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Six bébés morts à cause de la pluie et du froid à Gaza

Sila n’avait que 20 jours quand son père l’a découverte, le visage bleu à cause du froid. La famille vit dans un camp de réfugiés à Al-Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza, un endroit surpeuplé et touché par les inondations, rapporte la BBC. « Le froid est âpre et rude, a témoigné le père du nourrisson auprès du média britannique. Toute la nuit, à cause du froid, nous nous blottissons les uns contre les autres ».

Sila a souffert « d’hypothermie sévère, conduisant à l’arrêt des signes vitaux, à l’arrêt cardiaque et finalement à la mort », selon le docteur Ahmad al-Farra, le directeur du département pédiatrique de l’hôpital Nasser où le nourrisson avait été emmené.

Le 24 décembre, deux autres enfants avaient été admis à l’hôpital pour ce même motif : un nouveau-né âgé de trois jours et un autre âgé de moins d’un mois. Tous deux sont morts, selon le médecin.

« Tragédies évitables »

Ce sont six bébés qui sont morts d’hypothermie depuis les deux dernières semaines dans la bande de Gaza, un chiffre donné par le ministère de la Santé du Hamas et l’agence de presse palestinienne Wafa. Le 26 décembre, après la mort de quatre bébés, l’Unicef avait parlé de « tragédies évitables ».

En cause, les mauvaises conditions climatiques, pluie et froid, et les conditions précaires dans lesquelles vivaient ces nouveau-nés.

Malgré ces témoignages rapportés par plusieurs médias, sur X, des internautes ont crié à la « fake news », affirmant, à tort, que les températures étaient trop élevées dans la bande de Gaza pour avoir causé ces morts.

La nuit, les températures sont pourtant descendues à 9 degrés les 24 et 25 décembre. Le 27 décembre, la minimale était de 7°. Les autres nuits entre le 23 décembre et le 1er janvier, les températures oscillaient entre 9 et 12 degrés, selon des relevés de la station El Arish, située en Egypte, à une cinquantaine de kilomètres au sud de la bande de Gaza.

« Des inondations dans les tentes »

Claire Nicolet, en charge des opérations à Gaza pour Médecins sans frontières, confirme ces mauvaises conditions auprès de 20 Minutes : « Jusqu’au 31 décembre, il pleuvait. Il y avait des inondations dans les tentes, y compris dans les tentes des structures médicales ». Des conditions météo d’autant plus dramatiques que les Palestiniens déplacés par le conflit n’ont pas tous accès à un hébergement digne. « Les gens ne vivent pas dans des véritables tentes, ils vivent sous des morceaux de tissu. Il n’y a aussi pratiquement pas de couvertures ».

Claire Nicolet note que « le gros problème, c’est l’approvisionnement. Très peu de camions rentrent chaque jour à Gaza, il n’y a pas d’arrivée massive de couvertures. Si on avait des tentes correctes et des couvertures, cela changerait beaucoup de choses ». Selon l’Unicef, 65 camions d’aide ont pu rentrer en moyenne chaque jour à Gaza en novembre, « un chiffre dramatiquement bas face aux besoins urgents des enfants, des femmes et des autres civils », note l’agence onusienne.

Avec la pénurie engendrée par le conflit, déclenché suite aux attaques du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, difficile également pour les déplacés de se procurer du bois ou du carburant pour se réchauffer.

Les bébés peuvent perdre de la chaleur « près de quatre fois plus vite qu’un adulte »

Ces conditions rendent les nouveau-nés ou les prématurés particulièrement vulnérables. Le site de l’université américaine de Stanford rappelle que les bébés « peuvent perdre rapidement de la chaleur, près de quatre fois plus vite qu’un adulte ». Les nourrissons sont plus exposés au risque d’hypothermie car « ils ont une grande surface corporelle par rapport à leur poids », soulignent les hôpitaux de la ville britannique de Cambridge. Les nourrissons ont aussi « peu de graisse sous-cutanée » et « ne sont pas capables de frissonner ».

50.000 femmes enceintes

Les structures médicales pour les accueillir sont insuffisantes. Selon le dernier bulletin de l’OMS, daté du 4 décembre, 17 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza fonctionnaient partiellement, 37 % des 136 dispensaires étaient fonctionnels, ainsi que six hôpitaux de terrain.

Environ 50.000 femmes sont enceintes et environ 5.500 devaient donner naissance en décembre. Pour ces bébés, la situation risque d’être encore critique : le mois de janvier est le plus froid à Gaza, rappelle Claire Nicolet. Dans la nuit de jeudi à vendredi, les températures sont descendues à 4 degrés.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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Gérard Truchon

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