Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris se rapprochent, l’occasion de s’intéresser au sport en manga.
Connaissez-vous la Supokon? S’il y a un genre très populaire dans le manga, c’est bien le sport. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, on assiste à son essor car «tous les travaux liés aux samouraïs et à l’armée ont été mis de côté par les Américains pendant l’occupation (entre 1945 et 1952)« , explique Bounthavy Suvilay, docteur en littérature moderne et spécialiste du manga.
Après le départ des Américains, le manga sportif (le supokondonc) est l’occasion de mettre en avant la discipline, la ténacité, la combativité et d’adresser un message au reste du monde.
Les mangakas s’inspirent souvent d’événements réels pour créer leur manga. En 1964, le Japon accueille les Jeux Olympiques et cela se reflète dans le manga, notamment après la médaille d’or de l’équipe féminine de volley-ball, la Toyo no majo. Cette victoire suscite une fascination pour le volley-ball et la naissance de séries comme Attaque numéro unde Chikako Urano ou Attaquant Vous (Jeanne et Serge) (1984). Plus récent, Haïkyupar Haruichi Furudate, chez Crunchyroll.
La défaite du judoka japonais Kaminaga Akio face au Néerlandais Anton Geesing en finale, c’est un coup dur pour le pays et cette défaite se répétera dans de nombreux mangas. Dans Yawara (1987), de Naoki Urasawa, Yawara Inokuma est une jeune fille qui rêve d’une vie normale, mais son grand-père Jigoro (du même prénom que Jigoro Kano, fondateur du judo) l’entraîne pour participer aux Jeux Olympiques. Ce manga a conduit à l’essor du judo féminin au Japon. Autre titre à ne pas manquer : Tout est gratuit !, de Terubo Aono, au Mangetsu, qui allie sport et histoire romantique.
Dans les années 1980, le Japon s’intéresse au football grâce à Capitaine Tsubasa, qui deviendra un titre culte dans le monde entier. « L’engouement lié à ce manga a conduit à la création d’autres mangas sur le football, explique Bounthavy Suvilay. Toute une génération a lu Captain Tsubasa et d’autres mangas de football, et c’est ce qui a amené au Japon l’engouement pour le football, jusqu’alors très mineur. Il y a une influence de la fiction sur la réalité et vice versa. Les deux vont de pair.«
Si toutes les disciplines sportives ne sont pas couvertes par le manga, beaucoup possèdent au moins un titre les concernant. Le choix du sport dépend de l’affinité et de la passion de l’auteur pour celui-ci. C’est ainsi qu’on retrouve des mangas sur le kabaddi, un sport de contact indien, ainsi que les courses de chevaux, l’aviron, le curling…
Olympia Kylos, de Mari Yamazaki, de Casterman, raconte la vie de Démétrios, un jeune peintre d’amphores de la Grèce antique, doué pour le sport mais abhorrant la compétition. Désigné champion de sa ville lors d’une querelle de quartier, il se réfugie dans un vase géant. Lorsque ce dernier est frappé par la foudre, Démétrios se retrouve transporté à Tokyo en 1964, année des Jeux Olympiques. C’est le début d’un va-et-vient entre cette période et la sienne. Ces voyages dans le temps lui permettront de découvrir différents aspects du sport et de la compétition, mais aussi la fête liée à ces événements.
Athlétisme
Fille qui court, ma course vers les Jeux Paralympiques, de Narumi Shigematsu, d’Akata. L’histoire d’une lycéenne amputée d’une partie de la jambe droite et qui va reprendre goût à la vie grâce à sa découverte des lames, des prothèses adaptées aux sportifs. Son objectif : participer aux Jeux Paralympiques de Tokyo !
Coupe le vent, par Wataru Midori, chez Akata. Star de son club de football, Shota a perdu sa jambe gauche et n’a plus jamais touché un ballon. Alors qu’il était au lycée, un orthoprothésiste lui a suggéré d’essayer une lame de compétition. Et si c’était l’occasion pour Shôta de se lancer dans un nouveau sport ?
Boxe
Ashita non Joe, de Tetsuya Chiba et Ikki Kajiwara (sous le pseudonyme d’Asao Takamori), publié chez Glénat, est un manga culte qui a inspiré de nombreux auteurs. Ce manga a connu un succès historique au Japon avec plus de 16 millions d’exemplaires vendus !
Ippo, par George Morikawa, à Kurokawa. Lancé à la fin des années 1980, Ippo est un manga long qui compte aujourd’hui plus de 120 volumes. Il a également eu beaucoup de succès.
Basket-ball
Slam dunk, de Takehiko Inoue, à Kana. Avec 120 millions d’albums vendus dans le monde, ce titre est devenu culte pour les fans de basket. Pour séduire Haruko, fan de basket, Hanamichi Sakuragi, grand rouquin coquin et parfois rebelle, va se jeter à corps perdu dans ce sport dont il ne connaît absolument rien.
Réel, de Takehiko Inoue, à Kana, dédié au basket handisport. Un manga au trait réaliste, qui aborde le handicap, sans jamais être pleurnichard ni moralisateur, tout en nous emmenant dans une histoire de dépassement de soi extraordinaire.
Vélo
En selle, Sakamichi, de Wataru Watanabe, de Kurokawa. Sakamichi Onoda gravit les collines en vélo de ville sans froncer les sourcils et parcourt 90 kilomètres par semaine pour se rendre à Akihabara, un quartier geek de Tokyo ! Le sport ne l’intéresse pas, mais sa rencontre avec un champion va réveiller son côté compétitif et il pourrait bien devenir la nouvelle star du club cycliste et se classer au niveau national.
Escalade
L’alpiniste, de Takurô Yamachi (dessin) et Kunihiro Yokomizo (scénario), de Mangetsu. Recommandé par l’auteur du manga d’alpinisme VerticaleShinichi Ishizuka, ce titre retrace l’incroyable parcours d’une légende de l’alpinisme, Yasushi Yamanoi, qui a obtenu le piolet d’or en 2021. Une belle introduction au monde de l’alpinisme.
Escrime
Sur ses gardes! par Tokihiko Tamaru, chez Pika. Chika est une fille au caractère bien trempé qui n’hésite pas à riposter si quelqu’un tente de la déranger. Elle passe son temps entre les couloirs de son lycée et les salles d’arcade à battre des records en jeu vidéo. Un jour, elle assiste à un entraînement d’escrime, ce qui lui fait un véritable choc ! Surpris par le sentiment de nostalgie qu’elle éprouve pour ce sport, Chika est loin de se douter que le destin lui réserve des retrouvailles plutôt mouvementées…
Le rugby
Avec Tous dehors!! par Shiori Amase, chez Pika, vous explorerez toutes les facettes du rugby. Complexé par sa petite taille, Kenji Gion meurt de jalousie lorsqu’il rencontre le géant – mais très timide – Iwashimizu, le jour de son entrée au lycée. Cependant, les deux garçons se rapprochent rapidement et Iwashimizu initie même Gion à un sport qu’il ne connaît pas : le rugby. Surexcité, Gion rejoint immédiatement le club de leur école, bien décidé à faire ses preuves malgré ses 59 mètres ! Mais il apprend que son nouvel ami n’a pas l’intention de le suivre, hanté par le traumatisme d’avoir blessé un ami à l’école suite à un violent tacle…
Tennis de table
ping pong, de Taiyo Matsumoto, chez Delcout. Smile et Peko sont deux amis d’enfance qui fréquentent le même lycée. Ils sont inscrits au club de ping-pong et ont des caractères très différents. Smile a longtemps vécu dans l’ombre de Peko, celui à qui tout réussit. Jusqu’au jour où l’entraîneur de l’équipe de ping-pong détecte chez Smile des capacités extraordinaires et lui dispense un entraînement particulier. A tel point qu’il finit par dépasser Peko. Pas pour longtemps en réalité car Peko trouve à son tour un coach qui le met au courant. La table de ping-pong devient alors un véritable champ de bataille.
A noter qu’une nouvelle série Saut paralympique de Tokyo 2020 est né en 2018. Il raconte les exploits sportifs d’un basketteur handicapé, ou ceux d’un judoka aveugle.