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« Six pieds sur terre », la mort comme chemin de vie

Six pieds sur terre**

par Karim Bensalah

Film français, 1h36

C’est un coup de tonnerre dans la vie de Sofiane, un vingtième décontracté : d’ici trente jours, il devra quitter la France s’il ne présente pas un contrat de travail pour le renouvellement de son titre de séjour. Algérien, il a vécu dans de nombreux pays durant les fonctions de son père, ancien membre du corps diplomatique de leur pays.

Le statut d’étudiant ne suffit plus à justifier la présence de Sofiane sur le territoire français : ce dilettante a trop souvent séché les examens de son université lyonnaise. Pour éviter d’être renvoyé à la frontière, un interlocuteur lui a conseillé de rechercher « un travail que les Français ne peuvent pas faire ». C’est ainsi qu’il part à Roubaix rejoindre la petite équipe d’une agence funéraire musulmane appartenant à un cousin de son père.

Une blessure originale

Pour son premier film, Karim Bensalah – que nous avons suivi lors de son séjour à la résidence Émergence, une crèche pour jeunes cinéastes – met en scène, comme lui, le fils d’un diplomate, ce qui lui permet de rompre avec certains clichés associés en France aux Algériens. . Il frotte Sofiane à mort pour révéler la vie qui est en lui. Avec beaucoup d’intensité, Hamza Meziani incarne un jeune homme qui s’évade dans la fête et les excès. L’humour et le talent de l’acteur empêchent à peine son personnage d’être agaçant en révélant sa fragilité. Petit à petit, le film révèle l’acuité de la blessure à l’origine de sa dérive débile.

L’autre belle surprise de Six pieds sur terre, c’est Kader Affak, qui joue avec autant d’autorité tranchante que de gentillesse muette Haj, le collègue de Sofiane, expert dans la préparation des morts. Son jeune frère rejette tout ce qu’il représente : son arabité revendiquée, sa foi ancrée dans l’âme, son respect pour les défunts au point de leur consacrer toutes ses journées. A ses côtés, Sofiane résiste et se rebelle, avant de trouver sa propre voie.

Assez conventionnel dans sa description d’un jeune homme perdu, Six pieds sur terre se dévoile dans la description du milieu méconnu des pompes funèbres musulmanes. Sans avoir le pouvoir de départs de Yojiro Takita, oscarisé du meilleur film étranger en 2009, qui se déroule dans le même univers, il montre la beauté des rituels autour des morts, la réconciliation et la célébration de l’existence qu’ils offrent aux vivants.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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