Snoopy, le chien « star » de l’Institut Curie
Au troisième étage de l’Institut Curie, dans le service de pédiatrie, ce mercredi 18 septembre, Lola peigne délicatement le haut de la tête d’un setter anglais marron et noir, sagement assis à ses côtés. « Il est très doux »sourit la petite fille de 7 ans, ravie, son support intraveineux à ses côtés. « Je ne m’attendais pas à voir un chien dans un hôpital, normalement ce ne sont que des pompiers ! »» Lorsqu’elle se lève, les pattes du chien s’emmêlent dans sa laisse. « Snoop, fais attention, tu t’es emmêlé, comme moi dans mes câbles ! »s’exclame-t-elle.
Installé dans l’unité de recherche sur les plaies et la cicatrisation en cancérologie, Snoopy est le premier chien médiateur adopté par un hôpital. Une initiative d’Isabelle Fromantin, qui a porté ses fruits il y a un an et demi. L’infirmière n’en est cependant pas à sa première tentative de travailler avec des canidés : il y a quelques années, elle avait mené le projet « K-DOG », dans lequel des chiens étaient entraînés à dépister le cancer du sein grâce à la sueur des patientes. Cette fois, l’idée d’intégrer l’animal de compagnie dans son service lui est venue lors de la présentation d’un robot émotionnel en forme de chien, équipé de capteurs, destiné à apaiser les personnes âgées. « Je me suis dit : « Je ferais aussi bien d’avoir un vrai chien. »»se souvient l’aidant.
Intégration à l’hôpital
Suite à un changement de direction à l’Institut Curie, l’équipe d’Isabelle Fromantin en a fait la demande. « Au début, la direction a ri, elle se souvient. « C’est là qu’ils ont compris que nous étions sérieux. » Pour les convaincre, les infirmières ont monté un projet de recherche scientifique solide et prévu un cadre de sécurité, avec l’aide d’un vétérinaire et d’un éthologue : l’animal ne peut pas entrer dans les chambres et n’est jamais présent lors des soins. Après avoir épluché 1 000 profils de la SPA pour trouver le bon candidat – ni trop grand ni trop petit, sans oreilles pointues pour ne pas effrayer – Snoopy est entré à l’hôpital en mars 2023. Et a depuis trouvé sa place.
« Maintenant il fait partie des murs, il est comme un collègue « , se réjouit Isabelle Fromantin. Au détour d’un couloir, visiteurs et soignants s’arrêtent au passage de l’animal, le récompensant d’un « Bonjour Snoopy ! » joyeuse ou avec une caresse affectueuse. Mais l’infirmière loue aussi la façon dont les autres services ont pris en charge sa présence. « Parfois, on nous demande d’aider un patient stressé et anxieux. » Le setter peut également être utilisé pour des consultations auprès de personnes âgées, parfois réticentes à parler, ou dans les salles d’attente, afin de créer une ambiance agréable. « plus léger ». « Cela facilite les échanges et crée des liens »résume Maxime Chéron, infirmier et l’un des propriétaires du chien.
« Bien dans ses pattes »
Ce mercredi après-midi, Snoopy, tenu en laisse par Lola et accompagné d’Hédi Chabanol, une autre de ses maîtresses, rejoint la salle de jeux où est animé un atelier par un musicien de la Philharmonie. A son arrivée, le chien fait impression. Tous les regards amusés se tournent vers l’animal, qui encaisse sans broncher le son des clochettes, les cris des violons et les éclats de voix. Puis chaque enfant tente à tour de rôle de lui faire donner la patte. Sur une chaise un peu à l’écart, Nadia, maman d’un jeune garçon hospitalisé pour une rechute, le regarde affectueusement. « Snoopy est notre star. Il apporte douceur et magie, non seulement aux enfants mais aussi à nous. On sent qu’il est bien dans ses pattes.»
En effet, en « garde partagée » avec quatre des cinq membres de l’équipe soignante, Snoopy est particulièrement choyé. « Comme un athlète de haut niveau»sourit Isabelle Fromantin. Visites chez le vétérinaire, savonnages réguliers… « Nous vérifions tout pour qu’il soit en forme, pour mener à bien ses missions et pour son bien-être. » Après une vingtaine de minutes d’intervention auprès des enfants – le temps réglementaire – le setter anglais revient dans la cour intérieure du bâtiment au rez-de-chaussée pour se dégourdir les jambes, avant la fin de sa journée de travail.
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