jens Stoltenberg. « Nous n’aimons pas vraiment l’idée d’un ‘pont’ vers l’adhésion, nous avons besoin de l’adhésion », indiquait fin juin une source diplomatique ukrainienne. Mais, reconnaissait cette source à Kiev, « les chances d’obtenir une invitation à rejoindre l’Otan sont proches de zéro ».

Le langage utilisé sera important, et certains des 32 membres de l’Otan souhaitent que le communiqué du sommet mentionne le caractère « irréversible » de l’adhésion future de Kiev. D’autres, plus prudents, parlent d' »accélération », selon un diplomate à Bruxelles.

À court de munitions

Mais là n’est sans doute pas l’important pour le président ukrainien, qui réclame des armes et des munitions face aux forces russes à l’offensive, notamment autour de Kharkiv, la deuxième ville du pays. Kiev réclame notamment des systèmes de défense antiaérienne pour protéger ses villes et ses infrastructures, constamment pilonnées par Moscou. « La moitié des capacités énergétiques de l’Ukraine ont été détruites par les frappes russes », rappelait fin juin Volodymyr Zelensky. « J’attends des Alliés qu’ils fournissent davantage de systèmes de défense antiaérienne et de munitions », a assuré vendredi le secrétaire général de l’Otan.

Les Pays-Bas cherchent de leur côté à rassembler plusieurs pièces d’une batterie Patriot, des missiles sol-air particulièrement efficaces contre les missiles balistiques utilisés par la Russie. Il y a plusieurs mois, l’Ukraine a de son côté demandé l’envoi d’au moins sept batteries Patriot. Deux seulement ont été promises par l’Allemagne et la Roumanie, et l’Italie a assuré être prête à envoyer une batterie de Samp-T, un système de défense antiaérienne de fabrication franco-italienne.

40 milliards d’euros par an

Sans les pays de l’OTAN, qui lui fournissent la quasi-totalité de son soutien militaire, l’Ukraine risque la défaite sur le champ de bataille. Mais si cette aide continue à lui être fournie, rien ne garantit qu’elle perdurera à long terme.

Jens Stoltenberg espérait voir un engagement scellé
Jens Stoltenberg espérait voir un engagement scellé « aussi longtemps que nécessaire »… (Photo Toms Kalnins/EPA)

Jens Stoltenberg avait donc proposé aux Alliés de s’engager à fournir au moins le même niveau d’aide militaire dans la durée, soit quelque 40 milliards d’euros par an. Une déclaration en ce sens devrait être annoncée à Washington, sans la Hongrie, qui a obtenu une exemption de ce soutien militaire.

Il y aura inévitablement une différence entre les aspirations ukrainiennes à l’égard de l’OTAN et ce que l’OTAN peut réellement apporter.

Mais ce ne sera pas à la hauteur des espoirs de Jens Stoltenberg, qui espérait voir un engagement scellé « aussi longtemps que nécessaire », et pas seulement pour un an.

« Il y aura inévitablement une différence entre les aspirations ukrainiennes concernant l’OTAN et ce que l’OTAN peut réellement apporter », affirme Ian Lesser, expert basé à Bruxelles au sein du groupe de réflexion américain German Marshall Fund.

Au final, « Volodymyr Zelensky n’aura d’autre choix que d’accepter ce qui est sur la table », a déclaré un diplomate de l’Otan. « Je ne pense pas qu’il sera déçu, mais l’événement est mieux préparé cette fois-ci », a-t-il dit.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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